Aliza Caspi, 25 ans, Danseuse et Barmaid, 4430 Shekels (911€) par mois.

Aliza lors d'une répétition à Tel-Aviv

Un an après la naissance de la révolte des Indignés israéliens –mouvement d’action sociale contre la cherté de la vie en Israël- nous lançons une grande étude sur le pouvoir d’achat de tous les israéliens.

Combien gagnez-vous ? Comment dépensez-vous ? Chaque semaine (ou presque), Coolisrael décortiquera les dépenses d’un ou d’une volontaire et fera le point sur son pouvoir d’achat. Plagiste, avocat, joueur de poker, prof, kibboutznik, artiste, pompier, nouvel immigrant, soldat, rabbin, fonctionnaire, vendeur de fallafels ou milliardaire, votre argent nous intéresse !

Pour participer à la rubrique “Zoom sur le portefeuille des israéliens”, contactez la rédaction de Coolisrael. Libre à vous de rester anonyme ou non et de nous envoyer une photo de vous ! Racontez comment vous gérez votre budget, présentez votre profession, votre parcours, ce que vous aimeriez changer… Notre première participante s’appelle Aliza, elle est danseuse. A vous !

Aliza lors d'une répétition à Tel-Aviv

Aliza a deux amours : la danse et sa joyeuse bande d’amis. Un véritable électron libre qui n’aspire qu’à vivre de la danse contemporaine.

Aliza est danseuse professionnelle, reconnue pour sa constance et son enthousiasme, mais la belle artiste ne gagne néanmoins pas sa vie grâce à cette discipline.

C’est justement cette précarité qui nous a permis de rencontrer, à plusieurs reprises, la jeune femme toujours très affairée dans ce bar du centre de Tel Aviv. Entre deux commandes de Margarita, la belle israélienne a accepté de dévoiler son porte-monnaie à Coolisrael, entre budget serré et galères qui taisent leur nom.

=> « Difficile avec 4430 NIS/mois de ne pas songer à tout laisser tomber ! »

La jeune Aliza espère que son témoignage montrera « que les jeunes font tout leur possible, ici à Tel Aviv, pour faire entendre leur voix et qu’il est possible de s’en sortir, même en exerçant un “métier-passion”…et ce, même par intermittence».

“L’argent? Ce n’est pas important” nous confie d’emblée cette esthète. Elle ajoute d’ailleurs, avec beaucoup de  bon sens,qu’avec un budget qui varie constamment, on apprend forcément à naviguer à vue. Mes amis m’ont convaincue que je devais continuer à exercer mon art, que c’était trop bête d’abandonner, je danse depuis

Le Bar d'Aliza

toujours”.

SES SOUS EN POCHE ?
Pas du genre à les compter ou à suivre religieusement sa trésorerie, Aliza C. explique ceci : “La seule chose qui me pose problème avec l’argent que je gagne, c’est que j’ai l’impression de ne travailler que dans un but immédiat… Mais, je ne dois pas être la seule, pas vrai ?”.

« Never explain, never complain » disait Disraeli (sic).

SON COMPTE BANCAIRE & SON PARCOURS :
Aliza sait bien ce que travailler dur signifie. La jeune femme a suivi un cursus danse-études en horaires aménagés, affûté à coup de castings, de répétitions mais aussi fignolé par de longues soirées à fouler le sol de ce bar animé du centre.

Beaucoup d’efforts et (mais?) un Revenu de 4430 NIS par mois, tips inclus.

La jeune femme travaille jusqu’à 4 services par semaine, “le temps de voir venir” ajoute-t-elle, prévoyante. Son activité de danseuse a probablement facilité son embauche. En réalité, pour son manager actuel, c’était tacitement du donnant-donnant, s’épanche-t-elle : “Mettre de l’ambiance, c’est plus qu’une simple mission, c’est un véritable métier. Epuisant lorsqu’il s’agit de combiner, certains jours, mon gagne-pain à ma passion, la danse”.

DEPENSES : Loyer 3200 NIS divisés par les 2 amis

Il y a quelques mois de cela, Aliza vivait encore en famille. Une famille recomposée qui s’est installée au début des

Le studio d'Aliza au centre de Tel-Aviv

années 90 dans une résidence du centre de Bat Yam.
Dans cette petite ville, à la densité record, les voisins ne manquaient jamais, dit-elle, de la convier à animer les soirées festives, à mettre son grain de sel dans les décors de fêtes et mariages.
“J’étais un peu la coqueluche de tout le monde à Balfour, l’artiste de service, en quelque sorte ! Il faut dire que tout le monde se connaît plus ou moins là-bas, si j’avais dû être payée aux nombres de projets montés pour mes proches, je ne vivrais certainement pas en Colocation aujourd’hui…!”.

=> La colocation, c’était avant tout l’idéal pour quitter le domicile familial mais aussi l’unique possibilité de faire partie du Club – de plus en plus fermé – des habitants de Tel Aviv intra muros. Ce qui était alors un objectif, voire une fin, est vite devenu le principal poste de dépenses, selon la théorie du cercle vertueux.
C’est aussi le prix à payer pour ne plus dépendre des proches et des parents, en particulier.

Au loyer, ajoutons le décorum des charges fixes.

L’électricité lui coûte quelque 220 NIS tous les 2 mois et l’eau : près de 200 NIS à fréquence identique. => Soit 105 NIS par mois et pour chacun des 2 colocataires.
Impôts : Aliza n’est pas encore imposable sur ses revenus, en revanche, elle est soumise à 200 NIS au titre d’équivalent de la taxe d’habitation auxquels il faudra ajouter 33 NIS mensuels de taxe TV.
– L’assurance habitation lui coûte, quant à elle, moins de 60 NIS.

LES DEPENSES, Suite :

– Courses et alimentation :
900 NIS et Aliza s’efforce réellement de ne pas dépenser davantage. Pour cela, elle surveille vaguement ses comptes en ligne dès le 15 de chaque mois. « Pas avant, c’est une question de savoir-vivre ! ».
– « Ma carte de bus me coûte 120 NIS »
– Le forfait mobile Sellcom coûte, lui, un peu plus de 100 NIS.
– Quant au câble et forfait internet, Aliza attend encore que HOT propose un forfait téléphonie fixe à tarif qu’elle ne pourra plus bouder. En attendant, faute de mieux, elle continue de débourser pas loin de 250 NIS pour un vrai confort dans sa chambrette : haut débit et chaînes spécialisées pour la danseuse.

Dépenses de Santé : 0 NIS
La jeune femme n’a pas de frais de santé, ou alors «exceptionnellement», et ce, bien que son corps soit parfois mis à rude épreuve. « Pas encore l’âge de songer au lendemain », sourit-elle.

CREDIT ET COMPAGNIE :

Aliza a souscrit à un crédit à la consommation consenti par son conseiller bancaire pour lui donner un coup de pouce peu avant son installation : il lui en coûte 350 NIS par mois.

– Ses grands-parents lui offrent des cadeaux « utiles » : linge de maison et vaisselle.
– La laverie (plus pour longtemps, nous précise-t-elle en désignant du doigt l’emplacement dédié au futur lave-linge) : 110 NIS

LES PLAISIRS : “Tantôt le plaisir, tantôt l’épargne!”

Vous l’aurez compris, Aliza n’a rien d’une Diva mais il y a quelques luxes auxquels elle n’entend pas renoncer, du moins, pour le moment.
– Cette dernière consacre 350 shekels par mois dans ses sorties, dont la plus vitale d’entre elles reste inévitablement le théâtre. “Ça fait partie intégrante de mon travail d’aller voir des pièces”.

– Produits de beauté : 200 NIS, selon les mois. C’est « la variable d’ajustement » de son budget.
Son conseil tout personnel : “Tantôt le plaisir, tantôt l’épargne: l’un pour les mois pairs, le second pour les mois impairs”, s’amuse-t-elle.

LES VACANCES ET LES WEEK-ENDS ?

Pas les moyens : mais Aliza n’en fait aucun cas et prend les choses avec beaucoup de philosophie.
L’essentiel de ses loisirs consiste à répéter, seule ou collectivement, mais toujours en musique et parfois au grand air. “Une fête permanente, même si cela exige beaucoup de rigueur en parallèle”.
Elle ne travaille pas encore pour une compagnie : danseuse indépendante, Aliza est engagée au projet. Trop rarement, selon elle.

Les carrières en danse contemporaine sont courtes et les incertitudes illimitées.
“Resterai-je Barmaid toute ma vie? Après tout… quelle importance?”.

Depuis Février dernier, Aliza goûte donc aux joies de la liberté, sans contraintes horaires, ni parents sur le dos. Une liberté qui a un coût, mais une indépendance qui n’a pas de prix.


 

Le concept vous plait ? Vous avez aimé découvrir le budget d’Aliza en détail ? Partagez votre histoire avec les 70 000 lecteurs de Coolisrael !

–          Ecrivez-nous en quelques lignes : votre nom (ou restez anonyme), votre âge, vos revenus (salaires, honoraires, cadeaux d’anniversaire, rentes…), vos dépenses (logement, alimentation, vêtements, déplacements, tabac, etc…), et quelques mots sur votre quotidien (difficultés, aides, ce que vous aimeriez voir changer)

–          Envoyez-nous une photo de vous (sauf si vous optez pour l’anonymat !)

 


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