Israéliens et Palestiniens travaillent ensemble en paix

hand to hand

 

Dans un monde de conflit, de confrontations, de blocages et d’impasses, des havres d’humanité peuvent toujours être trouvées.

A l’hôpital

Quelques minutes, après son arrivée au service d’urgence de l’hôpital Hadassah Ein Kerem à Jérusalem avec une douleur thoracique, une patiente âgée de 58 ans victime d’une crise cardiaque est allongée sur une table d’opération. Un cardiologue et une équipe de trois infirmières spécialisées en cardiologie se tiennent auprès d’elle.

 

Dans une salle, derrière un écran de verre, au-delà de la table d’opération, se trouve la technicienne en chef, Siham Sheble Masarwa, une Arabe israélienne, qui surpervise l’opération, dirigée par une équipe d’experts médicaux juifs et arabes.

Masarwa regarde les scanners sur un écran qui montre où se trouve l’obstruction dans l’artère coronaire gauche. Elle a été infirmière à l’hôpital pendant 20 ans et se dirige maintenant vers le laboratoire de cathétérisme cardiaque dans l’unité de soins intensifs.

Au cours du siège arabe de 1948, l’hôpital Hadassah et l’Université hébraïque qui lui est voisine ont résisté à des attaques répétées. Le 13 avril 1948, il n’y eut aucun survivant lors de l’attaque perpétrée par des populations arabes locales contre un convoi de ravitaillement comprenant 79 personnes dont des médecins, infirmières et patients qui se rendaient à l’hôpital.

Le cessez-le-feu puis les accords d’armistice israélo-arabes de 1949 ont maintenu une enclave israélienne autour de Hadassah et de l’université hébraïque de Jérusalem, alors que la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont passés sous contrôle jordanien jusqu’en 1967. Un nouvel hôpital Hadassah Ein Karem a alors été construit à Ein Kerem, à l’ouest de la ville de Jérusalem par la même organisation et a ouvert en 1961. L’ancien hôpital n’a rouvert qu’après rénovation en 1978, longtemps après la guerre des Six Jours. Aujourd’hui, l’hôpital est un rare ilot de calme où Juifs, Arabes israéliens et quelques Palestinien travaillent ensemble pour soigner les patients.

Juste à côté du laboratoire, le service de cardiologie, où Rashad Rizeq , 32 ans, Palestinien de Ramallah , est médecin résident.

Rizeq a étudié pendant sept ans à l’Université du Caire en Egypte et a travaillé trois ans dans les hôpitaux publics de Ramallah.

Sa grand-mère est décédée il y a 10 ans à l’âge de 65 ans après une crise cardiaque parce qu’elle n’avait pas été traitée dans les territoires palestiniens. Il a promis de mettre à profit son apprentissage dans les hôpitaux publics palestiniens, qui sont encore peu pourvus d’installations en cardiologie.

A Hadassah, Rizeq fait sa tournée, parlant aux patients palestiniens en arabe, dont la plupart sont des victimes de crise cardiaque transférés de Cisjordanie.

Le Professeur Haïm Lotan a dirigé l’institut de cardiologie à l’hôpital pendant 15 ans. Il a choisi Rizeq pour son placement et estime que les liens entre les hôpitaux palestiniens et israéliens continueront de se renforcer.

« Pour moi, il n’a pas d’importance, une fois qu’ils sont ici, ils sont comme tout le monde. Je ne me soucie pas de leur appartenance ethnique ou de leur âge », dit-il.

Lotan qui a commencé sa carrière médicale juste un mois avant la guerre de Kippour en 1973. Il avait été libéré de ses obligations militaires, mais quand la guerre a éclaté, il y est retourné pour tenter de récupérer le mont Hermon des Syriens.

«La guerre de Yom Kippour a été un grand traumatisme pour les Israéliens. Dans mon cas, cela a joué sur ma manière de penser”, dit Lotan . ” Je pense que nous devons trouver une solution .

À la fin de la journée les jeunes sont tués pour rien, au nom de rien”.

Il a traité de nombreux Palestiniens qui ont mené des attaques en Israël.

Masarwa , de Kafr Qara , une ville arabe au sud -est de Haïfa , estime que l’hôpital est un modèle rare de liberté

« La façon dont nous faisons les choses à l’hôpital est l’avenir de ce pays – nous devons commencer quelque part», dit-elle.  «Mes deux enfants vont dans une école bilingue pour Arabes et Juifs. Nous devons commencer par-là, avec l’éducation. Nous faisons la même chose dans cet hôpital “.

L’école

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Les deux enfants de Masarwa vont à l’école Max Rayne Hand to Hand à Jérusalem, sur la «ligne verte» entre le quartier juif de Patt et le quartier arabe de Beit Safafa . C’est une école mixte où des élèves juifs, chrétiens et musulmans étudient ensemble. ” Nous ne sommes pas ici pour résoudre le conflit, mais nous nous efforçons de créer un changement », explique la directrice de l’école, Nadia Kanani , une Arabe israélienne . ”  Il est plus facile de ne rien faire – d’ignorer l’autre côté et de dire : « Nous sommes ici, ils me haïssent, je les hais, je ne les vois pas, ils sont loin. Mais nous avons choisi la voie plus difficile ».

Nadira Hussein , de Beit Safafa , a enseigné à l’école pendant neuf ans et ses deux enfants y sont élèves .

Il y a dix Musulmans, cinq Chrétiens et quatre Juifs dans sa classe. «Je suis fière d’être ici, et de faire partie de cela, ” dit-elle. “Je pense différemment, je parle différemment et je le vois avec les enfants aussi, même avec mes propres enfants. ”

Elle croit que des Juifs et des Arabes réunis dans une salle de classe est une étape essentielle du vivre ensemble pacifiquement.

Guy Aloni, un professeur juif de film, est d’accord.

«Parfois, cela prend du temps. Si je marchais dans la rue et que j’ai une dispute avec un Arabe, je ne le reverrai jamais. Il n’y a pas de dialogue, je reste dans ma position et il reste dans la sienne.

Mais ici, à l’école, il y a un processus. Je pense que nous avons besoin de créer une nouvelle perspective, un nouveau récit sur notre façon de voir. Il arrive lentement et il est plus fort quand il ne se produit pas du jour au lendemain “, dit Aloni.

L’école a connu une demande sans précédent, 200 élèves sont sur liste d’attente pour les six écoles Hand to Hand en Israël. Ceci en dépit d’une augmentation de la violence. L’ “intifada au couteau” a vu 40 personnes tuées par les Palestiniens, dont deux ressortissants américains.

L’organisation vise à disposer d’un réseau de 15 écoles bilingues intégrées, qui engagerait une communauté plus large jusqu’à 20.000 Juifs israéliens et Arabes.

«Plus l’environnement est difficile, plus la demande de rejoindre l’école augmente», dit Kanani.

Les touristes

Sikkuy, la structure qui organise des visites  pendant Ramadan pour les Israéliens juifs, était sûr que les réservations diminueraient considérablement après les assassinats de quatre personnes lors de l’attaque du marché Sarona à Tel Aviv le mois dernier . Depuis deux ans Sikkuy, composé de citoyens juifs et arabes, organise des visites pour les Juifs dans les villes arabes en Israël. Pendant le Ramadan, le groupe a organisé 50 tours pour plus de 1500 personnes dans 10 villes et villages arabes.

“Malgré le fait que la soirée d’ouverture ait été le lendemain de l’attaque du marché Sarona de Tel-Aviv, nous n’avons pas observé de tendance d’annulations.

Des personnes ont annulé, mais pas de manière significative», explique le co-directeur de Sikkuy, Gili Re’i.

Cette année, le groupe a visité le marché de Nazareth, la mosquée blanche, et se sont rassemblés dans un vieux manoir pour parler aux résidents et aux propriétaires comment ils rompent leur jeûne quotidien.

Les startups

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Forsan Hussein, un Israélien musulman, et son compatriote juif Ami Dror ont commencé Zaitoun Ventures il y a près deux ans pour aider à construire et à soutenir les startups judéo-arabes.

«Je passais beaucoup de ma vie professionnelle dans le domaine de la coexistence et le développement économique d’une manière ou d’une autre», dit Hussein.

«Je savais que je voulais créer une entreprise qui non seulement maximise le retour aux investisseurs, mais qui se concrétise socialement.”

Zaitoun Ventures est une entreprise d’investissement qui aide à créer des entreprises technologiques en coopération avec les Israéliens et les hommes d’affaires arabes en Israël, en Cisjordanie et dans le Moyen-Orient élargi.

Le secteur de la technologie en Israël a été largement salué comme l’une des grandes réussites du pays, mais il n’est pas varié ; quelques startups impliquent les Arabes ou les Palestiniens, les groupes minoritaires, les personnes de plus de 40 ans, les femmes ou juifs ultra-orthodoxes.

Forsan et Ami ont décidé d’investir dans des sociétés co- fondées par les Juifs et les Arabes ou qui bénéficieraient au monde d’une certaine façon.

Adaptation The Gardian


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