Obama perd la face au profit de Poutine

Obama Poutine

Les médias arabes ont descendu en flèche l’image du Président Barack Obama au Moyen-Orient, le décrivant comme faible, manquant de leadership et complotant pour la domination américaine. Cependant, ce dernier n’a pas non plus la cote auprès de son plus proche allié dans la région, Israël.

La revue des medias israéliens du mardi 10 et mercredi 11 septembre 2013 réalisée par POLITICO en dégage quelques grandes lignes : Vladimir Poutine a pris le dessus sur son homologue américain, l’Iran s’est renforcé et Obama est un leader affaibli sur lequel Israël ne peut désormais plus compter pour empêcher l’Iran de développer  des armes nucléaires.

Sur la première page de l’édition de mardi d’Israel Hayom, un quotidien néoconservateur, on pouvait lire en gros titre « la roulette russe ». Maariv, le journal de centre-droite, dévoilait ce week-end une caricature de Poutine, représentée par un chat rôdant autour d’Obama, incarné par un petit oiseau en cage. Le journal de gauche Haaretz a, quant à lui, publié une série de dessins d’Obama et Poutine dont l’un, intitulé « bouc-émissaire », montrant Obama poursuivant avec ardeur et sans succès une poule au visage de Bachar El-Assad pendant que Poutine les observe.

« Poutine profite au moins autant que les Etats-Unis de la situation », écrit Ron Ben-Yeshai mardi, chroniqueur populaire de Ynet.com, une version web du journal centriste Yedioth Ahronoth.  Il récolte avant tout le prestige international, non seulement en passant pour  l’adulte responsable, mais aussi pour l’ingénieux, qui a fait d’une pierre trois coups : empêcher l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie, se plaçant ainsi comme l’allié des Occidentaux ; empêcher une intervention américaine en Syrie ; le tout en restant fidèle à son client Assad, lui faisant ainsi marquer des points au Moyen-Orient ».

L’histoire du jour ce mercredi dans beaucoup de media israéliens – après le discours d’Obama  – s’est principalement portée sur le potentiel accord entre l’Iran et la Russie. Cette dernière devrait fournir de nouveaux systèmes de missiles à l’Iran et l’aider à construire un deuxième réacteur pour la centrale nucléaire de Bouchehr. Le Président iranien, Hassan Rohani, devrait rencontrer Poutine vendredi lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shangai (OCS) au Kirghizstan.

« Ronald Reagan doit se retourner dans sa tombe … Les Russes sont en train de faire leur grand retour grâce à l’administration Obama », a écrit mardi Yehuda Balanga, professeur à l’Université de Bar Ilan dans un article d’opinion pour Maariv, selon une traduction de POLITICO. « Malgré son soutien aux ‘mauvais élèves’ du Moyen-Orient (l’Iran et la Syrie), la Russie semble posséder, maintenant plus que jamais la solution à la crise syrienne. »

Mercredi, la plupart des couvertures de journaux israéliens n’affichaient pas de photo du Président des Etats-Unis mais des photos de Poutine et des rebelles syriens. Les rares ayant montré Obama sont l’édition en hébreu de Haaretz, le site populaire Walla ou encore le journal anglophone The Jerusalem Post, avec des photos du dirigeant américain de dos, de loin ou regardant par terre.

Lors d’une conversation enregistrée pour ynet.co.il , les experts ont mis en exergue qu’après son discours, Obama est apparu confus et hésitant jusqu’à ce que son homologue russe lui permette d’éviter de réclamer une intervention militaire au Congrès.

« Poutine lance un filet de sécurité pour Obama après qu’il ait sauté », lance Lior Weintraub, l’ancien porte-parole de l’ambassade israélienne à Washington.

Les médias israéliens ne savent plus vraiment comment interpréter les actions d’Obama mais restent sceptiques quant au résultat final selon Nadav Eyal, directeur du bureau des informations à l’étranger de la chaîne 10 israélienne.

« Les médias israéliens eux-mêmes, nous-mêmes, ne savons pas comment traiter tout cela. On ne sait simplement pas », racontait Eyal pour POLITICO. « Nous sommes tous d’accord que si la fin du scénario était qu’à court terme, la Syrie abandonne toutes ses armes chimiques sans attaque militaire, ce serait un résultat fantastique. Mais, nous doutons fortement qu’un tel résultat puisse se produire. »

Beaucoup de médias israéliens se demandent même si Obama n’envisage pas l’option russe uniquement pour sortir de cette situation, rajoute Eyal.

« La vraie question à se poser, et je ne pense pas que seuls les médias israéliens le font, est : le Président croit-il vraiment que cette option est viable ou en a-t-il juste profité pour se sortir de ce mauvais pas ? », a déclaré Eyal.

Cependant, les médias israéliens n’ont pas tous critiqué les derniers évènements. Certains ont félicité le Président d’avoir retardé l’action militaire, puisque celle-ci aurait pu déclencher des représailles syriennes ou iraniennes envers Israël.

Aner Shalev, un professeur de l’Université Hébraïque a écrit, mercredi, dans la version anglaise de Haaretz, que la méthode utilisée actuellement en Syrie, c’est-à-dire la menace d’une action militaire menant aux solutions diplomatiques, pourrait être une stratégie pour traiter avec l’Iran.

« Si le précédent d’une véritable menace militaire menant à une neutralisation acceptée des armes non conventionnelles a fonctionné pour la Syrie, il y a de fortes chances que cela fonctionne aussi avec l’Iran, » a-t-il dit. « Néanmoins, il y a quelque chose de rafraîchissant chez un dirigeant qui n’est pas heureux de se précipiter dans la bataille et qui continue d’examiner toutes les alternatives jusqu’au dernier moment. »

Source : Hadas GOLD, Politico le 9/11/13


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