Suha Arafat, l’épouse Yasser Arafat, défunt chef de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), a semblé accuser le Hamas mercredi d’avoir perpétré un « génocide » dans la bande de Gaza et a dénoncé ce « groupe terroriste qui islamise » l’enclave côtière et « tient ses habitants en otage ».

Dans une interview au journal italien La Republicca en l’honneur du dixième anniversaire de la mort de son mari, Suha Arafat appelle les Palestiniens à reprendre les négociations avec Israël et à renoncer à la violence.

Elle a également abordé les allégations selon lesquelles Arafat aurait été empoisonné et a exprimé l’espoir que les Autorités françaises iraient jusqu’au fond de l’affaire, en insistant sur le fait qu’elle ne pouvait ni blâmer Israël ni les Palestiniens suspectés.

“Le Hamas a pris le peuple en otage. Quand je vois ce qui se passe à Gaza… Il s’agit d’un génocide. Une génération qui grandit dans la violence, sans instruction, sans autre espoir que l’émigration,” dit-elle. (Ironiquement, puisque le successeur d’Arafat -Mahmoud Abbas- avait accusé Israël d’avoir commis un génocide à Gaza, dans un discours incendiaire à l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre dernier.)

Suha Arafat appelle à la reprise des pourparlers avec Israël, car « la lutte armée ne conduira nulle part. »

« J’espère que le Hamas comprendra et travaillera en faveur des négociations de paix », a-t-elle ajouté.

Elle a également dit espérer que l’Italie suivra les traces de la Suède en reconnaissant l’État palestinien tout en maintenant que l’existence de l’Etat d’Israël n’était pas remise en cause.

“Il est facile de faire la guerre, plus difficile de l’arrêter. Aujourd’hui la lutte armée ne conduira pas à quoi que ce soit. Nous finirons seulement par être brisés. Les forces sont inégales. Nous devons poursuivre les négociations, quitte à prouver tout au moins, que c’est Israël qui ne veut pas la paix,” dit-elle.

Tout en critiquant le Hamas pour son activité terroriste, Suha Arafat défend prudemment le rôle de son mari qui lança des attaques contre Israël, en disant: «l’histoire dira si Arafat a eu raison de déclarer l’Intifada».

Elle a salué son défunt mari pour l’unification des Palestiniens et pour ses négociations avec Israël. « Beaucoup disent que mon mari était un obstacle à la paix, mais nous avons vu, après sa mort, ce qui est arrivé à la paix ».

Suha a également condamné le Hamas pour l’annulation des commémorations dans la bande de Gaza des dix ans de la mort d’Arafat, disant à l’endroit de ses dirigeants « qu’ils n’avaient aucun droit » de le faire et dénonce leur leadership religieux étouffant. Le Hamas a en effet été contraint d’annuler l’événement cette semaine à la suite d’un clash avec le Fatah.

“Arafat a fait de la Palestine un pays laïc, les gens allaient à la plage à Gaza. Il n’a jamais imaginé qu’il deviendrait islamique, “a-t-elle ajouté.

La veuve du leader du Fatah s’est abstenue de blâmer Israël pour la mort d’Arafat. “Beaucoup voulaient se débarrasser de lui. Je ne peux pas reprocher à quiconque, ni Israël, ni personne dans son cercle intime”dit-elle.

Suha Arafat a engagé une action judiciaire en juillet 2012 demandant aux autorités françaises d’examiner les plaintes selon lesquelles son mari aurait été empoisonné par le polonium. Le mois suivant, les procureurs français ont ouvert une enquête pour meurtre.

L’an dernier, un rapport de scientifiques suisses a affirmé que les restes d’Arafat et le sol de sa sépulture contenaient des niveaux élevés de polonium 210, une substance rare et létale. Les scientifiques ont conclu que les résultats « ne confirment que modérément l’hypothèse d’une mort suite à un empoisonnement au polonium-210. » Mais des scientifiques français qui avaient effectué des recherches concernant la mort d’Arafat avaient conclu qu’il est mort d’une « infection généralisée ». Un Institut médico-légal russe a également déclaré que le dirigeant palestinien est mort de cause naturelle.

Dans cette interview de grande envergure du mercredi 12 novembre dernier, Suha Arafat dit qu’elle ne retournerait pas dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie parce qu’elle se sentirait comme une invitée. Elle maintient qu’elle aimait le dirigeant palestinien, et que si l’occasion se représentait, elle ne l’aurait pas forcément épousé.

« Je l’aimais et il m’aimait beaucoup. Mais si je retourne en arrière je ne sais pas si je le ferais à nouveau », dit-elle, expliquant qu’elle était l’objet de nombreuses rumeurs et accusations.

Il y a presque deux ans, Suha Arafat avait dit qu’elle regrettait son mariage avec le leader de l’OLP. « Nous étions mariés depuis 22 ans qui en paraissaient 50 » avait-elle dit à l’époque. Arafat a ajouté qu’elle avait essayé à plusieurs reprises de quitter son mari, mais elle s’est vu privée de sa liberté.

« J’ai essayé de divorcer d’Arafat plus de 100 fois et il ne me donnait pas son accord » dit-elle.

Source Times of Israel