Une étudiante, de la Courneuve à Tel Aviv

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Elle habite à la courneuve. Arrivée première à un concours de langue, Moulka est  parachutée depuis Paris  un jour d’automne  à l’université de Tel aviv.
Un peu yeux ronds toute neuve arrivée dans un monde inconnu,  elle essaye de s’adapter à sa nouvelle vie étudiantine.
Loin des bancs de sa Sorbonne natale, elle se surprend à évoluer dans les allées d’un campus tout droit sorti de la série Beverly Hills.
Les étudiants viennent du monde entier. Le savoir  n’a pas de frontière.
Au contraire de ce qu’elle voyait à la télévision en france,  ici israéliens juifs et arabes se parlent se côtoient mangent rient et étudient ensemble.
Ne lui a- t-on pas montré Israël divisée déchiré partagée, les juifs , les arabes ?
Ici rien ne laisse supposer ce genre d’images.
Je rencontre Moulka. Je me passionne pour les langues. Comme elle. Les langues sémites. Nos langues soeurs. Il était normal qu’on se rencontre à la source, au berceau.
Un peu sceptique, entravée de préjugés acquis en  banlieue parisienne , Moulka est  alpinguee par Shiran une jeune israélienne. Elle ne sait  si elle doit lui parler sourire ou ne pas répondre. L’ignorance nous installe dans des cases et nous  formate. Puis  la vie  nous rattrape.

Nous devenons complices puis copines puis amies. Nous habitons  à Tel Aviv. Shiran nous présente ses amis. Il  y a des juifs des musulmans des chrétiens. Nous sommes maintenant un petit groupe. Loin des tours de la Courneuve Moulka a le vertige. Elle se met à rêver sa vie ici. Impossible n’existe pas. Tel est le slogan israelien.  Un vendredi soir, jour de sorties, jour de fêtes en Israel,  Shiran nous invite. Il y a aussi Amal une arabe israelienne de Haifa. Tous allons fêter l’anniversaire de Guy un israelien juif.

Juif arabe arabe juif c’est ici au coeur du conflit que le conflit n’existe pas. Moulka me dira être estomaquée. Des discours haineux qu’on a pu lui  raconter. “Si seulement ils pouvaient  voir. Si seulement je pouvais leur dire!  ici les ressentis sont apaisés” me dira-t-elle, les yeux troubles. La politique n’a pas lieu d’être au pays du soleil et le ciel  n’a finalement  pas de frontieres. Nous avons passé trois ans. Trois  ans d’amitié tellement banale en Israel, si  improbable en France.
Depuis Moulka est rentrée à Paris. A la Courneuve, elle n’a rien dit.

Moulka  se rend une fois par an en Israel pour retrouver ses amis, juifs Arabes. A Jaffa, ils fument le narguilé. Ils comparent leurs langues cousines et leur coutumes fraternelles. Et oublient leur dieu le temps de vivre un peu en paix.

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