Documentaire : “Toulouse, entre rose et gris”
Quelques mois après que la communauté juive de Toulouse fut la victime d’un attentat qui a coûté la vie à quatre de ses membres dont trois enfants. Un documentaire émouvant réalisé par Michael Grynszpan nous plonge dans l’univers de cette communauté, entre assimilation, religion, inquiétude face à la montée de l’antisémitisme, traditionalisme et sionisme.
C’est Hanouka, la fête des lumières. En Israël c’est l’occasion de passer les uns chez les autres pour allumer la bougie et déguster des « soufganiot ». Et les Juifs dans le reste du monde, comment célèbrent-ils Hanouka ? Et qui sont-ils d’ailleurs ? C’est pour répondre à cette interrogation que les producteurs d’Alafim ont lancé une série de documentaires sur 7 communautés du monde : Toronto, Buenos Aires, Odessa, Oslo, Turin, Toulouse et Boston (dans l’ordre de diffusion).
Toulouse compte entre 15 000 et 20 000 Juifs, majoritairement sépharades. C’est « la plus petite des grandes communautés et la plus grande des petites communautés » comme dit souvent son président Dr. Arié Bensemhoun. Elle a acquis sa popularité de manière tragique le 19 mars dernier. Mohamed Merah a assassiné un professeur de l’école OzarHatorah, Jonathan Sandler (z.l), deux de ses enfants, Gavriel (z.l.) et Arieh (z.l.) ainsi que Myriam Monsonego (z.l.), 7 ans.
Une communauté hétérogène
A Toulouse, il y a le rabbin bien sûr. Avraham Weill a 30 ans et il veille sur ses 18 000 coreligionnaires.
A Toulouse, il y a la famille Cohen. Bouleversés par l’attentat du 19 mars, devant l’école de leurs enfants, les Cohen ont décidé de partir pour Israël. Un autre Cohen a découvert le judaïsme dans la Ville rose, c’est Jérémy, le joueur de flamenco. Son aliya, il y pense mais ne la conçoit pas pour tout de suite.
A Toulouse vit également Jennifer. Son identité balance et c’est sur le fil, dans son cirque qu’elle trouve son équilibre. Quant à Manu, il reste optimiste, l’antisémitisme, ça va passer. En attendant, il continue à faire du skate en tzitzits. Romain lui n’est pas juif, mais il a choisi de rejoindre cette communauté toulousaine. Il entre dans la phase terminale de sa conversion et espère bientôt rejoindre le peuple juif.
Toulouse, la Ville rose où l’identité juive ne va plus de soi. Et où la communauté reste plus que jamais unie contre tous les problèmes qui s’imposent à elle.
Un documentaire touchant et surprenant à ne pas rater !
3 questions à Michael Grynszpan, réalisateur du documentaire sur Toulouse
1. Comment s’est passé le tournage du documentaire ?
Je travaille d’habitude en Israël. C’est mon premier film en France et sur la France. J’ai quitté Paris il y a longtemps et même si j’y retourne souvent, j’ai découvert à Toulouse beaucoup de changements, notamment dans la vie juive. Je ne m’attendais pas à tant d’antisémitisme dans les rues de cette belle ville.
2. Parle-nous du film.
Ce film présente la vie juive française aux Israéliens. C’est pour eux un mystère. Si les Israéliens raffolent de Paris en tant que touristes, ils connaissent très peu la vie des Juifs français.
C’est un film de contraste. J’ai voulu montrer la douceur de vivre à Toulouse ensanglantée par l’attentat du 19 mars. D’un côté l’assimilation, mais de l’autre, les personnes qui se rapprochent de la religion dans la Ville Rose, d’où le titre « Toulouse entre rose et gris ». J’ai tenté en 30 minutes composer une mosaïque de personnages au sein de la communauté de Toulouse, montrer la diversité de la communauté et sortir des clichés. Et interroger le futur : quel rapport au Judaïsme auront les futures générations ? Vont-ils s’assimiler, garder les traditions ou s’envoler vers Israël ?
3. Malgré la diversité des personnages, qu’est-ce qui les relie ?
C’est toute la question de l’identité juive en diaspora: faire partie d’un même peuple malgré tant de visions du monde et de modes de vie différents. Mais j’ai découvert qu’à Toulouse, qu’on soit assimilé, traditionnaliste, religieux ou sioniste, chacun ressent un grand attachement à Israël. J’ai aussi noté chez tous une grande douleur après l’attentat du 19 mars. J’admire leur résilience, leur volonté de surmonter ce traumatisme, c’est un magnifique message de vie qui est à la base même du Judaisme.
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