La lutte antiterroriste est-elle vouée à l’échec ?

isis

Ces derniers jours, nous avons été touchés par une vague d’événements tragiques à travers le monde – attentats sanglants dans les locaux d’un journal et dans un supermarché casher à Paris par des extrémistes islamiques, un horrible massacre au Nigéria par le groupe Boko Haram, la capture d’innocents par ISIS, et il y a quelques jours un  coup d’Etat au Yémen orchestré par des insurgés chiites. Alors que toutes ces histoires ne cessent de défiler sur nos écrans, je suis obligé de reconnaître le dénominateur commun. Certes de nombreux progrès ont été réalisés en dix ans depuis la naissance d’une réelle volonté internationale en matière de lutte antiterroriste. Cependant, les premiers obstacles rencontrés furent sources de faiblesses et aujourd’hui entravent la lutte contre ceux qui cherchent à mettre à genoux les sociétés démocratiques. Durant la dernière décennie, des obstacles sont apparus au niveau diplomatique et politique et les normes universelles, qui devraient être mises en œuvre, ne le sont pas toujours.

Pour beaucoup, le péché originel date du 28 septembre 2001, lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté sa résolution historique 1373. À l’époque, d’aucuns pensaient que cette résolution permettrait d’aboutir à une solution généralisée puisqu’elle devait être obligatoire en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et contenait de nombreux éléments nécessaires pour cimenter la coopération internationale.

Cette résolution 1373 exige notamment des États de lutter contre le financement des actes terroristes et contre l’implication de leurs citoyens dans les actions terroristes, de refuser de donner « refuge » à des terroristes, d’empêcher leurs mouvements sur leurs territoires, de les traduire en justice, ou encore d’accroître la coopération avec les autres États vers ces efforts.

La feuille de route était donc claire, mais malheureusement, la route elle-même fut compliquée. Pourquoi? Parce que les Etats qui sponsorisent le terrorisme n’ont pas l’intention de coopérer. Nous devons pourtant trouver un moyen de les forcer et une solution doit être véritablement trouvée. C’est une préoccupation centrale puisque les menaces et les intimidations de la part des extrémistes djihadistes, et leurs soutiens, mettent directement en péril les fondements des sociétés démocratiques.

De plus, au-delà de la mise en œuvre de la résolution 1373, la communauté internationale doit encore répondre à deux questions fondamentales et bien plus problématiques en matière de lutte antiterroriste: la définition du terrorisme lui-même et la lutte contre la diffusion des idéologies qui l’encouragent. Ces deux aspects provoquent autant de désaccord que de coopération de la part de pays qui pourtant partagent globalement les mêmes opinions.

Les État qui sponsorisent la terreur ont longtemps profité de ces lacunes. L’Iran, bailleur de fonds de l’insurrection chiite récente au Yemen, est l’exemple le plus flagrant. En outre, les groupes terroristes sous la tutelle de l’Iran, à savoir le Hezbollah et le Hamas, se sont extrêmement développés. Il a d’ailleurs fallu des années pour que le Hezbollah soit enfin désigné par l’Union européenne comme une organisation terroriste. J’ai participé à l’effort initial en 2004, qui a abouti en 2013 à la suite de l’attaque du Hezbollah qui a tué cinq Israéliens à Burgas, en Bulgarie. Auparavant, de nombreux débats avaient eu lieu quant à savoir si un groupe terroriste engagé dans une activité politique peut être qualifié de terroriste ou non.

De manière générale, les défaillances de la résolution 1373, et d’autres faiblesses diplomatiques, ont une responsabilité directe dans les attaques, de différentes envergures, qui ont eu lieu depuis son adoption en 2001. Les événements en France, au Nigeria, en Syrie, au Yémen et ailleurs ne sont que les exemples les plus récents. Il est peu probable qu’ils seront les derniers.

Cependant, comme lors de toute tragédie, il est nécessaire de maintenir une lueur d’espoir. Une consolation peut être d’ailleurs trouvée dans le fait que même si ces fous et leurs semblables cherchent à nous mettre à genoux, ils sont au contraire devenus la cause de notre lutte. A présent, nous devons poursuivre cette lutte, rester fidèles à nos principes et continuer à nous battre sans aucune hésitation.

 

Texte de Yehuda Yaakov, consul général d’Israël à la Nouvelle-Angleterre au Nord-Est des Etats-Unis, traduit de l’anglais.