France : Islam modéré recherche désespérément relais dans les médias

Ambassadeur d'Israel Ramadan

Mais que veut la République ? Quelles lettres de noblesse veut-elle offrir à ses citoyens ? La voix populaire comme ses représentants exigent continuellement que les disciples de Mahomet se tournent vers les lumières, que l’islam des caves disparaisse et que les enfants d’Averroès soient bénis. Mais que faisons-nous pour y parvenir ? Quelle position l’Etat s’est-il décidé à tenir ? Aujourd’hui, l’interrogation est exigeante. Et pressante. Car il existe bel et bien un islam moderne et ouvert que l’on doit entendre, louer et promouvoir. La recherche historique et politique est prolifique sur l’islamisme, et toutes les déclinaisons géopolitiques de l’idéologie de la terreur, mais quasiment inexistante sur l’amour du prochain, pourtant l’apanage de bien de bien des guides et docteurs de la loi. Car les oulémas connaissent la valeur de la sourate Al-Ma-Idah qui récompense les bienfaisants par les “jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éternellement.”

L’islam éclairé existe, l’islam du rapprochement, de la concorde et des dialogues, doit percevoir une oreille attentive des pouvoirs publics. Ce n’est pas seulement de la sympathie naïve qui est attendue mais un engagement confiant et assumé. Une main résolument tendue vers la philosophie des imams Chalghoumi, Bencheikh, et Mahdjoub et tant d’autres, si nombreux qui ne peuvent malheureusement être cités sous peine de représailles, violences physiques ou pertes de salaire comme certaines édiles de la Grande Mosquée de Paris en ont décidé… La nation doit-elle laisser un imam assujetti aux seuls subsides de ses fidèles et être le témoin impassible des influences pernicieuses étrangères et dangereuses pour son modèle méritocratique et républicain ? Faut-il que le citoyen musulman n’ait le choix qu’entre la mainmise qatarie et le diktat saoudien ?

La France n’a pas le choix, n’a pas d’autre choix. La vérité d’un islam de l’ouverture est aussi indiscutable qu’elle doit être écoutée, révélée, propagée. Le temps de la lutte fratricide entre Ismaël et Isaac est désormais révolu dès lors que les deux familles multiplient les retrouvailles, rompent le jeûne ensemble et cherchent à regarder dans la même direction. Les pouvoirs publics disposent d’autorités légitimes, crédibles qui n’attendent que d’être écoutées. Une alternative indispensable aux poussées salafistes, aux influences tabligh et tous les groupuscules qui recherchent le chaos. La priorité doit être immédiatement la seule recherche d’un encouragement pragmatique, doctrinal et réel, comme le voyage d’une délégation d’imams français lors d’un pèlerinage extraordinaire à Jérusalem en novembre 2012. Quoi de plus beau qu’une telle communion à Al-Quds (la ville sanctifiée) si tristement passée sous le silence des médias et des élus. Alors que c’est l’inverse qui doit prévaloir tant la mosquée très éloignée, selon la Sourate du voyage nocturne (Coran 17.1), se rapproche de plus en plus en coulisse et mérite davantage de lumière et toutes les attentions. On doit croire, on peut croire en toutes les retombées positives du dialogue fructueux qui est engagé entre la Communauté musulmane et l’Etat d’Israël. Les initiatives qui peuvent en témoigner sont de plus en plus nombreuses mais souffrent de l’absence d’écho des institutions, ce qui laisse présager sa disparition…

L’islam d’opposition ne doit plus attirer les feux de l’actualité. L’Etat français doit privilégier l’islam fraternel à l’islam politique. L’islam YouTube où les appels à la haine, souvent sophistiqués, se propagent chaque jour, doit également s’effacer en faveur de celui constructif et primordial pour l’avenir du peuple français dont huit pour cent de sa population est d’origine ou d’obédience musulmane. La radicalité doit changer de visage. La seule qui primera sera celle de l’ouverture. La paix sociale n’a pas de prix. Nous n’avons pas le choix, la France n’a pas d’autre choix.


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