Un Juif, un Arabe et un Druze sont dans un appart…

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Ils vivent ensemble dans le même appartement, ils cuisinent ensemble, font leur courses au supermarché ensemble et sortent ensemble aux restaurants et ne laissent pas les obstacles se dresser sur leur chemin-et surtout pas la religion. Si nous pouvions apprendre d’eux comment vivre ensemble en harmonie – un Arabe, un Druze et un Juif, tous  jeunes – nous serions déjà parvenus à la paix.

Maor Hazagilov, 22 ans, de Saint-Jean-d’Acre, Naji Siyadeh Ahmed, 20 ans, de Majdal Shams et Mohammed Anbusi, 23 ans, de Kafr Jatt, ont appris à se connaître en prenant part à l’extraordinaire programme pour la jeunesse “Wings” (ailes en anglais) de l’ONG Kivunim et ont décidé de continuer à vivre ensemble.

Les trois charmants jeunes vivent dans un appartement étincelant de propreté. Maor me fait faire un tour de leur maison, en plaisantant : “Mohammed a choisi la plus grande chambre pour lui.”

Est-ce un problème pour vos familles que vous viviez ensemble ? Un Druze, un Juif et un Arabe ?

Maor : “Aucun. Absolument pas.”

Naji : Actuellement, c’est la saison des pommes à la maison. A chaque voyage à la maison à Majdal Shams, le week-end, ma mère me dit, prends un sac de pommes pour tes amis – mangez les ensemble.

N’est-ce pas problématique ? Par exemple maintenant, avec toutes les attaques en cours ?

Les trois  hochent de la tête négativement. “Nous ne parlons pas de politique”, dit fermement Mohammed. “Parfois, je regarde les nouvelles”, dit Maor, mais en général la politique et moi, on ne s’entend pas bien.”

Mohammed ajoute : “quand je rentre chez moi je vois la situation de mes propres yeux. Mais quand je reviens ici j’oublie tout. Cela ne m’affecte pas du tout et il est important pour nous de se respecter les uns les autres. Nous ne parlons pas de ce sujet. On n’en a pas besoin. À la fin de la journée, nous sommes tous ensemble.”

Naji est d’accord : “nous sommes tous des êtres humains et la politique n’est vraiment pas notre territoire.”

Vivre et s’amuser ensemble

Ce n’est pas immédiatement apparent, mais Maor souffre d’une déficience visuelle. En fait, il ne peut seulement voir que d’un œil. A la fin de ses études dans une école technique, il a rejoint le programme jeunesse de l’ONG Kivunim.

Il a commencé son service militaire dans une caserne de pompiers à Saint-Jean-D’acre, comme assistant magasinier. On était au cœur de la caserne, sourit Maor fièrement.

“Le service national est l’une des conditions d’acceptation de l’organisation” dit  Ben Amram, l’accompagnateur du trio. “La première année, ils vivent ensemble en collectivité avec leurs anciens guides, et la deuxième année, ils ont déménagé dans un appartement dans notre enceinte.”

“Pendant leur service national, ils commencent à se tourner vers l’avenir. Nous avons un diplômé qui étudie déjà pour son premier degré au Collège Sapir.”

La troisième année, le programme adulte démarre, combinant la communauté et l’emploi. Nous avons ici à Nahariya sept ou huit appartements pour le programme adultes, et nous pouvions facilement  loger Mohammed, Maor et Naji dans des lieux distincts. Mais ils ont demandé à vivre ensemble, ou continue.

“À l’avenir ils seront peut-être fatigués de ça”, dit-elle, et les trois jeunes éclatent de rire. “Pas du tout”, dit Naji et ses amis avec un clin d’œil d’accord. Le but est effectivement qu’ils puissent vivre dans leur propre appartement et apprendre à gérer leur propre budget et la vie quotidienne – mais malgré le fort désir d’indépendance, ils s’amusent ensemble.

Mohammed, souffre de paralysie cérébrale légère qui affecte sa main droite et sa jambe. Il a fait son service militaire  au Centre médical de Galilée occidentale.

“J’ai travaillé dans le département de physiothérapie et j’ai fait tout ce qui était nécessaire”, dit Mohammed : m’occuper des patients, parler avec eux, distribuer le courrier, tout en m’assurant que nous n’étions pas en rupture de stock, vérifier que l’endroit était en ordre, je faisais tout cela.

Naji sourit. Il a également fait son service militaire dans un hôpital. J’ai travaillé dans les magasins. “Au cours de la première année, j’ai organisé les réserves, et la deuxième année, j’ai fait du déchiquetage de papier. J’ai pris soin de fait le réassort et j’ai assisté toute personne qui avait besoin d’aide.”

Naji souffre d’une dystonie, ce qui provoque des spams des muscles  dans tout le corps ainsi que des difficultés d’élocution et des troubles de la vision. “Parfois les gens ne parviennent pas à me comprendre en raison de mon élocution, mais cela ne me dérange pas”, dit-il.

“J’explique les difficultés que j’ai, et je sais que je n’ai pas à en avoir honte. Si quelqu’un m’invite à boire un verre chez lui, je lui dis toujours de me servir un verre à moitié plein. Généralement les gens ne comprennent pas et ils disent, “non, prend un verre plein, ne soit pas timide”, dit Naji, sous le rire de ses amis.

“Alors je leur explique que je ne suis pas timide, j’ai demandé un verre à moitié plein, parce que je ne peux pas tenir un verre plein à cause des spasmes. Puis on me dit, Désolé, je ne pensais pas cela.”

Par moment, votre handicape vous a t’il gêné ? Par exemple, pendant l’enfance ?

“Les enfants à l’école se moquaient souvent de moi. Un jour en première année je suis venu de l’école et dit à ma mère : c’est vraiment dur pour moi. Chaque jour, ils se moquent de moi.”

“Et ma mère m’a répondu : Ecoute. Va avec ceux qui veulent devenir tes amis. Ceux qui rient de toi, tourne leurs le dos. Ne les écoute pas du tout. Depuis ce jour, j’ai commencé à faire ce que ma mère m’a dit : J’ai tourné mon dos, et lorsque les enfants ont vu que leurs moqueries ne m’atteignaient pas, j’ai cessé d’être amusant pour eux. Ils ont commencé à être mes amis.”

La neige qui a brisé la glace

Ironie du sort, c’est la neige qui a brisé la glace entre les trois jeunes. Beaucoup de neige.

Au cours de la deuxième année du programme, l’organisation avait un projet appelé “donner une semaine”. Vous choisissez une région du pays et vous y passez une semaine à faire du bénévolat dans la communauté. Nous sommes tous allés à Jérusalem la semaine avant la tempête de neige pour aider à faire des colis alimentaires. On a fait du bénévolat dans un foyer pour personnes âgées, on a visité la Knesset, après cinq jours dans le froid glacial de Jérusalem, les guides et le groupe sont devenus vraiment unies.”

Puis est venu le voyage annuel – trois jours en Galilée, dit Or. J’ai travaillé avec eux l’année dernière et j’ai fait une classe avec eux. Il était très difficile pour moi de les quitter, alors je suis devenue guide dans le programme adultes. Je suis responsable de leur appartement, je viens de vérifier s’ils cuisinent  bien, dit-elle en riant.

S’il y a des désaccords entre eux, nous avons tous une discussion.

Qui est le master chef ?

Or : “Mohammed est le cuisinier, mais ils font souvent la cuisine ensemble”.

Naji : “Nous nous aidons mutuellement pour tout. Nous faisons les courses ensemble, débarrassons la table ensemble, nettoyons ensemble. Nous faisons tout cela ensemble – et si l’un d’entre nous est fatigué et qu’il veut se reposer, nous nous comprenons.”


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