Israël nomme le Frère Gabriel Boile, Juste parmi les Nations

juste gabriel Boile

832c9c12fdf08d13686c2b6851542798_800_531.

Mardi 30 septembre dernier dans l’enceinte de l’établissement scolaire Saint Louis/Sainte Barbe de Saint Etienne  s’est déroulée une émouvante remise de médaille de Juste parmi les Nations au Frère Gabriel Boile à titre posthume.

En présence de Fabienne Buccio, la Préfète de la Loire, du Maire de Saint-Etienne M. Gaël Perdriau, du Directeur Jérôme Martine, du corps enseignant et des 800 élèves de l’établissement, la médaille et le diplôme ont été remis M. Elad Ratson, Directeur des Relations publiques près l’Ambassade d’Israël.

Le titre de Juste parmi les Nations est la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël. Il est la traduction d’une expression hébraïque  utilisée dès l’Antiquité dans le Talmud recueil du droit du droit civil et religieux du judaïsme pour qualifier  « les non juifs vertueux  œuvrant avec compassion et justice. ”

On dénombre à ce jour plus de  4 811 Justes, 3801 en France dont 645 en Rhône Alpes.

C’est suite à la demande de M. Bernard Hochman témoin de ce sauvetage que cette nomination de Juste parmi les nations est accordée au Frère Gabriel Boile chef de cet établissement  qui fut aidé par les autres frères du Pensionnat Saint Louis Sainte Barbe notamment le Frère Cherpin et le frère Peyer.

Madame Arielle Krief, déléguée régionale du Comité français pour Yad Vashem, a rappelé que : ” Son nom sera gravé sur le mur des Justes à Jérusalem et à Paris. C’est grâce à lui  et aux autres frères dont le frère Cherpin membre aussi de cet établissement) que le nom de Bernard Hochman ne figure pas sur le mur des déportés.”

Le père de Bernard Hochman, Moché est né à Cracovie et sa mère Cipojra Celnik est née à Lodz. Ils fuient tous les deux l’antisémitisme pour la France.

En février 1924, Moché rejoint son frère Émile à Saint Etienne (42 Loire). Ce frère décède en 1927. Tapissier de formation,  Moche Hochman va à Paris. Il y rencontre Cipojra, le couple se marie en 1933. Ils habitent Paris 12e, et de leur union nait Bernard en novembre 1934.

M. Hochman exerce son métier de tapissier à la même adresse.

En 1939, M. Hochman, juif étranger, est engagé volontaire. Après l’Armistice, il rentre à Paris ainsi que sa femme et son fils qui avaient fui vers Nantes. Mais le propriétaire a récupéré l’appartement. C’est le début des persécutions antisémites.
M. Hochman reprend son activité de tapissier dans le XIème arrondissement de Paris.
En 1941, la famille passe la ligne de démarcation afin de se rendre à St Etienne où M.Hochman a conservé des relations.

M. Hochman est caché par l’intermédiaire d’un réseau de réfractaires au travail, il travaille dans la clandestinité. Son épouse se cache également.

Bernard Hochman est accueilli au Pensionnat St Louis de Saint Étienne, tenu par les « Frères des Écoles Chrétiennes ». Cette institution accueille entre autres, des enfants de résistants, des professeurs et des enfants juifs. Pendant la guerre, 16 enfants juifs sont cachés dans ce pensionnat. Victor Khaïm, Massisliah Guy sont dans la classe de Bernard. Ce dernier y passe sa scolarité 1941/1942 et 1942/1943. Sa mère lui rend parfois visite.

Il quitte le pensionnat en novembre 1943 pour être accueilli à Boën en Lignon chez Mme Vial jusqu’en février 1944. Il sera ensuite protégé à Doizieux par Pierre et Berthe Beaufrère jusqu’à la libération de St Etienne.

juste gabriel BoileLe Frère Gabriel Boile est directeur de l’établissement depuis 1937. Dénoncé pour son activité au service des personnes pourchassées et persécutées il est emprisonné au fort Montluc à Lyon le 18 juillet 1943. Il en sort très affaibli le 5 février 1944.

Le Frère Lucien Cherpin est au pensionnat depuis 1927. Il est chef Préfet de la division des petits. Il appelle affectueusement Bernard ‘le petit palmier’, référence au pompon de son bonnet.

Au pensionnat, seuls Gabriel Boile et Lucien Cherpin savent que Bernard est juif.

En 1946, la famille Hochman s’installe à nouveau à Paris.

Les frères Gabriel Boile et Lucien Cherpin guidés par leur générosité et leur humanité ont accueilli des personnes pourchassées et persécutées, dont le petit Bernard Hochman.

 

” Ce n’est ni une récompense ni une décoration, juste un témoignage de gratitude et de reconnaissance”, a déclaré Elad Ratson. Et de souligner: ” Son nom sera honoré à jamais, gravé sur le mur de Yad Vashem.” Le représentant de l’ambassade d’Israël a tenu aussi à rendre hommage à tous les Justes anonymes de France, qui ne seront jamais honorés de la sorte: ” Ils n’ont pas seulement sauvé des innocents mais aussi la dignité humaine et l’honneur de la France.”

Le Maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau a conclu son discours avec ce message fort qui est toujours d’actualité : “Gardons tous en mémoire que l’incroyable, l’impossible, l’inimaginable est déjà arrivé hier. C’est à ce prix, au prix de la reconnaissance, du souvenir et de la vigilance que nous conserverons cette fraternité et cette liberté que nous chérissons tous”.

Une plaque commémorative fut ensuite dévoilée sous le porche de l’entrée du lycée, à la mémoire du Frère Boile ainsi que celle de deux autres Frères Directeurs, Frère Cherpin et Frère Peyer qui ont fait preuve tous trois du même courage sauvant ainsi quatorze enfants et deux professeurs juifs.

Pour lire plus de détails sur ce dossier de Juste


Commenter cet article

commentaires jusqu'à présent. Ajouter le votre