Le mythe omniprésent selon lequel les Juifs contrôleraient l’industrie américaine du cinéma a été la source d’inspiration de l’un des segments du comédien Seth McFarlane à l’occasion de la dernière cérémonie des Oscars pour lesquels il assurait le rôle de présentateur.

En effet, le sketch écrit et joué par le comédien a fait couler énormément d’encre Outre-Atlantique en raison de son caractère largement controversé, jugé raciste et antisémite par certains.

Commissionné par l’Académie américaine afin d’ajouter une dimension relativement jeune et irrévérencieuse, l’artiste de 39 ans a choisi d’évoquer la communauté gay, les femmes ou encore le poids de la chanteuse Adèle, mais c’est surtout l’idée que la communauté juive américaine tirerait les ficelles à Hollywood qui s’est imposée comme thème récurrent tout au long de la prestation de Mr McFarlane.

Lors de l’un des segments introduisant les nominés pour l’oscar du meilleur acteur écrit par le présentateur, l’ours en peluche Ted, personnage du film éponyme sortit il y a quelques mois dans les salles, demandait à son co-présentateur, Mark Wahlberg, “Tu sais ce qui est intéressant? Tous ces acteurs que je viens de nommer sont en partie Juifs”, en référence à Joaquim Phoenix, Alan Arkin et Daniel Day-Lewis. “Et toi?” Il y a un ‘berg’ à la fin de ton nom. Est-ce-que tu es Juif?”, a t-il ajouté. Mark Whalberg, étant Catholique, a répondu négativement, ce à quoi la marionnette, poursuivant d’après le script composé par Seth McFarlane, a murmuré “mauvaise réponse. Essaie encore une fois”.

L’ours en peluche, porte-parole du présentateur, a expliqué que son but était de s’établir à Hollywood et que pour cela, il lui serait nécessaire de se faire bien voir auprès des influents représentants Juifs au sein de l’industrie du cinéma, affirmant ensuite que son vrai nom n’était pas Ted mais “Théodore Shapiro”, et qu’il souhaiterait “effectuer un don à Israël afin de continuer à travailler à Hollywood pour toujours”, avant de poursuivre en affirmant qu’il recevrait un avion privé au “prochain rendez-vous secret à la synagogue”, en référence au “petit club” de “Juifs privilégiés”, présentés comme dominant dans le milieu du cinéma américain.

Ce lundi, la Ligue Anti- Diffamation (ADL) a qualifié cette prestation d’”offensive et pas le moins amusante”, ajoutant qu’il était “triste et décourageant que les awards cherchent à employer d’anciens stéréotypes anti-juifs à des fins humoristiques”. Bien qu’il semble peu probable que les artistes habitués des Oscars les aient pris au sérieux, l’organisation s’inquiète de l’impact que ces commentaires pourraient avoir sur des spectateurs internationaux, peu familiers de ce milieu ainsi que des stéréotypes infondés qui y circulent.

Des représentants du Centre Simon Wiesenthal, spécialisé du racisme aux États-Unis et de l’Holocauste, ont déclaré qu’il était “regrettable qu’à une époque où l’antisémitisme est si prépondérant à travers le monde, que Seth McFarlane utilise le pupitre des Oscars, devant un auditoire de plus d’un milliard d’individus, afin de contribuer (à la propagation) du mythe selon lequel les Juifs tirent les ficelles d’Hollywood”.