Tous contre la tunisienne Nadia El-Fani ?

“Si je me rends en Israël, c’est car je sais qu’il y a là-bas des gens avec qui l’on peut dialoguer” dit-elle sans complexes.
Cinéaste, pionnière de la laïcité, chantre de l’athéisme et du communisme dans un pays ou l’islam est la religion d’Etat, Nadia El-Fani affirme qu’elle est une femme libre. La réalisatrice du très controversé “Ni Allah ni maitre” s’est rendue en Israël le mois dernier à l’occasion d’un forum sur la démocratie et la religion.

Réactions.

Un groupe Facebook a été créé : “Tous contre Nadia El-Fani”. Aux coalitions salafistes qui ont pénétré la salle de cinéma de Tunis lors de la première pour mettre un terme à la projection, elle avait proposé avec beaucoup de sérénité : “Regardez le film pour ensuite donner votre point de vue”. Ils ont refusé. Ce n’est pas un secret : Nadia El-Fani s’attire les foudres du pouvoir religieux au pays qui fut le chef de file des Révolutions arabes.

Elle est partie faire entendre sa voix à Tel-Aviv, défendre le droit des femmes face à l’intégrisme religieux. Main dans la main avec l’historienne israélienne Haviva Pedaya, Pascal Bruckner, philosophe français, Delphine Horvilleur, femme rabbin et journaliste française, membre du Mouvement juif libéral de France, et Tamar Rotem, un journaliste du journal israélien de gauche Haaretz… ils ont posé le débat en toute transparence, à la veille des élections en Tunisie.

Malgré les innombrables menaces de cinéastes tunisiens qui se disaient “choqués” par cette attitude “scandaleuse”, elle clame : “Je défends la laïcité et c’est pour moi un principe universel auquel je ne vois aucune raison qu’Israël fasse exception. Je défends le droit à la citoyenneté partout, sur tous les territoires… Et l’égalité des droits pour toutes et tous. Partout. Je pense que ce n’est pas si mal d’aller le dire là-bas, en Israël”.

Son film sorti dans les salles obscures en septembre 2011 a connu un succès impressionnant en France et même en Israël… mais devant les tollés qu’il a levé dans le monde arabe, elle a choisi de renommer “Ni Allah, ni maitre” en “Laïcité, inch’Allah”.


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