Football en Israël : Un but pour la coexistence

Niveret

Biram Kayal, Taleb Twata, Munas Dabour, Weam Amasha…. On ne compte plus les joueurs issus des minorités (arabe, druze, circassienne) qui ont défendu et continuent de défendre les couleurs de la sélection israélienne de football. Alors que la société israélienne ne cesse d’être décriée pour ses disparités sociales et ses fractures entre communautés, les récents succès de la nivheret (surnom de la sélection israélienne) prouvent qu’il est possible de coexister côte à côte.

En effet, malgré leur récente défaite contre la Bosnie-Herzégovine, les bleus et blancs restent plus que jamais en course pour la qualification à l’Euro 2016 qui aura lieu en France. Si la première place semble acquise au Pays de Galles, Israël pourrait bien créer la surprise en se qualifiant pour la première fois de son histoire à l’Euro.

Le capitaine Bibras Natkho, musulman d’origine circassienne, ne disait pas autre chose après la défaite 0-1 face aux diables rouges belges : « La Belgique était supérieure mais nous n’avons rien lâché. La qualification est toujours envisageable et nous donnerons tout pour nous classer parmi les trois premiers (les deux premiers sont qualifiés directement alors que le troisième doit disputer un barrage) ».

Natkho, milieu défensif du CSKA Moscou symbolise à lui seul la réussite des minorités israéliennes sur le rectangle vert. Passé par l’Hapoël Tel Aviv où il a pu disputer la Ligue des Champions, il poursuit depuis 2010 sa carrière en Russie avec une courte parenthèse en Grèce en 2014. Précis dans ses passes, dur à la récupération et surtout incroyable tireur de penalty (il n’en a jamais raté depuis qu’il évolue en Russie), le numéro 6 de la sélection coachée par Eli Gutman, s’est imposé comme une star tant en Russie qu’en Israël.

Mais il garde la tête froide et se dit fier de représenter son pays : « C’est vrai que je pratique le meilleur football de ma carrière en ce moment mais l’important est de rester régulier tant en club qu’en équipe nationale où nous faisons tout pour représenter le plus dignement l’Etat d’Israël ».

Outre le natif de Kfar Kama, d’autres étoiles du football bleu et blanc incarnent les opportunités données aux joueurs issus des minorités de parvenir au plus haut niveau et d’obtenir le respect des supporters israéliens.

Walid Badeer fait partie de ceux-là. Le 26 août 2013, au stade Bloomfield de Tel-Aviv, il reçut à l’occasion du dernier match de sa carrière, une mémorable standing ovation de la part des supporters de l’Hapoël. Il faut dire que Badeer, c’est 240 matchs joués avec les Rouges, pratiquement autant comme capitaine et surtout 74 capes en équipe nationale. Premier capitaine arabe des bleus et blancs, Badeer s’était notamment fait remarqué avec un superbe but marqué contre la France en 2006, lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde. Désormais retraité, il demeure une figure du football en Israël et continue d’inspirer les jeunes israéliens par l’éloquence de son palmarès (5 Ligue Israélienne et 3 Coupe d’Israël).

Ces exemples ne sont pas des cas isolés. A un niveau plus local, plusieurs initiatives ont été prises pour favoriser la coexistence judéo-arabe à travers le football.

Ainsi, un programme réunissant juifs et arabes autour du ballon rond à récemment vu le jour à Jérusalem. 100 jeunes âgés entre 10 et 12 ans, originaires de tous les quartiers de la ville, s’entrainent ensemble depuis début mars. En partenariat avec le club de l’Hapoël Katamon qui évolue en seconde division, l’objectif est d’effacer les préjugés en rapprochant davantage les habitants de l’ouest et de l’est de la ville sainte. « C’est essentiel que Jérusalem apporte un message d’unité et de réconciliation » soulignait récemment Aviram Baruchyan, le capitaine de l’Hapoël.  

Ces parcours d’exception et ces initiatives délivrent donc un message d’espoir. Ils montrent que l’intégration des minorités et la coexistence sont possibles en Israël. Mais comme pour réussir au plus haut niveau, le prix pour y parvenir est la volonté de tous de surmonter les obstacles pour mieux comprendre l’Autre.


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