Le rappeur Médine et la haine d’Israël, un marché juteux

Médine

Image publiée sur le Facebook du rappeur Médine, accompagnée de la légende: “L’anné dernière à la main d’Or, cette année à Londres, devant la réplique du mur de séparation de Bethlehem – Pour 2014 construisons des ponts #BuildBridges #QuenelleAnnuelle

Récemment la France a été le théâtre de sanglants attentats terroristes qui ont mis en exergue la difficulté d’enseigner la laïcité et les valeurs de la République au sein de notre système éducatif français. C’est dans ce contexte que le clip « Don’t Laïk » du rappeur Médine a déjà été visionné plus de 900 000 fois sur YouTube. Les paroles de ce clip, dont certaines formules peuvent réellement choquer, appellent notamment à « crucifier les laïcards ». Certes, Médine affirme dénoncer une laïcité poussée à l’extrême ainsi que la stigmatisation du religieux, cependant son discours reste confus et ambivalent. Au-delà de son dernier titre « Don’t Laïk » c’est surtout ses curieuses fréquentations qui révèlent un côté plus sombre. En effet, il a régulièrement apporté son soutien à Dieudonné et a effectué publiquement plusieurs quenelles, le fameux geste aux relents xénophobes et antisémites. Il avait notamment publié sur son mur Facebook une photo de lui effectuant une quenelle devant une réplique du mur de séparation. Un amalgame dangereux qui encore une fois entend assimiler l’ensemble des juifs à la politique d’Israël. Il a également rencontré à plusieurs reprises Kémi Séba, militant radical de la cause noire, condamné pour incitation à la haine raciale et pour des propos antisémites. Enfin, il a bénéficié du soutien de Tariq Ramadan qui n’a pas hésité à défendre le rappeur Médine sur son compte Facebook lors de la sortie décriée de son morceau « MC Soraal », mélange du nom d’Alain Soral et du rappeur MC Solaar. Au croisement entre radicalisme, communautarisme affiché et mauvaises fréquentations, il ne cesse donc d’alimenter les préjugés qu’il affirme vouloir pourtant déconstruire.

Malgré ses côtés sombres, l’artiste autoproclamé pro-palestinien était invité à la Fête de l’Humanité en septembre dernier. Ce jour-là, revendiquant son « soutien au peuple palestinien en tant que symbole de résistance et représentativité de l’injustice », il a interprété son titre « Gaza soccer beach » en soutien à la Palestine. Dès lors, sous prétexte de défendre la cause palestinienne, des alliances plus que douteuses se forment sur fond de militantisme et de générosité humaniste. Rappelons qu’il était également un des invités du concert organisé en juin dernier, place de la République à Paris, par des organisations telles que l’Unef, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) et SOS Racisme. Jouant de toutes les ambiguïtés et provocations, il arrive donc à se produire lors d’un concert contre le racisme, et ce malgré une confusion intellectuelle dérangeante. Pis encore, une de ses chansons (évoquant la répression sanglante de 1961 contre des manifestants favorables à l’indépendance de l’Algérie) est citée dans des manuels scolaires. Dès lors, il serait bon que les personnes qui collaborent avec lui se renseignent sur l’ensemble du profil de Médine au lieu de retenir uniquement la facette du rappeur qui les intéresse, revendiquée au gré des intérêts.

Autre alliance et tendance qui laisse perplexe : Après Ivry-sur-Seine, Valenton, Gennevilliers, La Courneuve, ou encore Vitry-sur-Seine, c’est la ville d’Aubervilliers qui a récemment mis à l’honneur Marwan Barghouti, actuellement emprisonné en Israël pour des actes de terrorisme. Peu de temps avant cette nomination, le tribunal administratif avait annulé la décision de la ville de Bezons de nommer citoyen d’honneur Majdi Irhima al-Rimawi, prisonnier palestinien condamné par Israël pour sa participation à l’assassinat du ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi. La mairie de Bezons a également dû retirer une plaque commémorative en l’honneur de Majdi Ihrima Al-Rimawi.

Il est clair qu’on ne saurait critiquer le soutien à la cause palestinienne. Libre à chacun de se mobiliser en faveur d’une cause. Cependant l’instrumentalisation à des fins politiques, économiques ou idéologiques et la récupération de cette cause voire plus largement de ce conflit, qui souvent faire figure d’affirmation identitaire, est à dénoncer. C’est également le cas des collaborations douteuses (ex. Médine et la Fête de l’Humanité) qui voient le jour sous prétexte de la défense absolue de la cause palestinienne.

Chargée symboliquement, il faut croire que cette cause palestinienne est devenue un véritable fonds de commerce …