Hatufim – La version israélienne qui a inspiré la série à succès Homeland

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Homeland, l’une des nouveautés les plus remarquables de cette rentrée 2011, s’achève la semaine prochaine aux Etats-Unis après 12 épisodes d’un thriller psychologique qui a déjà été renouvelé pour une deuxième saison. Cette production que l’on doit à Howard Gordon (24 Heures Chrono) et Alex Gansa (X-Files) est adapté d’une fiction israélienne intitulée Prisoners of War (Hatufim en hébreu) dont la grande qualité mérite qu’on s’y arrête un instant.

Suivant la bonne idée d’HBO qui avait importé Be Tipul pour en faire In Treatmentavec Gabriel Byrne il y a quelques années, sa concurrente Showtime s’est elle aussi tournée vers Israël pour y trouver un sujet capable d’être décliné aux Etats-Unis. Gordon et Gansa ont travaillé sur la paranoïa entretenue par les différents présidents de leur pays depuis des décennies et offrir un tableau pessimisme de la situation sécuritaire dix ans après les attentats du 11-Septembre.

Dans Prisoners Of War, l’histoire est sensiblement différente même si plusieurs ingrédients sont repris et adaptés à la mode américaine. Trois soldats de Tsahal ont été détenus pendant 17 ans par des islamistes et, après de longues négociations, sont libérés par leurs ravisseurs. Seuls deux, Uri et Minrod, ont survécu, le troisième ayant péri lors de sa captivité.

L’histoire imaginée par Gideon Raff fait bien sûr penser à celle vécue par le soldat franco-israélien Gilad Shalit enlevé en juin 2006 et libéré au mois d’octobre dernier, occupant la une de tous les journaux et dont le retour avait été retransmis en direct sur de nombreuses chaînes de télévision. Cette libération ne doit pas faire oublier que le phénomène de prisonniers de guerre est une préoccupation majeure en Israël puisque environ 1.500 soldats vivent actuellement dans le pays après avoir été retenus captifs.

Comme le dit Raff: “nous sommes très préoccupés par leur retour et par le prix qu’il en coûte, mais peu de gens imaginent ce qu’il se passe ensuite, le lendemain” de leur remise en liberté. C’est à cette question qui n’avait jamais été abordée que le scénariste israélien tente de repondre avec une grande finesse et une profonde subtilité. Deux aspects de cette libération des otages se heurtent alors assez violemment.

La première est la réintégration des prisonniers au sein de leur famille après une absence aussi longue, presque une génération. La vie de trois femmes est alors explorée: Talya, l’épouse de Nimrod, une mère qui approche la cinquantaine et élève ses deux enfants adolescents. Nurit, une mère d’une quarantaine d’années, qui aurait dû se marier avec Uri et qui a finalement épousé son frère. Yael, une trentenaire dont le frère est décédé en captivité quelques années plus tôt. Comment vivre ce retour inattendu ou dans le cas de Yael cette absence douloureuse ?

A cette situation aussi compliquée qu’embarrassante (le temps a continué sa course pour les membres de la famille alors qu’il s’était arrêté pour les prisonniers), s’ajoute la crainte des services de la sécurité israélienne que les ex-détenus aient livré des informations compromettantes ou pire qu’ils aient été “retournés” par leurs geôliers. S’en suivent des interrogatoires tendus où la méfiance imposée par l’intérêt national flirte avec la paranoïa…Lire la suite

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