Déjéctions canines et romance telavivienne

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Lundi. 7h du matin. Des pleurs saccadés et continus remontent du couloir. Je me suis encore couchée trop tard. Chaque soir, c’est la même parade, les bars telaviviens me font les yeux doux et je succombe, aspirée hors de chez moi par le sex-appeal de cette ville enfiévrée. Me voilà donc ce matin, les yeux collés par le mascara de la veille et la bouche pâteuse, ne pouvant échapper à la plainte sourde de mon chien: “toilettes!!!! Maintenant!!!”. Je m’extirpe alors tant bien que mal de mon lit et dans un râle à réveiller les morts du cimetière de Yaffo 14 km plus loin, j’enfile une robe en maudissant Tshuka, mon horripilant mais néanmoins adorable cabot.

Je déglutis un café noir en 15 secondes chrono et manque de me cautériser le larynx pendant que Tshuka, cette mégère, me laboure les mollets: “allez viens on sort, on sort, on sort, on sort, on sort, on sort, on sort”. Ok. On sort.

Apaisée par les doux rayons du soleil, j’en oublie ma mauvaise humeur matinale et déambule gaiement, la petite aux talons. Il y a les cafés de quartier, la humusia ou de vieux yemenites engloutissent pitot et plats à base de pois-chiche dès 8h le matin, les bougainvilliers embaumants et imposants qui caressent et grimpent sur les murs de vieilles maisons typiques aux volets bleus, jaunes ou orangés.

Tshuka jubile et trottine l’air altier, elle aboit, enjouée pour saluer bassets, beagles, pinshers, caniches, bouledogue anglais et autres labradors qui croisent notre route. Les maîtres de chiens quant à eux échangent des sourires et des “eize hamuuud!” (comme il est mignon!). Il faut savoir que le chien à Tel Aviv est l’outil social par excellence. Formidable prétexte pour engager la conversation avec une jolie israélienne élancée ou un mâle telavivien bien bâti, la méthode de drague canine fait mouche à tous les coups. On se renseigne sur l’âge, la race, le petit nom de la bêbête puis l’on dévie habilement vers les infos relatives au maître. S’ensuit un échange de numéros bien amené, “pour que nos chiens puissent se revoir, ce serait dommage, ils s’amusent si bien ensemble…”.

Ce jour là, je discute depuis 15 minutes avec Itai, à tomber, grand, musclé, bronzé, cheveux bouclés lui tombant dans la nuque, végétarien, activiste dans je ne sais quel ONG de protection de l’environnement. C’est le moment que Tshuka choisit pour nous faire son petit caca. Ce moment hautement glamour ou tu t’enfiles un sac plastique sur la main et ramasse enchantée les défections de ton compagnon à pattes. Mais cette fois-ci, je la joue hi-tech et sort mon nouveau joujou:  le Ashpoopie, technologie qui réduit en cendres les déjections canines instantanément. Le tout sans contact humain et sans pollution environnementale. Itai est impressionné “Waw, c’est beemet eco-friendly!”. Il me sourit de ses 32 dents blanches comme l’ivoire et m’invite à boire un verre au Minzar après sa séance de surf à la plage Blue Bird.

Merci Ashpoopie :)

Illana Attali

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