Pourquoi l’Union Européenne stigmatise Israël ?

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En voyant les commerces européens étiqueter les produits Juifs cela réveille des souvenirs douloureux.

Par David WALZER

Beaucoup d’Israéliens – de droite comme de gauche – regarde avec un grand étonnement les plans de l’UE qui imposent aux importateurs et détaillants Européens  de marquer les produits Israéliens des implantations avec un étiquetage spécifique. Et il semble que ces étiquetages s’appliquent uniquement à Israël, et pas aux autres pays ou territoires impliqués dans un conflit territorial. C’est une étape qui menace de changer nos relations, et je crains que ce ne soit pas pour le mieux.

L’Europe est le principal partenaire d’Israël dans le domaine du commerce et des affaires. Nous sommes un allié pour l’Europe au Moyen-Orient, une région qui est devenue un véritable défi pour l’UE. Plus important encore, nous partageons les mêmes aspirations humanistes pour nos pays.  Cela nous fait appartenir à la même famille, et j’espère que cela me permet de parler ouvertement et sincèrement.

S’appuyant sur cette affiliation, ces derniers mois ont été l’opportunité de nombreuses relations diplomatiques entre Israël et l’UE. Avant l’été, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a rencontré la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, à Jérusalem et une autre fois à New York. Le mois dernier, le Premier ministre a également invité le Président du Conseil européen, Donald Tusk, à Jérusalem. J’y étais et je peux témoigner que l’atmosphère était professionnelle et pleine de perspectives pour l’avenir.

Le Premier ministre était non équivoque sur la direction de notre pays. Israël reste convaincu d’une solution à deux Etats. Deux Etats pour deux peuples, cela continue d’être notre objectif final. Il a continuellement exprimé son désir de trouver des moyens concrets pour avancer, tels que des dialogues directs avec les dirigeants Palestiniens qui peuvent avoir lieu où ils le souhaitent Bruxelles, Jérusalem ou même Ramallah.

En retour, les dirigeants de l’UE ont clairement manifesté leur volonté d’aider à faire avancer le processus de paix dans le Moyen-Orient. C’est très important. Nous accueillons toutes les aspirations et aides européennes pour aboutir à la réalisation de ce processus.

Cependant, pour avancer, la plus étroite coopération est nécessaire, et elle doit être basée sur la confiance, l’ouverture et l’impartialité.

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L’étiquetage des produits israéliens ne contribue pas à cette fin. Cet étiquetage à un faible impact économique. De plus, cette démarche est supposée ne pas être un boycott. Mais en voyant les commerces européens marquer les produits Juifs, cela réveille des souvenirs très douloureux pour de nombreux Israéliens. Et cela nous rappelle que nous sommes les seuls à être distingués par un traitement spécial. Alors que nous respectons que l’UE doit appliquer les acquis communautaires, il est très difficile d’échapper à la conclusion qu’il s’agit d’une démarche politique avec un message politique très clair : Israël doit être condamné et puni pour la stagnation du processus de paix.

En Israël, il est difficile d’expliquer comment cela pourrait amener plausiblement à un point de départ pour le processus de paix. Il ne semble pas non plus que ce soit un message opportun. Le Moyen-Orient est en feu, avec de violentes guerres en Syrie, Irak, Lybie et au Yémen. Ces guerres sont devenues des attractions pour Daesh et le Hezbollah Islamiques, qui sont engagés dans un abattage aveugle de civils.  Nous faisons face à une crise de refugiés sans précédent. Et pendant ces terribles événements, l’UE juge adéquate, sous  couvert de la loi de protection du consommateur, de frapper Israël de quasi-sanctions, le seul Etat de la région dont la constitution adopte et défend les mêmes valeurs que l’Europe ?

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Pour Israël, la clé de la solution «  deux Etats pour deux peuples » repose sur l’obtention de garanties sûres pour sa sécurité. Ce que nous espérons recevoir de nos partenaires est de l’aide pour s’assurer de cela. La sécurité est et sera toujours notre condition absolue « Gold Standard. » Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est qu’il est très difficile d’arriver à une telle garantie dans une région inondée par le sang et remplie de sectarisme. Déjà, les cellules de terreurs affiliées à ISIL opèrent depuis la bande de Gaza.

Il y a d’autres défis auxquels l’UE pourraient offrir son aide. Le dirigeant Palestinien reste hésitant, divisé et réticent à venir s’asseoir à la table des négociations. Netanyahou a continuellement proposé au Président Abbas de revenir directement à la table des négociations sur la base de la solution « deux Etats pour deux peuples » sans conditions préalables. Il l’a encore récemment rappelé lors de son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU à New York. Mais que s’est-il passé après ? Au lieu d’engager des discussions directement avec nous, ce que nous avons reçu du Président Abbas, sont des vives déclarations chauvinistes et d’autres manigances unilatérales.

Ce qu’il faudrait est que l’UE nous aide à persuader le Président Palestinien Mahmoud Abbas d’accepter de retourner directement au dialogue. Sans de tels discussions, il ne peut y avoir aucun progrès ni même aucun début vers un processus de paix. Ce qui serait utile, est que l’UE utilise son influence pour aider à mettre fin à la recrudescence d’attaques contre les civils israéliens de ces dernières semaines, par exemple en obtenant des dirigeants Palestiniens qu’ils diminuent leur rhétorique de division.  Ce qui est nécessaire, est que l’UE agisse d’avantage pour le désarmement de la Bande de Gaza, tout en aidant l’Autorité Palestinienne a regagné le contrôle dans cette zone.

Alors que la loi d’étiquetage est un leurre, une distraction douloureuse, les dernières démarches améliorent les perspectives de succès dans des issues tangibles et concevables; il ne fait aucun doute que l’Europe est capable de contribuer significativement au processus de paix du Moyen-Orient. Mais on a besoin d’aller droit au but et non pas recommencer un jeu d’illusion. Faire avancer le processus de paix actuellement bloqué sera déjà assez difficile comme cela.

David Walzer est l’ambassadeur d’Israël à l’Union Européenne et l’OTAN.


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