Reuven Rivlin : “Une identité judéo-arabe partagée est la clé du futur d’Israël”

givat haviva rivlin

Dans un plaidoyer passionné pour l’amitié judéo-arabe, le Président Reuven Rivlin jeudi dernier a appelé tous les camps politiques en Israël à défendre la cause de la réconciliation, insistant sur le fait que l’avenir du pays dépend d’une ” identité israélienne partagée » qui reconnaît les Arabes comme « partie intégrante de cette terre. “

S’adressant aux dirigeants des « Amis internationaux de Givat Haviva » (le Centre pour une société partagée), qui lui remettait un prix le récompensant de son travail sur la co-existence, le Président Rivlin a énoncé les étapes qui permettraient d’établir une meilleure confiance entre citoyens juifs et arabes d’Israël. “Il est important de dire que la vision du vivre ensemble, tellement nécessaire dans la société israélienne, est celle qui porte sur la mise en forme d’une langue civile, avec l’édification d’une économie mixte et avec la création d’une identité israélienne partagée “, dit-il. “C’est une vision et un espoir israélien dont nous avons besoin.”

Reuven Rivlin a affirmé que les récits adverses constituaient le cœur du conflit israélo-palestinien, un « jeu à match nul entre identités, entre histoires nationales ».

« Mon indépendance est votre ‘catastrophe’, » dit-il, faisant allusion à la ‘Nakba’ palestinienne, marquée par une journée de deuil qui coïncide avec la célébration de l’Indépendance d’Israël en 1948. « Vous construisez votre identité, qui nie la mienne, et je construis mon identité, qui nie la vôtre. »

Afin de commencer à réparer la relation entre Juifs et Arabes, a-t-il poursuivi, il était “essentiel” pour les deux groupes de “reconnaître cela, aussi douloureux soit-il,” avant d’envisager de « nourrir les identités positives de chaque côté, et de l’intérieur de ces identités, tendre la main vers la culture et l’histoire de l’autre. »

Il existe plusieurs appels des deux parties à reconnaître les identités des uns et des autres, il a dit que la fierté des Juifs et des Palestiniens repose « sur l’honneur et l’importance que nous attribuons à la chaîne des générations, à l’héritage spirituel de nos ancêtres et au lien à notre terre. »

Les Juifs israéliens, dit-il, “doivent reconnaître que le public arabe fait partie intégrante de cette terre — un public formé par une identité culturelle collective.” Toute tentative de parvenir à ce changement en escomptant qu’une partie renonce à son identité, a poursuivi Rivlin, serait ” vouée à l’échec.”

Outre la reconnaissance des identités nationales et culturelles arabes, Rivlin a également déclaré que des mesures plus concrètes doivent être envisagées par le gouvernement israélien afin d’obtenir la confiance. ” L’égalité d’accès aux ressources et à l’emploi comme aux potentialités économiques, sont une condition de base pour la confiance. De même, elles font partie des obligations fondamentales d’un État démocratique envers ses citoyens.”

Il ajoute également que, tout comme la population arabe d’Israël a besoin d’apprendre l’hébreu ” à la perfection “, le moment est venu pour la langue arabe d’être aussi étudiée par la population juive. « La langue, dit-il, se propage de l’oreille vers le cœur. »

“Aucun camp politique unique ne peut être autorisé à s’approprier, ou à dicter le langage de cette tâche. Tout comme aucun camp unique ne peut se soustraire à sa responsabilité vis-à-vis de cette tâche. Le fait que le sujet soit plutôt associé à un camp particulier, aussi bien de la part des Juifs que des Arabes, a quelque chose de tragique,” a-t-il ajouté.

La clé vers une percée, selon Rivlin, est d’enrôler de nouvelles forces parmi les courants majoritaires au sein des deux sociétés. « La gestion des relations entre Arabes et Juifs, doit être transférée vers la conscience majoritaire ; au sein des sphères publiques, politiques et médiatiques. »

Le Président Rivlin semblait aller dans le même sens que le discours du parlementaire Ayman Odeh, chef de la Liste Arabe Unie, qui, au cours du même événement, a appelé le gouvernement israélien à accorder des droits nationaux plus larges à la population arabe.

“Vous ne pouvez pas uniquement parler d’égalité civique ; nous sommes un peuple avant d’être vos citoyens et méritons autant de recevoir des droits nationaux que des droits civiques” a plaidé Odeh, ajoutant que cela ne nuira à personne, car cela sera une valeur ajoutée, un enrichissement pour tous.

“Tout comme j’étudie l’hébreu à l’école, les enfants juifs devraient étudier l’arabe dès la première année. Qui cela dérangera-t-il ? Nous devrions profiter d’être plus qu’une nation, plus qu’une culture,” dit-il.

Source : The Times of Israel


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