A LIRE ! Netanyahu acceptera-t-il un Etat palestinien ?

Netanyahu Obama Abbas

De toutes les idioties prononcées en réaction à la surprenante victoire électorale de Benjamin Netanyahu, celle qui prévaut soutient que les perspectives de paix se trouvent au point mort et ce depuis le récent discours de Benjamin Netanyahu où il a déclaré qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien sous son mandat. 

J’ai une annonce pour le troupeau aveugle: Il n’y aurait également pas de paix et d’Etat palestinien si Isaac Herzog était élu Premier ministre. Ce constat s’applique aussi à Ehud Barak, Ehud Olmert et les autres. Les deux derniers furent d’ailleurs Premiers ministres (non affiliés au Likoud) et ont tous deux offert aux Palestiniens un Etat avec Jérusalem comme capitale et le retrait des implantations israéliennes. Autant de propositions rejetées.

Ces propositions ne datent pas d’il y a si longtemps : 2000, 2001 et 2008. Trois offres de paix étonnamment généreuses furent donc proposées ces 15 dernières années. Chacune rejetée.

Aussi, la réalité fondamentale demeure: Cette génération de dirigeants palestiniens – de Yasser Arafat à Mahmoud Abbas – n’a jamais et ne sera jamais en mesure de signer un règlement pacifique définitif partageant le territoire avec un Etat juif à ses côtés. Et pourtant sans cela, aucun gouvernement israélien (de tous bords politiques) n’acceptera un Etat palestinien.

Aujourd’hui, cependant, il y a une deuxième raison à l’impossible établissement d’un accord de paix: l’instabilité de l’ensemble du Moyen-Orient. Depuis un demi-siècle, cette région du monde fut dirigée par des dictateurs, certes mal-aimés, mais avec qui il était possible de dialoguer. Par exemple, l’accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël avait généré quatre décennies de calme quasi-total à la frontière et ce uniquement parce que le régime dictatorial des Assad en avait décidé ainsi.

L’ordre généré par ces régimes autoritaires, renversés par le Printemps arabe, n’est plus d’actualité. La Syrie est ravagée par une guerre civile aux multiples facettes qui a tué 200 000 personnes et qui aujourd’hui oppose Al-Qaïda et ses alliés, les combattants du Hezbollah, les troupes gouvernementales. On retrouve même des responsables iraniens rodant à la frontière israélienne.

Au cours des quatre dernières années, l’Egypte a connu deux révolutions et trois régimes radicalement différents. Le régime pro-américain au Yémen s’est transformé en un régime proche de l’Iran entrainant même l’évacuation de l’ambassade américaine et ce dans la panique. La Libye est passée de l’autoritarisme de Mouammar Kadhafi à la guerre civile dominée par des djihadistes. Mercredi dernier, la Tunisie, le modèle proclamé de réussite du Printemps arabe, a subi une attaque terroriste majeure qui, selon le Premier ministre, vise directement « la stabilité du pays ».

Du Mali à l’Irak, tous les Etats sont en transition. Dès lors, au milieu de ce chaos, par quelle magie la Cisjordanie, déchirée par une amère rivalité Fatah-Hamas, deviendrait le seul îlot de stabilité? En quoi un accord de paix israélo-palestinien ne serait qu’un tant soit peu durable ?

Il fut un temps où Yasser Arafat gouvernait le mouvement palestinien à la façon dont Mouammar Kadhafi dirigeait la Libye. Aujourd’hui, Mahmoud Abbas ne commande personne. Pourquoi pensez-vous qu’il soit actuellement dans sa 11ème année d’un mandat qui ne devait initialement durer que quatre ans, après avoir refusé de tenir des élections ces cinq dernières années? Parce qu’il a peur de perdre au profit du Hamas.

Cependant, avec ou sans élections, la Cisjordanie pourrait tomber aux mains du Hamas. Récemment les roquettes du Hamas ont visé Tel Aviv, l’aéroport Ben Gourion et l’ensemble du noyau urbain israélien – tout comme le sud d’Israël. Ces roquettes sont tirées depuis la bande de Gaza dirigée par le Hamas qui a transformé cette enclave palestinienne en une base armée et terroriste.

Soulignons que tout règlement de paix israélo-arabe exigerait d’Israël des concessions territoriales dangereuses et intrinsèquement irréversibles en échange de promesses et garanties. Dans les conditions actuelles, cela reviendrait à prêcher dans le désert.

Israël est entouré par des terroristes djihadistes dans le Sinaï, le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, l’État islamique et des agents iraniens en Syrie ainsi que par le fragile partenaire jordanien. Au vu des fluctuations, Israël ne peut prédire avec certitude qui gouvernera ces territoires. L’État islamique avancera-t-il jusqu’aux frontières israéliennes? Les Gardiens de la Révolution iraniens apparaitront-ils sur le plateau du Golan? Personne ne peut le prédire.

D’aucuns affirment qu’Israël pourrait bénéficier de garanties extérieures. Des garanties dîtes-vous ? A l’image du Mémorandum de Budapest de 1994 dans lequel les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie garantissaient «l’intégrité territoriale» de l’Ukraine? Comme la ligne rouge en Syrie? Comme les résolutions unanimes de l’ONU qui déclarent illégal l’enrichissement d’uranium en Iran – rendues caduques depuis?

Pour qu’une paix durable puisse s’établir trois conditions doivent être réunies : (1) l’acceptation palestinienne d’un Etat juif. (2) Un dirigeant palestinien prêt à signer un accord sur la base de cette prémisse. (3) Un minimum de stabilité régionale qui permettrait à Israël de risquer les retraits potentiellement dangereux qu’un tel accord entraînerait.

Je crois que ce jour viendra. Mais il n’y a aucune chance pour cela se produise immédiatement ou même dans un futur proche. C’est en somme ce qu’a déclaré Benjamin Netanyahu jeudi dernier en soulignant qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien sous son mandat.

Dans l’intervalle, je comprends la déception de l’administration Obama et de certains médias face à la surprenante victoire du dirigeant étranger qu’ils détestent le plus à savoir Benjamin Netanyahu. L’agitation qui s’ensuit est compréhensible, quoique inconvenante. Blâmer Benjamin Netanyahu quant à la suspension du processus de paix, cependant, est stupide.

Soulignons d’ailleurs que Benjamin Netanyahu est revenu sur ses propos concernant l’Etat palestinien. Il a affirmé ne pas renoncer à son engagement en faveur de la création d’un Etat palestinien, mais estime que les circonstances politiques actuelles n’y sont pas favorables.

Adaptation d’un article de Charles Krauthammer publié par The Washington Post.


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