Israéliens et Palestiniens pleurent la disparition d’un rabbin

Menachem Froman

Menachem Froman

Le rabbin Menahem Froman s’est éteint il y a une semaine à l’âge de 68 ans, après trois longues années de bataille contre le cancer, laissant derrière lui un vide chez des fidèles et des supporteurs de tout horizon.

Apprécié par la droite autant que par la gauche israélienne, dans le monde arabe comme au sein des mouvements sionistes religieux, une foule qu’à priori tout oppose, pleure “comme un seul homme, comme un seul coeur” la mort du “colon pour la paix”, du rabbin, du chef spirituel, Menahem Froman

Pionnier du mouvement hassidique sioniste, deux termes souvent considérés comme antagonistes en Israël, le Rabbin Froman, l’artiste, le poète, le militant pour la paix a servi l’armée de défense israélienne en tant que parachutiste en 1967 lors de la libération du mur occidental et a étudié au sein des très radicaux centres d’études Merkaz Arav et Yeshivat Akotel.

Ordonné par le rabbin Shlomo Goren en personne (mythique rabbin de Tsahal qui sonna le shofar-la corne mystique- lors de la libération de Jérusalem en 67), le rabbin Menahem Froman reste considéré comme très modéré politiquement.

En effet, en dépit de son opposition à la suppression des territoires disputés pour des raisons éthiques, il établit des liens étroits avec les dirigeants palestiniens et musulmans avec qui il ne cessa de chercher une formule qui permettrait la coexistence et ouvrir une voie à un accord de paix.

Alors que dans les deux camps certains considèrent la religion comme un motif de guerre, le fondateur d’Eretz Shalom (Terre de Paix) mena jusqu’à son dernier souffle une bataille sans merci pour la réconciliation des frères ennemis.

À l’unisson, le très contesté Shalom Ahchav (mouvement de “La Paix Maintenant”), le conseil de Yesha ( acronyme de “conseil de Judée Samarie et Gaza”) mais aussi l’ancien chef militaire et rabbin Avichai Rontzki pleurent et regrettent celui qui, disent-ils, avait “l’innocence d’un enfant” et Rontzki de rappeler “quand j’ai servi comme rabbin et chef militaire, il offrait son aide à l’armée israélienne avec les Palestiniens, parce qu’il vivait dans un tout autre monde et ne cessait de clamer que les deux camps pouvaient chanter” Allah Akbar “(Dieu est grand) ensemble afin d’obtenir la libération du caporal Shalit’.

Froman, le grand rabbin de la colonie de Tekoa, dans le Goush Etzion (Judée-Samarie), était une figure bien connue parmi ses voisins dans les villages palestiniens mais cela n’a jamais réduit son statut aux yeux de la population des territoires.

Naftali Bennett, président du parti sioniste religieux Habayit Hayehudi (le Foyer Juif) rend hommage sur sa page Facebook à “un amoureux de la paix, à un chercheur de paix, à un Juif au coeur énorme”.

Tzipi Livni (Likud) déplore le départ “d’une personne spéciale qui a vécu au-delà des frontières sans tenir compte des conventions (…), qui n’a pas agi sur des symboles politiques mais par amour de l’homme.”

Quand son cancer fut diagnostiqué en 2010, comme la tradition juive le veut, il ajouta une particule à son nom “Hai Shalom” (Paix vivante).
Une veillée funèbre fut organisée par près de 200 de ses élèves dans le jardin de sa maison où il avait l’habitude de donner chaque dimanche soir des leçons sur le Zohar, livre de mystique juive.

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