Israël: un tout petit club révolutionne le football israélien

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KIRYAT CHMONA (Israël) – Depuis plusieurs mois, c’est le “FC Hapoël Ironi” de Kiryat Chmona qui fait monter la fièvre parmi les 23.000 habitants de cette petite ville pauvre de la Haute Galilée israélienne, et non la crainte des roquettes du Hezbollah chiite au Liban-sud tout proche.

Nos succès sont comme un rayon de soleil pour cette localité qui a connu tellement de bombardements et de périodes difficiles“, affirme à l’AFP Ran Ben Shimon, l’entraîneur de cette équipe de “sans grades” qui, déjouant tous les pronostics, est sur le point de remporter son premier championnat et fait trembler ses rivaux les plus prestigieux en Israël.

Ils ont déjà remporté la Coupe Toto (l’équivalent de la Coupe de la Ligue en France), renflouant ainsi leurs caisses avec une appréciable prime de 240.000 euros. Ils se sont qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Israël, et caracolent en tête du classement du Championnat.

Avec ce “triple A” de la crédibilité, le petit Poucet du football israélien pourrait espérer faire bonne figure l’an prochain en Coupe d’Europe face à des géants comme Barcelone, Real Madrid ou Manchester City et United.

Ces garçons sentent qu’il y a une chance à saisir, et font tout pour y parvenir. Ils travaillent dur, et dans une bonne atmosphère: c’est leur force“, ajoute Ben Shimon.

Il puise la quasi totalité de ses effectifs dans le vivier des jeunes du club. “Ici, pas de légion étrangère !“, lance-t-il, en donnant ses directives aux joueurs à l’entraînement sur le gazon: dribbles, tirs au but, courses, lancers de ballon, passes de tête, schémas tactiques, élongations, assouplissements…

Le stade est encaissé au fond d’une vallée cernée au nord par la frontière libanaise et à l’est par le plateau du Golan syrien, où se découpent au loin les pentes enneigées du Mont Hermon. Au bas des gradins capables d’accueillir jusqu’à 5500 spectateurs, une marque, “Itoran“, est omniprésente sur les panneaux. C’est la société de GPS cotée à Wall Street d’Izzy Sheratzky, mécène et “patron” du onze de Kiryat Chmona.

Ca, c’est une équipe !“, s’écrie Tomer Haï, un supporteur venu avec son petit garçon. “C’est un plaisir de les voir s’engager et se battre ensemble. On les appelle +les Lions+. Ils se donnent totalement et expriment ce que tout Israël attend du football“, ajoute-t-il.

Ces dix dernières années, des Israéliens ont intégré de grands clubs européens, comme Eyal Berkovitch, Yossi Benayoun, Haïm Revivo ou Itaï Schechter. Mais l’équipe nationale ne suscite que des espoirs déçus: en quatre décennies, elle ne s’est qualifiée pour aucune compétition mondiale ou européenne.

Cette série noire pourrait prendre fin grâce au club de Kiryat Chmona, dont cinq joueurs ont été présélectionnés par Eli Guttman, l’entraîneur national qui a succédé au Français Luis Fernandez.

A l’approche des éliminatoires pour le Mondial-2014 au Brésil, Guttman, qui promet “une ère nouvelle“, n’a retenu aucun des grands du Maccabi Haïfa, du Maccabi Tel-Aviv ou du Hapoël Tel-Aviv aux budgets pléthoriques.

Chacun d’entre nous apporte avec abnégation ses talents au profit de la cohésion de l’équipe, et le résultat est là: il est difficile de nous battre“, explique Shimon Abuhatzira, étoile du Ironi Kiryat Chmona considéré comme “le joueur de l’année” en Israël.

Infatigable attaquant, il a déjà marqué onze buts depuis le début de la saison, et a été à l’origine de 5 autres buts. “Ce qui compte vraiment, c’est la joie que nous apportons et celle que nous éprouvons“, dit-il encore.

Aujourd’hui, son coéquipier Salah Khasarma, un des six Arabes israéliens de Kiryat Chmona, est à la fête. Ses camarades n’ont pas oublié le 38e anniversaire de ce vétéran: “Mabrouk!” (félicitations, en arabe). Sa femme, vêtue de la robe traditionnelle et coiffée du voile, est venue de son village de Galilée avec ses deux petites filles pour marquer l’évènement “en famille“.

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