3ème épisode : Un jeune célibataire israélien réchauffe les relations entre la France et Israël

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(Suite du précédent épisode)

Direction la fête chez les amis d’Olympia à 10 minutes à pieds de chez mon oncle. En chemin j’ai échangé quelques mots avec un gars qui m’a demandé :-« Eh, tu cherches quelque chose ? ». Je lui ai répondu :-« Comme tout le monde ». Nouveau malentendu, il ne parlait pas du sens de la vie mais de la substance qu’il voulait me vendre.

Arrivé devant l’immeuble, comme je n’avais pas le code j’ai passé un coup de fil à Olympia qui est descendue me chercher.

La première chose qui m’a sauté aux yeux c’est qu’elle était bien passée chez elle comme elle me l’avait dit au café (2éme épisode). Les talons avaient grandi, la jupe avait raccourci et ses cheveux semblaient avoir poussé. Sur ce dernier point j’ai un doute mais c’est l’impression que j’ai eue.

Olympia, grand sourire :-« Ah, tu es là ! ».

Ce « Ah, tu es là ! », dit sur un ton exclamatif m’a procuré une impression aussi agréable que le « Alors ce soir on accueille un israélien ? » désagréable de ma cousine,(2éme épisode).

En moins d’une heure de temps, je venais d’être confronté à deux types de femmes radicalement opposées dans mon esprit. Ma cousine Sonia, clairement hostile, et Olympia, avenante et sympathique. Pour résumer, et sans tenir compte de l’aspect physique de chacune ou de l’attirance qu’elles pourraient susciter, la présence de l’une était délicieuse alors que la présence de l’autre donnait envie d’être ailleurs.

Olympia : « C’est sympa d’être venu. »

Moi, au second degré : « J’ai fait un gros effort tu sais, c’est vraiment pour te faire plaisir. » suivi d’un sourire qui disait le contraire.

Sourire  de sa part en retour et naissance d’un champ magnétique entre nous.

Direction l’ascenseur, 4 ème étage, la porte se ferme. Questionnement classique, j’ai envie de lui sauter dessus mais comme on arrive dans une soirée c’est pas malin, ou alors on va pas à la soirée mais c’est risqué. J’évalue à 30 % maximum la chance qu’elle accepte de filer à l’anglaise, et puis je réalise que  30% c’est déjà très prétentieux.  Au niveau du premier étage, je me ravise et décide de ne pas l’embrasser pour le moment.

Agréable voyage de trois étages,  dans une atmosphère de tension romantique. La communication non verbale est un art que je ne maitrise pas du tout, mais cette fois ci, dans cet ascenseur j’ai eu l’impression que les regards complices faussement gênés parlaient plus que des mots.

Olympia, à la sortie de l’ascenseur : « Viens, je vais te présenter des amis. »

L’appartement est grand, à peu près comme chez mon oncle, il est bondé.

Olympia,  se dirigeant vers un groupe de 3 personnes:-« Je vous présente Reuven.»

Olympia, s’adressant à moi :-«  Victor, Elise, Déborah. »

Moi, bref et classique :-« Bonsoir. »

Victor, s’adressant à moi :-« T’es dans la mode toi aussi ? »

Moi :-« Non, je suis étudiant. On s’est rencontré aujourd’hui dans un café.»

Regards clairement hostiles du dénommé Victor, traduits en ces mots sarcastiques : « un Vieil ami donc! »

Moi, au troisième degré quitte à passer pour un demeuré : « pas tant que ça, j’ai que vingt-cinq ans. »

Et sans perdre plus de temps, je me suis éclipsé dans une autre pièce, au hasard. C’était la cuisine.

Olympia m’a suivi:-« Tu es parti à cause de Victor ? Il n’est pas drôle, il est mal dans sa peau, mais il n’est pas méchant. »

Parenthèse légèrement mystique : Après ma cousine qui m’avait cassé la tête toute la première partie de soirée, je n’avais pas besoin de ça. Je me foutais totalement que machin soit mal dans sa peau et de façon générale je supporte mal ceux qui considèrent que ça les autorisent à être désagréables.
Dans les cultures psycholo-gisantes (jeu de mot volontaire), il existe des visions déformées de la réalité qui finissent par inverser les valeurs pourtant les plus évidentes pour n’importe qui. Si on se tourne l’esprit, on peut finir par considérer que la méchanceté cache une souffrance, ce qui transforme la personne objectivement insupportable, en être touchant et aimable. De la même façon, quand on s’égare de la sorte, on suppose que la joie de vivre cache quelque chose de suspect. En deux temps, trois mouvements, le méchant est devenu bon et le bon dissimule quelque chose de méchant. J’exagère un peu mais pas tant que ça, j’ai entendu des dizaines d’apprentis psychologues raconter ce genre d’âneries à des milliers de moutons. Quand j’étais adolescent, j’avais entendu quelqu’un parler d’une phrase du prophète 
« ישעיהו » (Isaïe) sur le fait qu’il ne faut pas inverser le bien et le mal. Depuis j’y pense souvent. Chers lectrices et lecteurs, je vous suis reconnaissant d’avoir lu cette digression.

Moi :-« Y a pas de soucis, quand je suis pas bien quelque part, je pars, c’est tout. »

Olympia :-« Tu ne vas pas partir maintenant parce que moi je dois rester. Tu comprends, ça se ferait pas que je parte maintenant, je les connais depuis longtemps, puis tu vas voir il y en a des sympas ».

Comment auriez-vous compris ce que venait de dire Olympia? Moi, j’ai compris qu’elle venait de me dire qu’elle allait rentrer avec moi et qu’elle voulait que je l’attende. C’est un malentendu heureux, puisque je n’avais même pas dit que j’allais partir de la soirée, mais seulement que j’allais partir dans la cuisine.

Moi :-«Ok, d’accord. »

Une inconnue :-« Salut Olympia, ça va ? »

La personne qui vient de dire cette phrase est une jeune femme de petite taille. Elle porte des baskets de skateboard, un treillis, et de longs cheveux clairs et sales.

Olympia :- « Bonsoir Sophie, comment ça va ? »

Sophie, l’air dépressive :-« ça peut aller. », puis s’adressant à moi :-« et toi comment tu t’appelles ? »

Moi :-« Reuven. »

Sophie :-« C’est de quelle origine ? »

Je branche le radar dont je donne le mode d’emploi dans le premier épisode :-« Je suis israélien. »

Sophie :- « Aah! »,-pause-:- «En même temps, j’adore le cinéma israélien, ça me fait penser à la nouvelle vague. Cet art qui dit l’absurdité et toutes les injustices de ce  pays. »

Moi :-« En même temps, quoi ? Tu es déjà allée en Israël ? »

Sophie :- «Non, Tu plaisantes ? »

Ce qui est certain c’est que je ne plaisantais vraiment pas. J’en avais assez de tous les débiles que j’avais rencontrés ce soir, et je sentais que l’explosion était proche. Un israélien qui provoque une explosion rue de Téhéran, ça aurait fait les titres des journaux.

Si Olympia n’avait pas été là, je lui aurais répondu le plus sobrement du monde :- « Alors ferme ta gueule ! », mais comme je n’avais pas l’intention de passer pour un sauvage devant la  belle, je me suis contenté de bouger. J’ai fait comme si personne ne me parlait et je me suis déplacé dans l’espace. J’ai laissé la fille avec sa question en l’air et j’ai ouvert une porte, là il y avait un grand couloir, au fond à droite une chambre dans laquelle je suis rentré. Olympia m’a suivi, elle m’a parue désolée, et surprise, par ma façon d’éviter les conversations :-« Excuse-là.»

Moi :-« elle est mal dans sa peau, elle aussi ? »

Olympia :-« J’en sais rien, elle croit tout savoir.»

Grâce à Victor, le premier lourdaud de cette soirée, Olympia m’avait informé qu’elle allait rentrer avec moi, et grâce à Sophie la grunge, je me retrouvais seul avec Olympia dans une chambre isolée, au fond du couloir d’un grand appartement.

J’ai regardé la chambre autour de nous et j’ai dit « finalement, c’est pas la peine de partir on est bien ici ».Olympia m’a souri, d’un sourire que j’ai interprété de la seule façon qui m’intéressait. Je me suis approché d’elle et j’ai posé mes mains sur ses hanches. (Suite la semaine prochaine)

Reuven.K


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Deuxième épisode

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