“Si les Iraniens ne veulent pas discuter avec nous, on chantera !”

rita babel
rita babel med
 
Israélienne d’origine iranienne, la chanteuse Rita réussit à faire le lien entre deux nations aux relations tendues grâce sa douce musique ethno-pop. C’est un message d’amour et de fraternité qu’elle lance à travers ses recueils de chansons en persan, en hébreu et en anglais. L’ode à la paix de la “Madonna Israélienne” est née en Israël, et traverse désormais les frontières pour se retrouver dans les rues iraniennes. 
 
Son actu, c’est sa participation à l’événement Babel Med à Marseille, le Marché international professionnel de musique du monde. Elle chantera le vendredi 21 mars au Docks des suds. Nous avons eu le plaisir de la rencontrer le temps d’une interview. 
 
 

Vous êtes à la fois Israélienne et Iranienne. Vous avez quitté l’Iran enfant, avec votre famille, direction Israël. Quels sont les souvenirs que vous en gardez ? Et dans votre vie quotidienne, comment gérez-vous cette double identité ?

Rita : Chacun d’entre nous possède plusieurs identités. Certaines femmes, par exemple, doivent être à la fois femme, mère, amante… Je ne suis donc pas la seule à devoir gérer ce phénomène que je trouve très enrichissant. 

J’ai effectivement rapporté pas mal de souvenirs d’Iran avec moi : l’école, les professeurs, les autres enfants… Mais je pense que ces souvenirs se fondent avec ma vie ici, car je suis le produit d’un mélange.

 

Votre musique semble combler les lacunes de la diplomatie. Elle fait le pont entre Israël et l’Iran. La musique – et la culture en général – pourrait-elle apporter la paix ? Ou, en tout cas, un apaisement des relations ?  

Rita : Ma mère était obsédée par la musique. Elle chantait tellement que sa voix est devenue le cœur de notre famille. J’ai senti à un moment que j’avais le besoin d’enregistrer toute cette musique, qui avait bercé mon enfance.

Et l’impensable s’est produit : ma musique a été acclamée en Israël, mais pas seulement. Mon public s’est aussi constitué de beaucoup d’Iraniens, qui ont été touchés par mes chansons.

Après ma prestation à l’ONU l’année dernière, le secrétaire général Ban Ki-moon m’a confié “vous êtes l’ambassadrice d’une jolie révolution. La musique a un rôle à jouer dans ce monde car elle est capable de connecter les gens entre eux”.

Et c’est vrai, la musique n’a pas de parti, elle échappe aux logiques politiques souvent négatives. Elle apaise tous ces gens qui demandent simplement à vivre normalement, en paix.

 

Votre public en Iran est considérable ; vous y êtes très populaire. Avez-vous la possibilité d’être en contact avec vos fans ?

Rita : Je reçois du courrier iranien très régulièrement, ce qui me procure une joie immense. Je réponds parfois par courrier postal ou par mail, d’autre fois au téléphone, mais c’est risqué pour eux… Je sens qu’ils me connaissent vraiment, nous n’avons pas de frontières entre nous.

D’ailleurs, le président israélien Shimon Perez m’a dit : “si les Iraniens ne veulent pas établir de communication avec nous, on chantera !” 

 

Comment vos chansons persanes sont-elles reçues en Israël ?

Rita : Ma musique est un mélange d’hébreu et de persan ; je combine ces deux répertoires pour en faire quelque chose d’hybride, qui me ressemble. Et j’ai 9 musiciens géniaux à mes côtés, qui ont des instruments très spéciaux.

Au début, quand j’ai parlé à mes amis de ce projet, ils m’ont dit que j’étais folle, que personne n’écouterait ça. Mais quand ils ont écouté mes chansons, ils ont adoré ! Et j’ai beaucoup de retours positifs sur ce que je fais, ici, en Israël. Notamment des Israéliens d’origine iranienne, qui me disent qu’ils sont fiers de leurs racines grâce à moi. 

 

Que pensez-vous du documentaire à votre sujet d’Ayal Goldberg qui sera diffusé lors du Festival Babel Med ?

Rita : Lorsque je l’ai visionné pour la première fois, j’ai eu l’estomac noué, je me suis sentie submergée par l’émotion. C’est très personnel, et je suis heureuse du résultat. Cela restera pour toujours. Nous avons commencé le film alors que je chantais pour la première fois en persan. Jamais je n’aurais imaginé être là où j’en suis aujourd’hui.

Rita sera en concert le vendredi 21 mars au Docks des suds, 12 rue Urbain V – 13002 Marseille 


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