Ca se passe en Israël : Le Glam façon Ultra-Orthodoxe

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Comme en écho à Naama.

C’était en  décembre dernier, souvenez-vous.  Naama Margolese, la petite israélienne du monde ultra-orthodoxe  est molestée par les dépositaires de la loi de la Thora. Sa faute ? Une tenue jugée « immodeste ». Une affaire d’intolérance qui secoue encore l’opinion israélienne.

Pourtant une brèche est faite et un espoir naît dans la tête des rêveuses respectueuses des mêmes lois religieuses.

Ce sont des mères trentenaires, vouées à l’éducation des enfants, au maintien de la maison et bercées depuis l’enfance dans le respect des lois de la Thora. Elles construisent leur destin  en alliant  maternité, enfants, religion.

Photos par Michal Fattal parues dans Grazzia du 03/05/2012

Naama, ou  l’histoire d’une gamine et de ses vêtements trop peu ou trop pas.

Elles s’appellent Miri, ou Gili. Mères de quatre, et de six enfants. Elles ont 30 ans à peine. Elles sont considérées appartenir au monde des ultra orthodoxes.

Pourtant rien ne justifie qu’elles sacrifient leur passion sur l’autel de la religion. Alors le choix est fait. Les fonds récoltés. Leur destin retracé.  L’élégance fera partie de leur quotidien. Pour le prouver, autodidactes, elles s’attèlent au dessin et au graphisme modélisme. Le crayon au bout des doigts, les étoffes viennent d’Italie. Une Première dans le monde religieux si  imperméable à la modernité profane.

Elles ont dessiné, crée, fabriqué, découpé, cousu leurs propres collections. Mieux encore : un défilé. Le tapis rouge à Tel Aviv. Des mannequins parachutés de Londres, de Paris et  de New York, en coulisses, éberlués, participent au défilé le plus historico-religieux  de leur carrière. On s’agite, on se rassemble. La musique est lancée.

Les collections, religieusement correctes, couvrent genoux, coudes et clavicules. Les cheveux ne sont pas tirés, coiffés ou teintés. Non. Ici, les perruques reprennent leur force. On ose les mèches, la longueur et les reflets.

Des robes, des jupes, des corsets. On frôle les limites sans jamais les atteindre. Les tissus sont fluides, les couleurs crépitent. On croirait un remake des robes de Vivien Westwood.  La musique : « Je marche seul » de Jean-Jacques Goldman, un clin d’œil.

Gili Levinstein, ultra orthodoxe, la directrice artistique du magasine Stylish, est dans les coulisses. Enceinte de quatre mois et un bébé sous le bras, elle téléphone au photographe américain Keith usant  d’inventivité pour respecter les codes des photos présentables.

Le public, exclusivement féminin vient de tout le pays. On s’affaire. Miri Beilin reconnue depuis peu comme la styliste star du monde ultra orthodoxe ose.  Pas même la rumeur d’un veto des autorités rabbiniques pour un évènement qui se veut contraire aux lois de la modestie dédiée à la femme. Le défilé prend vie. Il fera la Une d’un quotidien israélien. Comme un miracle sur la scène du théâtre de Tel Aviv, l’antre du profane et de la laïcité.

Miri et  Gili, produits de la nouvelle bourgeoisie religieuse israélienne, sans renier leur modèle, leur foi et leur pratique, ont réussi le pari. Non celui de provoquer ou de se révolter. A l’instar du défilé, elles mêlent avec brio la contradiction d’un mode de vie ancestral et  l’épicurisme de la société israélienne laïque. Fières d’appartenir au monde de la Thora, comme en écho à Naama,  Miri et Gili nous offrent ici  le spectacle de l’ouverture, de la tolérance.

Une autre manière de comprendre Israel


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