Israël : les clowns, membres à part entière du corps médical

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Au cours de ces dernières années, des clowns israéliens ont fait de plus en plus leur apparition dans les salles d’opération des hôpitaux et des unités de soins intensifs avec des ballons et des mirlitons à la main, en faisant équipe avec les médecins pour développer des “thérapies du rire” en vue d’aider des troubles allant de la douleur à l’infertilité.

Ce n’est pas de cette façon dont les choses se déroulent dans la plupart des hôpitaux du monde entier. Les clowns visitent souvent les services de pédiatrie pour égayer les jeunes patients, mais dans la plupart des endroits, quand vient le temps pour un enfant de se faire vacciner ou de passer sous le bistouri, les clowns sont à l’écart.
En Israël, c’est à l’approche du médecin que les clowns sortent leurs nez rouges. Des études suggèrent que la participation d’un clown dans les traitements peut aider les patients à endurer des procédures douloureuses et accélérer leur guérison, en particulier pour les enfants.

Il est temps pour la communauté médicale de reconnaître les clowns médicaux comme des praticiens paramédicaux légitimes, tel que par exemple les ergothérapeutes.

Dream Doctors :  les clowns en action !

L’association israélienne de clowns à l’hôpital, Dream Doctors, fondée il y a 10 ans, est le principal ambassadeur de cette pratique en Israël.

“Il ne s’agit pas seulement de mettre un nez rouge, de larges chaussures et jouer du ukulélé”, a déclaré le Dr Arthur Eidelman, récemment à la retraite, ancien chef du service de pédiatrie au centre médical Shaare Zedek à Jérusalem, et président du comité scientifique de Dream Doctors. Il a ajouté « Nous voyons les clowns médicaux comme une partie intégrante de l’équipe de soins de santé.”

Au cours des dernières décennies, des dizaines d’associations de clowns à l’hôpital ont été formé aux Etats-Unis, au Canada et en Europe, en s’inspirant du Big Apple Circus de New York (le premier programme de formation professionnelle des clowns d’hôpitaux) et également du film “Patch Adams” sorti en 1998 avec Robin Williams en clown d’hôpital, tiré de la véritable histoire du Dr Hunter Patch Adams.
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L’idée derrière ces initiatives est que des clowns en simples costumes sans maquillage excessif, puissent parodier le rôle de médecin et faire de l’hôpital un lieu moins effrayant pour les patients.

Le Dr Sababa : ‘ça marche’ aussi en salle d’anesthésie 

Un matin au centre médical de Jérusalem, un des clowns écourte sa pause café, une infirmière l’appelle pour lui dire qu’un garçon avait été emmené en chirurgie pour soigner une rupture de tympan.

Le Dr Sababa soit le Dr Groovy, se précipite pour rejoindre Marziano Aaron, 13 ans. Ils s’étaient rencontrés plus tôt ce matin-là dans le service de pédiatrie, où il avait opéré de façon imaginaire , l’oreille du garçon avec un long mirliton. C’est le clown lui-même, et non l’anesthésiste, qui plaça le masque de l’anesthésie sur le visage du garçon.

“Il y a huit ans, aller dans une salle d’opération relevait de la science-fiction», a déclaré le Dr Sababa, dont le vrai nom est Avi Cohen, habillé d’une cravate à pois et d’un gilet avec des pamplemousses.

Aujourd’hui, il estime qu’un clown est présent pour les enfants à environ une intervention chirurgicale sur cinq. Une étude menée par des médecins au centre médical de Jérusalem a constaté que la présence d’un clown en salle pré-opératoire réduit la quantité d’anesthésie administrée et accélère le temps de récupération du patient.

C’est l’une des demi-douzaine d’études que des clowns et les médecins ont menées ces dernières années, soit une campagne pour prouver à la communauté médicale que leurs traitements sont efficaces.

Par ailleurs, une autre étude, menée par le chef de la pédiatrie dans un hôpital du nord d’Israël, a estimé que s’il y avait un clown dans la chambre, les enfants atteints d’infections urinaires n’ont pas besoin de sédation pour rester immobile lors d’une analyse d’imagerie. En effet, sur 142 enfants étudiés, 137 n’ont pas eu besoin de sédation, ce qui élimine les risques de complications et les effets secondaires qui accompagnent souvent les sédatifs.

Le rire pour favoriser la fertilité 

Une étude israélienne, publiée en 2011 dans une importante revue de reproduction scientifique, Fertility and Sterility, a suggéré que les chances d’une femme de tomber enceinte après une fécondation in vitro est passé de 20,2 % à 36,4% si un clown a été amené à divertir et détendre la patiente immédiatement après que l’obstétricien est implanté un œuf fécondé.

Parmi les 219 femmes qui ont participé à l’étude qui a durée un an, environ la moitié a reçu une visite surprise par un clown. Le Dr Shevach Friedler du centre médical de Assaf Harofeh a déclaré que son étude a montré que la thérapie par le rire peut réduire le stress ou renforcer le système immunitaire dans l’utérus augmentant le taux de succès du traitement.

Un programme universitaire pour devenir clown

Environ 25 centres médicaux israéliens disposent de clowns professionnels. L’Université israélienne de Haifa propose même le premier programme d’études à temps plein pour devenir clown médical, afin de normaliser la formation et légitimer la profession.

Actuellement, les clowns d’Israël et leurs partenaires médecins présentent leurs études dans les conventions internationales médicales et rencontrent les administrateurs d’hôpitaux dans le monde.

Les réactions des autres pays

Aux États-Unis, les réactions concernant la philosophie israélienne sur les “clowns” en hôpitaux sont mitigés.

Dr Ernest R. Katz, directeur des sciences du comportement à l’hôpital pour enfants de Los Angeles, doute que les hôpitaux américains soient prêts à payer pour un tout nouveau groupe de professionnels, depuis que des spécialistes pour enfants et des thérapeutes de “jeux” utilisent déjà des techniques similaires.En outre, il a précisé que de nombreux Américains ne peuvent tout simplement pas supporter les clowns.

L’homme considéré comme le père des clowns d’hôpitaux, Michael Christensen de Big Apple Circus, a affirmé que l’intégration des clowns israéliens dans l’équipe médicale est “vraiment inspirant”. Cependant, il déclare : “Je veux que le clown médical soit une extension de l’équipe médicale et possède la capacité d’être un artiste. Pour être en mesure de se tenir debout sur le seuil, dans une clinique, ne sachant pas ce qui va se passer “.

En Europe, le Dr Arthur Eidelman affirme que les hôpitaux sont plus disposés à laisser les clowns intégrer l’approche israélienne dans leurs actes.

Au cours de l’été, des clowns de Hollande, Brésil, Allemagne, Russie, Etats-Unis et Canada ont eu l’occasion de suivre des clowns israéliens dans un hôpital au nord de Haïfa.


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