A l’heure où le terrorisme sévit en France, l’expérience israélienne en matière de lutte contre le terrorisme intéresse particulièrement les politiques et experts français. Le rôle des citoyens israéliens est mis en avant, ces derniers étant sensibilisés dès le plus jeune âge à cette prévention.
Les citoyens israéliens sont contraints de vivre au quotidien avec la menace terroriste. L’Etat d’Israël a connu sept guerres et deux Intifada, il a subi sur son sol pendant les huit derniers mois 155 attaques au couteau, 96 tirs à l’arme à feu, 45 attaques de véhicules et une attaque à la bombe. Depuis des années, les modes opératoires du terrorisme évoluent. Des attentats à la bombe aux fusillades, aux attentats à la voiture-bélier ou au couteau, les populations israéliennes ne sont pas épargnées. Si le renforcement des services de renseignement israéliens s’avère indispensable pour limiter les attentats et le nombre de victimes, le risque-zéro n’existe pas, d’autant plus que les attaques au couteau sont souvent le fait de “loups solitaires”, non connus des services de renseignement. Les citoyens israéliens se trouvent donc en première ligne pour contribuer à la prévention des attentats sur le sol israélien.
L’éducation israélienne à la prévention
L’implication des citoyens dans la prévention du terrorisme passe en Israël avant tout par l’éducation. Les Israéliens apprennent dès le plus jeune âge à être vigilants, à vivre avec la menace et la détecter avant même qu’elle ne soit effective. Dès les années 1970, des campagnes télévisées élaborées par le Ministère de l’Education israélien sont diffusées pour sensibiliser les enfants au danger des objets suspects. Parmi les enseignements à la prévention : ne pas accepter des bonbons qui risqueraient d’être empoisonnés ou un jouet qui pourrait être piégé. Les élèves israéliens rencontrent régulièrement experts ou psychologues qui leur apprennent à adopter la façon la plus adéquate de réagir aux possibles attentats. Aujourd’hui, cette vigilance citoyenne est acquise par les citoyens israéliens. Chacun connait les mesures de sécurité à prendre en cas d’attentat ou de bombardement.
Campagne télévisée israélienne des années 1980 alertant les enfants sur les objets suspects
La société civile israélienne a su développer un esprit défensif collectif, et alerte la police au moindre objet ou comportement suspect. L’autodéfense fait aussi partie de la culture nationale. De nombreux jeunes israéliens sont formés au sport de défense du Krav Maga.
L’armée israélienne a également développé depuis 1992 une unité appelée Home Front Command chargée notamment de prodiguer à la société israélienne toutes les instructions nécessaires en cas d’urgence, de les aider à constituer des pièces sécurisées dans leur propre foyer, et de fournir à chacun des masques à gaz en temps de guerre.
La vigilance citoyenne en Israël : l’exemple de la Garde Civile
Au lendemain de l’attentat de Nice, le Président français François Hollande a fait un appel à la réserve opérationnelle ou la réserve citoyenne, dispositif qui regroupe des citoyens volontaires, avec ou sans expérience militaire, âgés d’au moins 17 ans, à s’engager pour quelques dizaines de jours par an dans des missions miliaires en France contre rémunération. Bernard Cazeneuve, le Ministre de l’Intérieur, s’est adressé à “tous les Français patriotes” afin qu’ils rejoignent cette réserve.
Un système équivalent est déjà opérationnel en Israël, celui de la Garde Civile, aussi connu sous le nom de Mash’az, une branche de la Police israélienne. Depuis 1974, des citoyens israéliens volontaires assistent dans leur propre quartier la police dans leur travail quotidien, en matière de prévention contre les crimes ou encore de contrôle de la circulation. Aujourd’hui, la Garde Civile israélienne est un succès car permet d’impliquer un grand nombre de citoyens dans la sécurité de leur quartier, en assistant la police sur tous les fronts.
La contribution des citoyens israéliens à la prévention : des exemples concluants
Les exemples de contribution à la lutte contre le terrorisme par des citoyens israéliens sont nombreux, et ces aides ont parfois permis d’éviter des attaques terroristes. Ces derniers temps, plusieurs attaques au couteau sont en effet déjouées par des policiers, des militaires ou des citoyens israéliens ordinaires, parfois même à l’aide d’objets insolites, comme des perches à selfies ou des parapluies. Le maire de Jérusalem Nir Barkat encourageait en février dernier les résidents de Jérusalem à ne pas avoir peur de “s’engager” contre les terroristes et appelait à la vigilance de tous les citoyens face à la menace.
Israël, un véritable modèle en matière de résilience
Les Israéliens ont enfin la particularité d’avoir une très bonne capacité de résilience face aux attentats. Comme certains Français qui ne souhaitent pas changer leur mode de vie après les attentats, continuer à se réunir, et défier les terroristes en continuant à vivre, les Israéliens cultivent un état d’esprit de “Carpe Diem”, “Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain”. Ils continuent à sortir, à chanter, à danser, sans que le terrorisme leur retire leur joie de vivre.
L’exemple israélien consiste ainsi à ne pas reléguer la lutte contre le terrorisme exclusivement aux professionnels, mais à l’étendre à tous ses citoyens, qui ont appris à vivre avec ce fléau.
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