Aujourd’hui, le monde commémore les 6 millions de victimes du nazisme, le travail de mémoire est le seul rempart contre l’oubli de cette tragédie humaine. Des collégiens de la Mayenne ont réalisé un formidable travail d’historien dans leur commune de Landivy à l’occasion d’une remise de médaille de Juste parmi les Nations le 22 novembre 2015. Une quarantaine de familles avaient accueilli des enfants réfugiés, juifs ou non juifs, pendant la guerre et ont pu être sauvé 70 garçons et 38 filles…
La Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste est une journée du souvenir de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité instituée à initiative des ministres de l’Éducation des États membres du Conseil de l’Europe en octobre 2002 et suivie par l’Organisation des Nations unies.
Par une résolution intitulée « Mémoire de l’Holocauste » adoptée le 1er novembre 2005, l’Assemblée générale a décidé que les Nations unies la célèbreraient chaque année, le 27 janvier, à la date d’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.
Le 27 janvier 1945, forces soviétiques libérèrent le camp d’extermination de Auschwitz-Birkenau, découvrant le plus grand centre de la mort nazi en Europe. Auschwitz est devenu le symbole de la Shoah, qui représente les abîmes de l’inhumanité.
Cependant, lors de cette tragédie unique dans l’histoire de l’humanité, des personnes se sont révoltées contre l’ordre établi et ont bravé les interdits pour sauver des Juifs. Ce sont les Justes parmi les Nations.
En France, le 22 novembre 2015 à La Dorée, les municipalités de La Dorée et Fougerolles-du-Plessis s’est déroulé une cérémonie de remise de médailles des « justes parmi les nations » à titre posthume. Ces médailles ont été remises à Gisèle Legodais, Martine Durand et Gilbert Paillard, les petits-enfants de Valentine et Eugène Paillard qui ont recueilli le jeune Sylvain Algazi (Bonomo) pour le sauver de la barbarie nazie.
“En août 1942, deux frères, Michel et Claude Schach, arrivent en car à Landivy. Ces enfants de 9 et 4 ans viennent de Champigny-sur-Marne et cherchent un refuge. « La famille qui devait nous accueillir n’est pas venue. On a aperçu une dame, qui rentrait du lavoir avec une brouette pleine de linge », raconte Claude, 77 ans. C’était Clémentine Boulanger. Immédiatement, elle et son mari Joseph acceptent de les recueillir.
” C’était petit chez eux, ils ont dû se serrer pour nous accueillir. Pendant trois ans, nous n’avons jamais manqué de rien, nous étions parfaitement heureux. ».
Une cérémonie rendue possible par le travail de Guillemette Geslin, ancienne directrice de l’école primaire. En se plongeant dans les registres de l’époque, elle a découvert qu’une quarantaine de familles avaient accueilli des enfants réfugiés, juifs ou non juifs, pendant la guerre. « Soixante-dix garçons et trente-huit filles », précise le maire, Jean-Pierre Dupuis.
Des élèves du collège Louis-Launay, qui a étudié l’histoire de ces enfants cachés en classe, ont également rendu hommage à ces familles et à ces enfants, en lisant quelques vers, qu’ils avaient écrits pour l’occasion et en voici quelques extraits. Ces élèves de classe de 3ème ont fait un remarquable travail de mémoire, dont voici le texte slamé pendant la cérémonie.
Aux Justes de France – Aux enfants cachés
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ils sont tous recherchés par ces foutus nazis
Mais personne ne sait pourquoi ils sont condamnés
Mais heureusement qu’une partie de ces enfants ont été cachés
Mais ou vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ils partent dans des trains, sans vie
Comment peut-on priver ces enfants de liberté
Des hommes en ont bien compris l’absurdité
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Mais le poète Victor Hugo nous l’a dit
Tous ces enfants doivent être protégés
Par des justes de bonne volonté, ils ont été sauvés” –Alexis
“Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Sur le visage de ces enfants, s’affiche du dépit.
Et, comble du malheur, se retrouvent sans famille.
Une chance leur est donnée à Landivy.
Des Justes, dans cette petite commune les ont accueillis
Ils prennent beaucoup de risques pour ces enfants.
Mais au péril de leur vie, préfèrent se montrer bienveillants.
C’est pour ces honnêtes gens que nous sommes réunis aujourd’hui.“-Audrey
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces jeunes enfants juifs
Que l’on voyait arriver de Paris
Tous des enfants inoffensifs
Ces justes qui ont risqué leur vie
Pour les cacher des Allemands
Ces enfants dont les parents ont été anéantis
Nous nous souviendrons des Justes jusqu’à la nuit des temps.” – Camille
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Cette question que Victor Hugo, en son temps se pose
Sur le travail des enfants et leur enfance gâchée
Aujourd’hui je me la pose pour les enfants cachés
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Et malgré tout leur souci
il leur en a fallu du courage
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Nombreux ils ont été à Landivy ou à Fougerolles du Plessis
Nous pouvons dire un grand merci aux familles qui les ont accueillis
Même si elles ne sont pas toutes là aujourd’hui
Un prix est remis
A leur famille réunie
Pour se rappeler de ce qu’ils ont fait
Pour qu’ils marquent nos esprits à jamais” – Clarisse Coline
‘Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces petits êtres malheureux qui arrivent à Landivy.
Sans parents, sans famille, démunis.
Mais des portes se sont ouvertes pour leur offrir un logis.
Les Justes les cachent, les aident et surtout risquent leur vie.
Ils œuvrent pour leur survie.
Comme les autres, sur les bancs de l’école,
Ils apprenaient à lire et à compter
Comme les autres, à l’église de Fougerolles,
Ils reprenaient en cœur le bénédicité
Pour rester vivants, leur dieu il fallait renier.
Les instituteurs et inspecteurs étaient complices,
Et unis face à la menace des milices.
En tenue d’écolier, ils écrivaient sur des petits papiers,
Leur espoir de voir cette guerre terminée.” – Hélène, Bastien, Marnie
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit
Dans les ténèbres rien n’est permis
Des regards froids et de désespoir
Une victoire pour conclure la folie
Ils sont cachés contre le système
Avec l’espoir d’une famille qui s’aime
Des pleurs avant la joie
Des cœurs justes et raisonnables
Les combattants contre les lois
D’autres les dénoncent, c’est insupportable.” – Henri
“Mais que sont-ils devenus ?
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit
Eux qui n’ont que 8 ans ils ne connaissent rien de la vie
Eux qui avaient un avenir possible à Landivy
Sans pouvoir le frôler, les voilà déjà repartis
Ces doux êtres pensifs que la fièvre affaiblit
Dans un train qui les emmène loin de leur famille
Loin de leurs amis, loin de leur patrie
Loin de leurs Justes qui les cachaient jusqu’à aujourd’hui
Ces enfants ne savent pas ce qui les attend là-bas
Des retrouvailles avec les leurs ou la nouvelle de leur mort ?
Honte aux Nazis qui n’ont aucune pitié, pas d’état d’âme
Envers ces enfants attristés à qui ils ont tout enlevé.” – Jean
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Pas un seul sourire pour illuminer leur visage qui s’amaigrit.
Des enfants si jeunes, mais pourtant si forts
Des enfants qui malgré leur âge ont fait tant d’efforts.
Aux justes qui ont eu un cœur si grand
Ce jour leur est dédié pour leur geste bienveillant
Des risques ils ont parcouru pour y arriver
Mais, parfois, leur courage a été récompensé.
Les enfants tristes sans repères et sans parents
Ont trouvé le bonheur dans leurs bras vaillants.
Les Justes n’ont pas tenu d’armes mais leur courage est ailleurs
Dire non, refuser de collaborer, cacher des enfants et défendre leur honneur.
Ces Justes ont affronté de nombreuses difficultés.
Mais ensemble, le comité de Yad Vashem les a félicités.
Ces enfants perdus ont pu retrouver le salut grâce à eux.
Même si ils sont aux cieux, comme des sauveurs nous nous souviendrons d’eux.” – Jessica
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces airs sombres et tristes qu’on peut lire sur chacun d’eux,
L’un à côté de l’autre sans une parole, sans un sourire,
Ils n’ont rien demandé et sont si malheureux.
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Des personnes qui n’ont pas d’histoire
Et d’un jour à l’autre ils deviennent des héros,
En aidant des enfants qu’ils ne connaissent même pas.
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces premières paroles d’un poème de Victor Hugo,
Ces mots les uns à côté des autres veulent tout dire,
Lui nous parlait déjà Des enfants démunis et sans défenses.“ – Morgane
“Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces pauvres enfants qui n’ont rien choisi.
Après tout, ils n’ont rien demandé
Et malgré tout ils se sont fait chasser
Les Justes les ont protégés, au péril de leur vie,
Malheureusement, certains en ont payé le prix
Mais d’autres sont parvenus à les préserver
Et aujourd’hui, ils sont récompensés
Les Justes, des personnes normales ?
Ils ont eu le cœur sur la main
Pour sauver ces Enfants banals.
Les Justes ont su tendre leurs mains.
Après la guerre, la vie doit continuer
Hier ils sont arrivés, aujourd’hui ils doivent tout quitter
Les enfants repartent, à nouveau arrachés
A ceux qui les ont cachés et protégés
Leur regard se perd et s’éloigne au détour d’un sentier
Aujourd’hui, ces enfants ont vieilli.
Se souviennent-ils du jour où ils sont repartis ?
Ont-ils des souvenirs d’antan ?
Sont-ils à cause de leur passé un brin différents ?
Une chose est sûre et nous pouvons le leur dire
Hier, Aujourd’hui, Demain, à l’avenir
Leur histoire sera gravée dans le temps.” -Nicolas
“Mais où vont tous ces enfant dont pas un seul ne rit ?
Ne sachant pas quoi faire ils se contentent de les suivre sans un bruit,
De peur de devoir affronter le diable, ils en sont incapables,
Et n’ont d’autres choix que de rester cachés chez ces gens responsables
De leur salut, de leur survie,
De Fougerolles du Plessis à Landivy,
Ils se sont dévoués pour les protéger,
Ils leur font confiance même si pour eux ce n’était que des étrangers.
Mais en ce jour nous leur rendons hommage,
Pour leur bravoure et leur courage,
Nous les remercions pour tout,
Nous garderons toujours leur souvenir en nous.
Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Victor Hugo en son temps se posait déjà la question,
Il ignorait qu’un siècle plus tard, le sujet des enfants serait au cœur des préoccupations,
Et aujourd’hui on est tous réunis pour leur dire merci !” -Pauline
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ils viennent à Landivy, à Fougerolles du plessis,
Oui, parce qu’ici, il y a des gens qui sauvent des vies
Moi, en 1940, je n’étais pas ici
Mais j’imagine ce que vous vous êtes dits
“Si nous les protégeons
Ils nous aimeront
Si les enfants juifs sont cachés
Ils seront sauvés ” – Nicolas
“Mais où vont tous ces enfant dont pas un seul ne rit
On leur enlève leur famille pour une meilleure vie
Les saisons passent sans qu’ils ne s’en rendent compte
Tandis que ses p’tits enfants croient toujours aux beaux contes
Des familles les accueillent à bras ouverts
Tandis que leurs pères se battent dans un sentier rempli de sang
Ma mère pleure les lettres de mon père, elles deviennent lourdes
Comme l’immensité de leur amour.
Mais avec le temps j’apprends à ne plus avoir mal
Même si je sais que mon père a très mal
Même si le temps paraît lent
Mais je dis à ma mère t’inquiète pas c’est bientôt fini faut juste être patient
Quand la guerre fut finie les régiments sont rentrés
Mais mon père je ne le vois pas
Ma mère pleure je comprends qu’il ne sera vraiment plus là
Mais il sera toujours là en moi ancré
Ma famille qui m’a caché, je les ai aimés comme mes vrais parents
Je les remercie car ils ont été patients chiants contents
Mais surtout passer de bons moments
j’ai grandi grâce à eux et donné sens à ma vie
Pour montrer à mes parents qu’ils ont bien choisis
Mais ou vont tout enfants d’on pas un seul ne rit
mais où va-t-on les mettre dans cette ignoble vie
A quoi serviront -ils si on ne les cache pas
Il fait à peine jour ils sont déjà bien las
Ils vivent caché sans-cesse jour et nuit
pour éviter que la N leur pique leur vie
mes ses héros qui nous ont caché mérite le prix juste
C’est au bout de plusieurs années qu’ils obtiennent ce prix qui leur est juste
Je lis déjà dans leurs yeux la joie de ce prix
Je vois sur leurs lèvres un sourire qui les envahit” -Alexis
“Mais où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit.
Cachés dans l’ombre de la nuit
Rester cachés, se taire, ne pas faire d’erreur,
Car un seul mauvais pas mène à la mort.
Des cris, des pleurs, des larmes et l’obscurité
C’est ce qui risquait de leur arriver
Heureusement les Justes étaient là pour les sauver
Ces visages amis prêts à les aider
Les Justes,
C’est le rai de lumière dans les ténèbres
Pour ces enfants perdus sans foyers
Leur seul espoir d’être sauvés
Etait de devenir des enfants cachés.” –Tom
“Mais où vont tous ces enfant dont pas un seul ne rit ?
Alors qu’ils sont innocents, ils n’ont même pas choisi.
Ils subissent cette guerre, cette tyrannie
De ceux qui traquent les insoumis.
Avec leurs visages dépités et leur corps amaigri,
Ils arrivent plein d’espoir à Landivy.
Chez ces foyers qui ont peu de moyens
Mais qui sont prêts à partager leur pain.
Pourquoi dans ces caves faut-il rester caché ?
Pour ne pas être arrêtés et déportés
Car d’après les voisins d’à coté
C’est ce qui guette les enfants cachés.” – Trystan
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