Un israélien à Paris

Arc de triomphe

Un israélien à Paris

Dans ce premier texte, Nadav Daniel ALTMAN, étudiant israélien à Paris, livre un témoignage sur sa vie en France. 

L’impression que l’on ressent en entendant le mot Paris est l’image d’une beauté sublime. C’est vrai ! Je trouve cette ville très jolie, car ayant étudié 2 ans au département de Civilisation Française à l’université de Bar-Ilan (Ramât-Gan Israël) je connaissais déjà la culture française, d’une manière superficielle. Pour les israéliens, l’image de la France que nous avons ce sont tous les juifs français qui inondent les plages de Tel-Aviv au mois d’août.

Je me souviens des cours d’histoire française à l’université. Notre professeur, une femme aimable, nous parlait beaucoup de Paris. Elle nous disait que c’était une ville merveilleuse, renouvelée par le baron Haussmann. En l’écoutant j’avais déjà envie d’y aller.

Là-bas, en Israël nous avons un pays bien spécial. Il fait beau tout le temps, c’est presque l’été perpétuel. De plus, nous avons un climat politique fort chaud. La vie en Israël devient parfois assez pénible : un soleil atroce, une chaleur étouffante et une guerre tous les deux ou trois ans. J’aime beaucoup mon pays mais je voudrais faire savoir qu’en Israël on ne va pas à la plage chaque jour, même quand il fait très chaud.

Aussi, en apprenant mon départ, j’étais donc content de quitter Israël. Je pensais à mon aventure, que j’allais vivre à Paris. Comme l’hébreu étant ma langue maternelle j’ai obtenu un poste d’assistant de cette langue, dans un lycée, à Neuilly-sur-Seine. Je trouvais l’idée de passer sept mois dans la ville sublime, dont mon professeur m’a parlé, comme une belle opportunité. Le français était la langue que je désirais apprendre. Quel bonheur d’être à Paris et y rester pendant quelques mois.

Je suis arrivé à Paris en septembre 2012. Je me rappelle ce jour clairement : il pleuvait, il faisait un peu froid, la ville m’accueillait avec les nuages sombres. Pour quelqu’un qui préfère le froid j’étais comblé. La différence entre Paris et Tel-Aviv m’a surpris en arrivant dans les beaux quartiers. Les immeubles, situés sur les grandes boulevards donnent une élégance et un charme à cette ville. J’ai eu la chance de trouver une chambre dans ces quartiers.

Ayant voyagé dans le monde j’ai déjà vu des grandes villes en Europe et en Russie. Pourtant cette fois je ne suis pas touriste mais bien dans le cadre du travail. En marchant dans les rues du 16ième je ressentais l’écart entre Paris et Tel-Aviv. En Israël on trouve une simplicité dans les rues. Tel-Aviv est une grande ville avec beaucoup de centres commerciaux. Néanmoins, on n’y voit peu de vestiges du passé, bien que ce soit la première ville israélienne.

Aujourd’hui j’habite à côté des Champs-Elysées et j’y vais souvent. J’essaie de saisir la culture française ou au moins celle de Paris. Les grands magasins, les boulangeries, les restaurants du boulevard La Grande Armée, l’Arc de Triomphe, tout cela me fait quelque chose.

La décontraction d’Israël est bien au-delà de l’architecture. Là-bas on s’habille d’une façon plus simple. On porte des tongs à l’école, au travail et même au mariage, car il fait très chaud.

A Paris je m’aperçois que les gens sont plus gentils et plus polis. On entend souvent les mots comme : Madame, monsieur, bonjour, bonsoir, je vous en prie, etc. On ne crie pas, on parle doucement, la politesse est de mise et il faut s’en souvenir.

Pendant les deux premiers mois de mon séjour la découverte des nouveaux endroits m’a inspiré un grand amour pour Paris. J’y ai trouvé des jolies maisons qui donnent sur les petites rues ainsi que des jardins admirables. Ce ravissement a été rompu brusquement au moment où une guère s’est déclenchée.

En novembre 2012 l’opération militaire “Pilier de défense” a commencé. Tout à coup la beauté sublime de Paris a disparu. Une obscurité a envahi mon âme et je me suis senti seul et effrayé. La haine qui a surgi à l’égard d’Israël me faisait peur. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon pays et aux juifs d’ici. En tant qu’israélien je ressentais la culpabilité de me trouver à Paris, tandis que ma famille demeure en Israël. En tant que juif j’étais dans l’inquiétude par rapport à la situation de la communauté juive de Paris. Un sentiment de rage montait en moi.

Il y a un élément inexplicable, lié à Israël. Ce pays, bien que moins beau et plus simple, possède une atmosphère qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est peut-être le silence divin de vendredi soir, avant Shabbat. Ou c’est peut-être le mélange du désert, de la mer et des montagnes. Quelle que soit la raison tout m’attirait là-bas et j’avais envie d’y retourner. Pourtant je restais à Paris, pour continuer mon travail.

 

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