Néguev: Une ville de 3000 habitants apparaît puis disparaît

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Le nom sonne comme une maladie de peau contractée sur une plage espagnole un après-midi d’août. Pourtant, le Midburn, évènement artistico-extatique qui s’est déroulé en juin dernier dans le Néguev, célèbre la beauté architecturale pendant une semaine, au beau milieu du désert.

Pas besoin d’avoir lu Marcel Mauss ou Emile Durkheim pour comprendre le Midburn.

C’est après avoir participé à l’évènement Burning Man qui se tient chaque dernière semaine d’août dans le désert de Black Rock au Nevada et qui réunit environ 60 000 personnes, que des israéliens ont choisi de récréer l’évènement chez eux, dans le désert du Néguev. 3000 participants se sont réunis du 3 au 7 juin, précédant de deux mois le grand frère américain pour la toute première version de l’expérience en Israël. Il a été organisé en coopération avec le International Burning Man Organization, aux Etats-Unis.

La principale sculpture en bois de plus de 6 mètres de haut figure un Homme et une Ève, mains tendues vers le ciel. Mais attention, le Midburn, néologisme associant le mot midbar, « désert » en hébreu et le verbe anglais « burn » est avant tout une grande fête païenne. Des hommes et des femmes arborant masques de licornes et tatouages tribaux se rassemblent une semaine pour assister à des performances artistiques, des pogos géants sur de l’électro à la lumière des LED, et au grand potlatch final, tout cela sous l’œil désabusé des Bédouins du Néguev.

La néo-communauté, aspirant à s’extraire de la logique du monde pendant une semaine pour faire l’expérience de la Beauté, se réunit autour de 10 grands principes. Un peu plus swags que les 10 commandements, on met ici l’accent sur la radicale expression de soi, l’affranchissement des lois du marché, le leaving no trace et l’immédiateté. Concrètement, la monnaie ne circule pas sur le site, à part pour acheter de la glace et de la limonade (désert oblige), le nudisme est pratiqué (de manière minoritaire toutefois), aucune trace ne doit subsister après leur passage (potlatch aidant), et des petites filles arborant tutus et serres têtes Minnie fluorescents se baladent pieds nus dans le désert.

 

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Cependant, on ne peut s’empêcher de rester muets devant la beauté des structures qui s’élèvent sur le site, éphémères à l’image des milliers de participants qui les regardent se consumer dans le vent désertique. Ainsi sont le Sabaleh ou “Vieux Grand-Père” dont la carcasse bossue surplombe les tentes (ci-dessus), le Temple, forêt de création qui invite à la réflexion ou l’Arbre rose du partage, où les participants laissent des cadeaux pour que d’autres les emportent.

Alors oui, les principes de troc et de contemplation gratuite semblent décalés dans un monde où tout ce qui n’est pas utile est relégué aux musées ou aux salles de cinéma d’auteur. Pourtant, selon Shlomi Mir, directeur du projet du Temple et designer industriel au Musée national de la Science à Haifa « vous ne venez pas ici pour consommer une expérience, vous venez ici pour créer ou donner ».

Le tout est donc, non pas d’en parler, mais d’y aller, puisque c’est une expérience à vivre et à contempler. Le choix maintenant, se situe entre le Néguev ou le Nevada. Pas besoin de vous dire où nous, à Coolisraël, on sera.


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