Le 25 mai, l’évêque Maronite Bishara al-Rahi est devenu le premier patriarche chrétien libanais à poser le pied en Israël depuis sa création car il accompagne le Pape François lors de sa visite en Terre Sainte de trois jours. La décision d’Al-Rahi a déclenché depuis une tempête politique au Liban après l’annonce de sa visite le 3 mai dernier.
Le Liban est techniquement en guerre avec Israël, avec près de chacun de ses 18 sectes religieuses en grande partie unifiées dans leur opposition à l’Etat juif, après deux guerres et 18 années d’occupation militaire. Le Hezbollah, la plus puissante faction libanaise, dont la milice est de plus en plus à l’aube de la guerre avec Israël, a organisé récemment une campagne pour dissuader al-Rahi de venir en Israël.
Le journal As-Safir a qualifié la visite de « péché historique », avertissant qu’il crée un précédent pour la normalisation des liens avec Israël et faisant valoir que, à tout le moins, la coordination nécessaire pour la visite est une reconnaissance tacite de l’ennemi du gouvernement israélien.
Il est indéniable, cependant, que la décision d’al-Rahi d’accompagner le souverain pontife en Terre Sainte est historique, une réalité que ses défenseurs et détracteurs semblent admettre.
Alors qu’Al-Rahi a insisté sur le fait que le but de la visite est purement religieux, sa signification politique est indéniable quand mis dans le contexte d’oppression chrétienne par des extrémistes dans la majorité sunnite dans le monde arabe après le Printemps arabe au Proche-Orient.
Pour Israël, la visite d’al-Rahi fournit l’occasion – exactement le genre que craignent les critiques de l’évêque au Liban. Comme la patrie d’une minorité religieuse qui se voit également sous la menace persistante des extrémistes islamiques, la visite d’al-Rahi présente une fenêtre pour Israël à réfléchir et à relancer ses relations avec les minorités dans tout le Moyen-Orient, qui historiquement ont fourni des avantages stratégiques considérable.
Pendant des décennies, une sympathie mutuelle entre Israël et les minorités menacées dans la région se sont concrétisées dans des partenariats stratégiques, y compris celles avec les Kurdes dans le nord de l’Irak, les rebelles au Soudan, les berbères du Sahel et chrétiens, druzes et Circassiens à l’intérieur d’Israël. Même les chiites, maintenant représenté par les ennemis jurés d’Israël, l’Iran et le Hezbollah, ont maintenu des relations positives avec l’Etat juif.
Les mêmes hommes qui maintenant comblent les rangs du Hezbollah avaient lancé une fois du rizsur les chars israéliens pour leur souhaiter la bienvenue lors de l’invasion de 1982. La classe paysanne chiite, ainsi que d’autres minorités au Sud-Liban à l’époque, faisaient l’objet de harcèlement systématique par les milices palestiniennes qui avaient envahi la région après leur exil depuis la Jordanie.
La plupart des sectes chrétiennes arabes dans la région, toutefois, sont traditionnellement hostiles à Israël dans le cadre de leurs idéologies nationalistes forts.
Le Copte Shenouda III d’Égypte demandait l’application d’une interdiction stricte des disciples de faire des pèlerinages à Jérusalem en solidarité avec les Palestiniens, même après que les deux pays aient signé un accord de paix en 1979. Le Front populaire de libération de la Palestine a été fondée par Christian George Habash qui lui-même a gagné en notoriété internationale lorsqu’il a orchestré le détournement de quatre avions de ligne en 1970.
Les Chrétiens ont traditionnellement servi les échelons les plus élevés du régime baasiste en Irak et en Syrie, tout en menant des rôles dans le mouvement nationaliste laïc du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Certaines factions chrétiennes au Liban se sont, cependant, aligner avec l’armée israélienne pendant l’occupation de 1982-2000, principalement en raison de l’opposition mutuelle aux factions palestiniennes et pro-palestiniens, des milliers se voient accordés l’asile en Israël après le désengagement de 2000.
Toutes les factions libanaises chrétiennes depuis que le temps, même ceux qui s’opposent au Hezbollah, ont adopté une attitude anti-israélienne, dont le prédécesseur d’al-Rahi le Maronite, Nasrallah Sfeir, qui a rejeté une requête pour accompagner le pape Jean Paul II au cours de sa visite en 2000 en Israël.
La politique d’Al-Rahi pourrait en effet refléter une prise de conscience plus large chrétienne au Moyen-Orient où l’identité religieuse et la solidarité maintenant priment sur le nationalisme et de la solidarité palestinienne. Dans ce contexte, la visite d’al-Rahi en Israël est précédé par sa visite tout aussi controversée en Syrie déchiré par la guerre en février 2013.
Al-Rahi a marqué les deux visites dans le cadre d’un effort pour démontrer la Solidarité chrétienne dans toute la région.
Par ailleurs, les Chrétiens coptes en Egypte ont défié de plus en plus interdiction de pèlerinage, en visitant en Israël, tandis que le nouveau Pape égyptien Tawadros a tardé à manifester sa désapprobation.
Les Chrétiens en Israël dans le même temps, se sont portés volontaires pour le service national à des taux supérieurs de façon exponentielle ces derniers mois, avec certains dirigeants de la communauté l’appel à la solidarité avec le gouvernement israélien.
Dans une région où les alliances entre gouvernements sont environ aussi stables que les sables mouvants, les avantages stratégiques de la coopération entre les minorités ne doit pas être sous-estimée.
Il y a beaucoup de personnes en Israël qui manifestent leur solidarité avec ces groupes, particulièrement ceux dans le pays voisin comme le Liban et la Syrie.
Ces efforts, cependant, doivent commencer à la maison, où le fidèle de la communauté chrétienne israélienne va mesurer l’effort du gouvernement à lutter contre les crimes de haine envers les minorités. Pour les chrétiens et autres minorités qui vivent sous la menace de l’extrémisme islamique, les chances d’une aide publique pour Israël diminuera aussi longtemps que la question palestinienne demeure. Mais si la région continue à se diviser le long de lignes sectaires et religieux, les minorités du Moyen-Orient devront de plus en plus obligés de se serrer les coudes.
L’auteur Danny Nisman est le Président du groupe Levantine, un cabinet de Conseil géopolitique basé sur Tel-Aviv. Vous pouvez le suivre sur Twitter @Dannynis.
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