Ce que nous enseigne vraiment l’assassinat de James Foley

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Anachronique. C’est le mot qui caractérise le mieux la position de l’Occident face à la montée et l’expansion du terrorisme au Moyen-Orient. Le Larousse définit cette distorsion de la réalité comme « une confusion entre époques différentes ». Car l’Occident voit dans ce qui se passe en Orient des traces indéniables de son propre passé. D’où la création du terme très marketing de ‘Printemps arabe’ qui annonçait un printemps des peuples à la 1848 là où on a finalement assisté à un renouveau du fondamentalisme religieux et la ré-instauration ou le renforcement de régimes autoritaires tels que celui du général Al-Sissi en Egypte ou de Bashar al-Assad en Syrie.

La naïveté anachronique dans laquelle se trouve aujourd’hui une bonne partie du monde occidental pourrait bien entraîner sa perte. L’exemple de l’exécution du journaliste américain James Foley en est une des plus tragiques prémisses.

Sans être alarmiste, il s’agirait de se débarrasser du télescope aux lentilles déformées dont se sert aujourd’hui l’Occident pour analyser –avec plus ou moins de rigueur- la situation au Moyen-Orient, et accepter de voir la situation en face.

Le délire occidental du ‘Printemps arabe’

Le problème du monde occidental est qu’il regarde aujourd’hui la situation au Proche et au Moyen-Orient à l’aide d’un télescope dont les deux lunettes altèrent significativement la réalité du problème.

La première lunette est celle de la distance. N’étant pas au cœur du conflit géographiquement, les Occidentaux ont encore du mal à mesurer ce qu’il s’y passe, sinon par l’intermédiaire d’images mortifères servies par le Hamas aux médias internationaux. Comme lors du passage d’une supernova, l’image réelle du Moyen-Orient prend du temps à parvenir à nos yeux. Israël qui vit depuis sa création sous la menace de ses voisins est plus à même de comprendre la nature du terrorisme contre lequel il se bat, c’est-à-dire le fondamentalisme islamique.

La seconde lunette est celle du prisme occidental et des valeurs qui lui sont inhérentes. Il consiste à voir en des djihadistes brandissant des têtes ou crucifiant des hommes des ‘Libertés’ guidant le peuple et autres ‘Gavroches’ luttant pour la liberté et contre la dictature. Or, ces rebelles syriens qui étaient au départ loués par l’intégralité du monde occidental – y compris les médias et les dirigeants- se sont vite révélés être en grande partie des djihadistes fanatiques.

Il n’en est pas moins le cas pour les combattants du Hamas qui agitent la cause nationaliste palestinienne devant ce qui se révèle être une haine farouche des Juifs doublée d’une volonté d’instaurer un Califat islamique s’étendant du Jourdain à la Méditerranée.

L’Occident persiste à employer un concept profondément ethnocentrique –qu’il a lui-même créé- pour décrire la situation au Moyen-Orient, tout comme il persiste à voir en des activistes du Hamas des Mariannes libertaires.
Si le ‘Printemps arabe’ existe dans les séminaires d’universités américaines, il n’existe pas aujourd’hui dans le monde arabe.

La fin de l’illusion du ‘front de la résistance’

C’est un parlementaire jordanien, Saleh Al-Qallab, qui a expliqué dans une tribune du quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat que la notion de ‘front de la résistance’ était apparue comme un mensonge au cours du conflit actuel à Gaza. Selon lui, le Hamas utilise la cause palestinienne pour servir ses propres fins politiciennes. Son véritable but étant de frapper l’Autorité palestinienne en prenant le pouvoir en Cisjordanie face à un Fatah timoré dans ses condamnations des pertes humaines à Gaza.

Le politique jordanien voit dans cette guerre initiée par le Hamas un moyen pour l’alliance des Frères musulmans et des Qataris de reprendre le contrôle du Moyen-Orient et d’affaiblir l’Egypte d’Al-Sissi dans son rôle de négociateur historique du conflit israélo-palestinien.

Le conflit actuel se situe donc dans une tentative du Hamas et de sa maison-mère, les Frères musulmans, de rétablir les rapports de force dans la région en leur faveur. Les aspirations du peuple palestinien à des droits civiques et économiques ne sont bien entendu pas le souci du Hamas, qui lui offre pour toute rétribution la mort comme bouclier humain ou victime collatérale.

Le nouveau Zeitgeist du monde arabe, c’est le Califat islamique

Si nous avons été beaucoup d’Occidentaux à croire aux motivations démocratiques des citoyens arabes, force est de constater que l’esprit du temps (‘zeitgeist’) qui domine aujourd’hui l’actualité du monde arabe est l’instauration d’un Califat à vocation planétaire. C’est ce que montre notamment la récente auto-proclamation d’Al-Baghdadi comme calife de tous les Musulmans ce 29 juin dernier. On est bien loin du ‘Printemps arabe’.

L’exemple tragique de James Foley

L’exécution, le 19 août 2014, du journaliste américain James Foley est une cynique illustration de ce déni de réalité dans lequel se trouve l’Occident. James Foley, journaliste freelance qui a couvert notamment le conflit en Lybie et avait été déjà capturé là-bas en 2011, a été capturé de nouveau en Syrie le 22 novembre 2012, par les mêmes rebelles syriens qu’il avait salués au début de la révolte syrienne. Le groupe qui l’a kidnappé, la brigade Dawood, au départ fidèle à l’Armée Syrienne Libre, avait finalement plaidé allégeance à l’Etat Islamique.

Lui aussi avait été charmé par ce qu’il croyait être un mouvement révolutionnaire se battant pour la démocratie et la liberté. Le tour tragique du destin qui a mené à son assassinat au nom de la cause djihadiste démontre clairement qu’il s’était trompé sur leurs aspirations réelles.

Il y a plus d’un an, le 15 novembre 2012, une semaine exactement avant le jour de son rapt par la brigade Dawood, il avait twitté : « Netanyahu commence sa campagne présidentielle à Gaza avec des frappes ciblées sur des chefs du Hamas et des bombardements maritimes et des tirs de tanks. » de manière cynique. Mais plus cynique encore est le fait qu’au moment de son odieuse exécution, Netanyahu était toujours en train de combattre ces terroristes pour défendre son peuple, terroristes qui seront bientôt rejoints par l’Etat Islamique comme ce dernier l’a lui-même déclaré.

Son compte twitter est d’ailleurs parcellé de remarques anti-israéliennes. Il écrit notamment « Israël a aujourd’hui plus d’armes nucléaires que l’Inde ou le Pakistan mais personne ne le dit aux Etats-Unis » dans un tweet daté du 7 février 2012.

Ce dénouement tragique montre qu’il a été victime d’une pensée automatique anti-israélienne, alors qu’Israël se situe à l’avant-garde de la lutte contre le fondamentalisme qui l’a tué.

La situation en France

James Foley est surtout une des premières victimes directes de l’intégrisme religieux fanatique. Il s’est fait décapiter car il était là-bas, à couvrir courageusement le conflit en Syrie. Cela ne veut pas dire que ces intégristes n’arriveront pas bientôt à toucher le monde occidental de l’intérieur, ils l’ont d’ailleurs déjà fait à Toulouse et à Bruxelles ou dans les récentes manifestations anti-israéliennes où des drapeaux de l’Etat islamique flottaient à côté des drapeaux palestiniens. La fusion des idées et des causes entre les djihadistes français et arabes est une menace réelle qui pèse sur le monde occidental. Israël fait aujourd’hui face à cette menace, tout comme les Chrétiens d’Irak ou les Yézidis.

Le tout est d’ouvrir les yeux sans passer pour un alarmiste ou se faire taxer de fasciste. Car les véritables fascistes seront ceux qui laisseront l’islamisme radical prendre le pas sur la démocratie.


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