Tennis : Quand la Tunisie salit l’esprit du sport

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Amateurs de tennis, l’information n’a pas dû vous échapper: le tennisman tunisien Malek Jaziri n’a finalement pas affronté son adversaire israélien Amir Weintraub vendredi en Ouzbékistan, comme c’était initialement prévu. 

L’affaire remonte au 9 octobre dernier. Malek Jaziri, 165ème mondial est qualifié pour le troisième tour du tournoi Tashkent Challenger 2013. Deux jours plus tard, il doit jouer face à l’Israélien, 188ème mondial, lors d’un match qui ne verra finalement jamais le jour. 

Officiellement, Jaziri a déclaré forfait car il était blessé au genou. Mais en réalité, et ce n’est plus un secret désormais, c’est son ministère des sports qui l’aurait sommé d’annuler la rencontre, en soutien à la cause palestinienne. Le directeur technique national de la Fédération tunisienne de tennis lui aurait ainsi envoyé un e-mail, immédiatement après l’annonce de la rencontre. Le courrier a été rendu publique par l’Equipe

“Cher Malek, suite à la réunion cet après-midi au ministère de la jeunesse et de sport (sic) avec M. Riadh AZAEZ [directeur du sport d’élite au ministère], j’ai l’immense regret de t’informer que tu es tenu de ne pas jouer contre le joueur israélien. Cordialement, Adel.”

Mais à qui profite cette décision ? 

Sûrement pas au premier concerné, Malek Jaziri, à qui la situation semble avoir totalement échappé. Pour cause, le jeune homme est très proche du tennisman israélien, dont il a été le partenaire au sein de l’AAS Sarcelles, dans le Val d’Oise. C’est même lui qui avait fait venir Weintraub dans ce club français présidé par l’israélo-tunisien Jonathan Chaouat. Et preuve ultime de leur relation amicale, Jaziri est invité au mariage de son homologue israélien en février prochain, en Israël. Ajoutons à cela que d’un point de vue strictement professionnel, les retombées seront inévitablement négatives pour le jeune homme, dont le retrait peut ôter des points au classement mondial ATP (Association des joueurs professionnels) voire des sanctions plus graves encore, comme une mise à l’écart du milieu sportif. 

C’est aussi une très mauvaise publicité pour le club de Sarcelles, dont le président préfère ne pas envisager les éventuelles difficultés que l’affaire pourrait avoir causées au sein-même du club.  

Au même titre, la Fédération internationale de tennis ainsi que l’Association des joueurs professionnels sont embarrassées par cette histoire qui bafoue clairement les valeurs sportives qu’elles sont censées défendre. 

Enfin, ce sont tous les Tunisiens qui sont concernés par cette décision, car ils n’auront pas la chance de voir leur joueur en demi-finale, en finale, et encore moins gagner le tournoi. 

Si ce cas était isolé, il aurait eu un retentissement différent. Mais l’affaire s’inscrit dans une logique d’interdiction générale de toute rencontre entre sportifs tunisiens et israéliens par les autorités tunisiennes. En avril dernier, le ministère des Sports avait rappelé à l’ordre l’équipe nationale tunisienne de taekwondo pour avoir accepté de rencontrer des athlètes israéliens à l’occasion d’une compétition en Belgique. De nombreux pays arabes et musulmans rejoignent la Tunisie sur ce boycott à peine dissimulé. Une dizaine de problèmes similaires ont pu être observés à l’échelle internationale ces dernières années, de la part du Yémen, de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, des Emirats arabes unis… 

Les fédérations internationales se chargent évidemment de sanctionner les sportifs tunisiens qui boycottent ces rencontres, mais le cas Jaziri démontre que les véritables responsables restent, quant à eux, bien à l’abris. 


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