Alex Dutilh, critique musical et producteur de jazz à France-Musique, revient d’un voyage de quelques jours en Israël, dans le cadre d’un Showcase consacré au Jazz. L’occasion pour lui, non pas de découvrir le jazz israélien qu’il connait bien, mais de mesurer le degré de qualité des artistes israéliens prêts à conquérir le monde. Lors d’un entretien téléphonique, coolisrael a recueilli ses impressions et est également revenu sur la polémique concernant le jazzman Jacky Terrasson.

Même si le Jazz n’a plus de secret pour ce passionné, après avoir voyagé dans de nombreux pays à la recherche de nouveaux talents, il déclare tout de même avoir été “époustouflé par le niveau musical” que l’on trouve en Israël, tant par le niveau technique individuel que par la beauté des mélodies.

Même si Alex Dutilh admet avoir ressenti une certaine tension entre communautés juives et arabes, il avoue “comprendre mieux la complexité de la situation”. Ce voyage fut pour lui, sa première visite en Israël.

Mais, si le critique était en Israël, ce fut d’abord pour écouter, entendre et découvrir ce “vivier exceptionnel” et “universellement apprécié” qui lui rappelle la Scandinavie, d’il y a dix-douze ans, à “l’époque où ce pays produisait une star mondiale par an”.

Le producteur de Jazz explique ce phénomène par la force de conviction des artistes israéliens : “le marché est trop petit, ils sont obligés d’être les meilleurs pour pouvoir ensuite s’exporter” en Europe ou aux Etats-Unis, rajoutant : “ce qui est pour eux un handicap au départ devient un atout artistique par la suite”. Il insiste aussi sur le haut niveau et la qualité de l’enseignement des écoles de Jazz en Israël. 

Du 21 au 25 janvier, Alex Dutilh, dans le cadre de son émission quotidienne sur France Musique (18h-19h), consacrera une grande partie de son programme, au Jazz israélien.

Concernant l’appel, par certaines organisations anti-israéliennes, à Jacky Terrasson de ne pas se produire en Israël, il affirme trouver cela dommage, rappelant que le Jazz n’a pas de frontière et ne se mêle de politique que pour des engagements en faveur du dialogue et de l’émancipation : “La guerre froide n’a pas empêché les jazzmen américains d’aller se produire en Russie, au contraire ils ont été des ambassadeurs du dégel”. Il apporte également son soutien à la réponse écrite par l’agent de Jacky Terrasson à ces organisations : “j’aurais pu cosigner cette lettre”.

Au fil de la conversation, Alex Dutilh évoque avec beaucoup d’enthousiasme les musiciens “de grand talent”. Avichai Cohen, sa soeur Anat Cohen ou encore Yaron Herman, pour lesquels il ne cache pas son admiration. Fan de ce Jazz dans lequel il retrouve les tonalités de la musique juive aux influences orientalisantes qu’il apprécie tant.

Alex Dutilh n’en n’a sûrement pas fini avec Israël, avec sa musique, avec sa culture. Il compte bien y retourner. La prochaine fois, il emportera avec lui son micro, prêt à enquêter sur les raisons de cette émergence du Jazz israélien à travers ces écoles de renommée internationale.