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La Meuf : Quelques phénomènes étranges

A la une, Opinions
22 Apr 2012
Par La Meuf

Deux options se présentent à moi : faire comme si de rien n’était ou expliquer ma disparition des derniers mois.

L’une est de toute évidence plus facile que l’autre. Mais je ne cède pas à la facilité moi, Madame, non, non, non.

Donc je vais entreprendre de vous expliquer ce que je m’explique difficilement à moi-même.

Israël est un pays où il se produit des phénomènes étranges.

Certains me diront que c’est pas parce que je suis bizarre (et flemmarde) que je dois mettre ça sur le dos du pays, mais dans la mesure où rien de tout cela ne m’arrivait en France, du moins pas à ce point, permettez-moi de penser que l’étrangeté n’est pas de mon fait.

Le premier phénomène étrange c’est que d’un coup, sans prévenir, l’inspiration, la volonté d’écrire, ont disparu. Dès que je commençais à écrire, je m’arrêtais. A la différence de Paris, ce n’est pas tant que je ne savais plus quoi dire ou que je me noyais dans des questionnements existentiels et narcissiques mais plutôt que j’avais autre chose à faire.

J’en parlais d’ailleurs à un ami qui m’a fait part de sa théorie sur le sujet. Je vous la retranscris fidèlement : ”Quand on part de son pays de naissance pour venir en Israël, c’est qu’il y a un manque, qu’on le sache ou pas, on cherche quelque chose. Ou plusieurs choses. Et puis un jour on arrive ici, l’atterrissage est rude, c’est comme tomber en parachute, le sol est dur, et il faut se lever avec tous les fils, le vent autour, et il faut courir, car tout le monde court ici, mais c’est lourd et dur et les gens ne nous comprennent pas, il y a peu de mots pour exprimer, expliquer. D’un côté on ressent mille trucs, et d’un autre, pas le temps d’y penser, comme si on avait passé la première moitié de notre vie à réfléchir et qu’il était maintenant temps d’appliquer. Alors quand on est dans l’application, dans l’action, l’adrénaline, les rencontres, d’un coup, s’épancher, philosopher, ça paraît futile, ou inutile.”

En gros, une fois ici, plus le temps pour la masturbation intellectuelle, on vit les choses qu’on attendait de vivre sans le savoir. Car il a raison, si on vient en Israël, c’est qu’on cherche quelque chose ou que quelque chose nous manquait. Et qu’on le cherche ou qu’on l’ait trouvé, la conséquence c’est qu’on n’a pas forcément besoin de se raconter, ou d’y réfléchir trois plombes, ou de partager. Théorie recevable, et rassurante. Donc je l’adopte.

En même temps, parfois, c’est un besoin primaire, l’écriture. Pas seulement l’étalage de mots pour faire des phrases qui font un texte, mais juste le fait de se retrouver devant la page blanche de Word, de sentir les doigts caresser, écraser les touches, d’effacer, de recommencer dix fois une même phrase pour finalement la supprimer tout à fait. Le plaisir de se retrouver seul face à ses mots. Le plaisir de celui, de celle, qui trouve parfois plus de réconfort dans l’accumulation de caractères que dans une soirée entre potes. Le plaisir des névrosés qui dansent avec les mots comme d’autres engloutissent des litres de glace. C’est pourquoi, aujourd’hui, en plein milieu de journée, je me suis jetée sur mon clavier et j’ai décidé de revenir. Mais puisque je n’ai rien de bien précis à raconter, je vais parler d’Israël, encore un peu.

Il fait beau. Non, il fait SUPER beau. Le ciel est tout bleu, aucun nuage à l’horizon et je suis en t-shirt et en tongs. Et y’a du monde sur les plages de Tel Aviv. Et je m’en fous du reste. Et j’ai envie de chanter et de manger des glaces à l’eau.

Je sens quelques sourcils se contracter et quelques mains torturer leurs souris. Je sais que ceux d’entre vous qui vivez en France, ou en Belgique, ou en Suisse, ou encore pire, au Canada, et qui avez bravé et bravez peut-être encore des températures inhumaines, des litres de pluie, voire des montagnes de neige (les Canadiens dans le fond sont priés de ne pas se moquer des pauvres Français qui font une affaire d’Etat de quelques flocons, merci, nous n’avons pas tous passé les premières années de nos vies dans le bac à glaçons du congélo), devez être en train de vous dire que cette phrase est un scandale et que je me fous sérieusement de vos gueules parce qu’il fait toujours beau en Israël et dans les pays de l’hémisphère sud en général. Et que je ferais bien de ne pas trop la ramener avec mon soleil et mes orteils.

Ah, c’est ce que vous croyez ?

Laissez-moi vous expliquer un peu. Et ça risque aussi de vous donner des indices supplémentaires sur les raisons de ma désertion des derniers mois.

En janvier, février et mars, il a plu. Et il a fait froid aussi. Mais vous allez me dire que c’est normal, rapport à l’hiver, tout ça, ça fait partie du deal de vivre sur la Terre.

Je sens donc que vous ne me comprenez pas et ça m’incommode. Je vais vous dire ce que j’entends par « temps pluvieux », ou plutôt ce qu’Israël entend par « pluie » (et que personne ne vous dira à l’Agence juive ou à l’Office du Tourisme, parce que sinon c’est moins marrant).

Déjà, en terme de fréquence, il paraît que le mois de janvier a été le plus pluvieux depuis la création de l’Etat d’Israël. C’était mon cadeau de bienvenue. Moi qui aime la pluie autant qu’un chat, c’est parfait. Je me souviens que feu mon chien refusait de faire ses besoins quand il pleuvait. Moi c’est un peu pareil. Je refuse de sortir, de travailler, de boire des cafés, d’acheter à manger et de parler aux gens. N’importe quels gens. Même les beaux israéliens.

Bon, mais vous allez me dire que je suis une parisienne, la pluie tous les jours pendant un mois, même si c’est en Israël, c’est pas censé m’effrayer. Mais ici, le pire n’est pas la fréquence. Le pire, c’est la densité. C’est genre, comment vous dire, l’apocalypse dans ta face tous les jours. D’ailleurs, je ne veux pas dire mais c’est pas avec ce temps que le Messie va débarquer de si tôt si vous voulez mon avis.

Bref, tout ça pour vous dire que quand il pleut en Israël en général et à Jérusalem en particulier, tu ne peux rien faire. Tu sors de chez toi avec un parapluie, il est emporté par le vent ou cassé en deux au bout d’une demi-minute, tu sors ta super doudoune imperméable, au bout de cinq minutes, tu sens l’eau couler dans ton dos et sur tes bras, tu étrennes tes bottes en caoutchouc et tes pieds se sentent rapidement comme un poisson dans l’eau, littéralement.

Conclusion ? Tu n’es pas de super bonne humeur. Et à la première personne que tu croises, tu fais part de ton mécontentement, tu redeviens parisienne et tu râles. C’est alors que la magie, le miracle, l’incompréhension totale se produisent. En face de toi, la personne ne râle pas, contrairement à Paris, Londres, et toutes les autres villes que tu as connues, l’interlocuteur lambda, en Israël, ne fait pas écho à tes plaintes, il a à peine l’air de les entendre. Non, au lieu de ça, il te regarde, avec un sourire franc et ébahi et il te dit : « Mais de quoi tu te plains ? L’eau est une bénédiction en Israël. Il faut se réjouir, c’est génial. »

Génial.

C’est exactement le mot que je cherchais pour décrire ce temps.

GENIAL.

Donc ce que tu es en train de me dire, ô Israël, cher pays d’adoption, c’est que lorsque la pluie tombe à l’horizontale et que la seule chose que je puisse faire pour m’en protéger c’est de me barricader chez moi et attendre (en vain) que ça cesse, je dois sourire et trouver ça génial ? Et je ne peux même pas me plaindre ?

Tu te fous de moi ?!?!?!



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