Entre ville sainte et plage : mon cœur n’a plus à balancer !

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Lorsque l’on décide de faire son Alyah (Littéralement : La “montée” en Israël) et de s’installer à Jérusalem, comme ce fut mon cas il y a de cela deux mois, on se doit d’accepter de subir le climat montagneux. Et pourtant, ce n’est pas sans surprise qu’en cette mi-octobre, on continue à se promener en débardeur sous 30 degrés, et qu’une simple petite laine nous suffit en soirée….

Toutefois, pour quiconque a vécu quatre années à Nice et quatre autres à Marseille, la mer peut vite devenir l’objet d’un certain languissement puisque qu’elle ne borde pas la ville de lumière. C’est donc en manque d’iode que nous avons décidé il y a deux semaines de passer notre dimanche à la mer morte.

Prêts à affronter les 2h45 de route qui nous séparent d’Ein Bokek, la station thermale la plus importante de la mer morte, nous louons une voiture et prenons soin de faire le plein avant de partir (qui sait si les stations essences seront nombreuses le long de ce parcours désertique). Nous sommes accompagnés par Nancy, ancienne niçoise installée en Israël depuis plus de dix ans. Une fois la voiture démarrée, je m’installe confortablement, mon livre du moment en mains. J’entends, d’une oreille distraite, Nancy donner des instructions sur le chemin à emprunter.

A droite, puis à gauche, tout droit, puis encore à droite… et nous voilà arrivés à destination… Arrivés ? Déjà ? Me serais-je endormie sur mon livre, pourtant fort passionnant ? Me serais-je mise à lire quatre fois plus vite qu’à l’accoutumée ? Que nenni ! Nancy vient tout simplement de nous faire découvrir la plage aménagée la plus proche de Jérusalem (30 minutes de voiture) : Qualia Beach !!!

L’endroit n’est visiblement encore pas très connu, à moins qu’il ne soit l’objet d’une forme de secret que ne se partagent que ces êtres allergiques aux trop importantes vagues touristiques. Nous ne sommes pas plus d’une cinquantaine sur la plage qui se trouve en contre bas d’une cafétéria. De toute évidence, cette dernière n’obtiendra pas d’étoile au Michelin, mais permettra, somme toute,  à qui ne s’est pas organisé de se restaurer au milieu du désert.

On trouve également, quelques mètres plus bas, une petite boutique en plein air qui propose des crèmes solaires, des glaces, des boissons et bien entendu : des produits ciglés « mer morte ».

Encore quelques mètres de marche et nous y voilà : la plage. Sauvage, rebelle, jamais traitée. Seules les bouées jaunes nous indiquant la limite à ne pas dépasser nous laisse à penser que cette plage a fait l’objet d’attention avant notre arrivée. Car le moins que l’on puisse dire est que la petite sœur d’Ein Bokek n’a avec elle en commun que son eau. Pas de rive. Les bords de la plage ne sont  délimités que par la nature elle-même.

Le sable et le sel s’y confondent dans un camaïeu qui n’est pas sans rappeler la rouille.  On a peur de s’y griffer les pieds, que l’on dépose donc,  tout en douceur, l’un après l’autre,  pour atteindre l’eau. L’eau… fidèle à elle-même en revanche est chaude, extrêmement salée, cela va sans dire,  et huileuse. Elle lisse la peau et procure le même effet que si l’on s’immergeait dans un lac d’huile de monoï. Elle nous rappelle douloureusement notre dernière petite plaie en date en la brulant de façon presque délicieuse. Elle nous porte, nous et le livre que – non – nous n’avions pas terminé dans la voiture.

Mais le plus impressionnant ce jour là restera la boue. Cette boue que l’on nous vend à prix d’or dans les salons de beauté huppés de chaque capitale, que l’on nous cède par petites poignées à Ein Bokek, se livre ici en « Open bar ». Par moment, voulant rejoindre le large qui tarde à venir, on s’enfonce, d’un seul coup et jusqu’aux genoux alors que l’eau nous arrivait aux chevilles. L’impression de s’enliser dans des sables mouvants est presqu’effrayante, puis on se souvient qu’aucun animal ne peut survivre dans la mer morte, et alors on se soulage, on tente de s’extirper dans une grâce si désolante qu’elle provoque le fou rire de quiconque nous aperçoit dans cette situation.

En sortant de l’eau, on s’enduit de boue. Cheveux, corps, visage, tout y passe. On grappille quelques morceaux de sel trouvés au sol pour en faire un gommage.   Puis on lézarde au soleil le temps que ce masque naturel s’assèche et nous délivre la totalité de ses vertus.

Pour terminer on file sous la douche dont le jet,  puissant,  nous décape intégralement. Et là miracle : pour quelques shekels d’essence, je vous l’assure, je suis aussi jolie qu’en sortant de chez Carita ;-)

Jessica-Lea Marciano

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