L’œil de Judith : Hello Ola !

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Bienvenue à tous sur mon blog.

« L’œil de Judith » c’est mon regard de trentenaire parisienne sur le pays dans lequel j’ai décidé de vivre : Israël. Sans cliché et avec plein de clins d’œil, j’ai envie de raconter ce que je vais découvrir ou voir sous un jour nouveau, et ce à quoi je vais être confrontée en tant que citoyenne israélienne en devenir. Sans doute, nombreux sont ceux qui ont déjà vécu ce parcours et qui se retrouveront dans mon expérience. Sans doute aussi, d’autres, habitués à passer leurs vacances en Israël, découvriront-ils d’autres aspects du pays. Enfin peut-être, quelques-uns auront-ils aussi envie d’aller voir eux-mêmes ce qui se passe à à peine plus de 4 heures d’avion de Paris…

Hello Ola !

En janvier dernier pour mon anniversaire, une de mes amies, qui sentait que j’avais une inclination grandissante pour Israël, m’a offert le DVD Hello Goodbye.

Pour résumer l’intrigue, je dirai qu’il s’agit du passage brutal entre le rêve suscité par Israël et la réalité qui est celle de toute vie quotidienne lorsque l’on perd ses repères, ses habitudes et son petit confort que l’on croit superflu et qui pourtant se révèle nécessaire.

Le personnage principal est un gynécologue juif parisien (interprété par Gérard Depardieu…) qui a bien réussi : un grand appartement dans les beaux quartiers, une voiture avec de la puissance sous le capot, des loisirs entre tennis et certainement un peu de voile l’été, une belle femme aimante qui s’est convertie au judaïsme… Malgré toutes ces satisfactions, le couple bat de l’aile : trop de travail pour lui, de frustrations pour elle, une belle-mère acariâtre, un fils unique qui épouse une goy à l’église… Pour se retrouver, ils partent quelques jours à Tel-Aviv. Si le paradis sur terre existe, ils croient alors l’avoir trouvé. Tout est lumière, chaleur, caresses du vent tiède, harmonie de chaque instant… Comment peuvent-ils envisager de retourner vivre dans la grisaille de Paris ? La décision est prise : changement de cap, destination Israël.

La suite, vous vous en doutez : quand ils arrivent ils ne fait plus aussi beau, l’appartement dans lequel ils logent est nettement moins garni de marbre et de moquettes moelleuses que le palace avec vue sur la tayelet… Bref, le désenchantement est au rendez-vous.

J’ai beaucoup repensé à ce film ces derniers jours, depuis mon arrivée en Israël. Et j’y pense encore énormément en ce moment où je tape sur le clavier de mon ordinateur les doigts bleuis par le froid, le dos endolori par les courbatures qui grignotent mes muscles qui souffrent tant d’avoir grelotté toute la nuit… Mais que se passe-t-il ? Leçon d’hébreu number one : réga ! Traduction : « Attends » voire « minute papillon ». Ça me fait du bien d’évoquer le papillon, symbole d’une humeur printanière attendue de pied ferme !

Tout d’abord, reprenons depuis le début, à l’arrivée à l’aéroport Ben Gourion. Notre petit groupe de 10 olim est accueilli par Anatoli. Dans le bus qui nous conduit aux bureaux du ministère de l’Intégration, nous sommes avec de nombreux russes qui font aussi leur alyah. L’un d’entre eux, un homme entre deux âges, a sur ses genoux une caisse avec un petit chat blanc et roux. Dès que je vois la petite truffe humer l’air à travers le grillage de sa cage, un grand froid digne des contrées du maître de ce chat m’envahit. D’un coup, je ne vois plus que les grandes billes vertes de mon chaton, laissé en garde à mes parents, en train de me fixer, pleines d’interrogations, de doutes et d’affection trahie. Je ne pensais pas que la nostalgie allait si vite me mettre le grappin dessus. La voilà qui me lacère en un coup de griffe rapide. Heureusement qu’il faut rapidement me ressaisir pour me concentrer sur les démarches administratives, car, sinon, je serais très certainement en train de fondre en larmes avant même d’avoir obtenu mes papiers… J’étais très mal partie.

Une fois les premiers papiers remplis et nos nombreux bagages rassemblés, nous voilà postés dans le hall de l’aéroport à attendre un taxi qui doit nous conduire à Jérusalem. Les minutes passent, les quarts d’heure s’écoulent, bientôt une heure. Rien. On nous dit d’attendre. « Réga », vous vous souvenez ? Bientôt. Quand ? Maintenant, dans pas longtemps. Au bout de ce qui semblait une éternité, nous sommes alors propulsés dans trois minibus, direction Ierouchaleim. Pour ce qui est du chemin, c’est très simple. Sur la grande route, après le 3e rond-point, il faut prendre à droite. Euh, non. A gauche. Trop tard. Demi-tour. Vous êtes sûrs que ce n’était pas plutôt tout droit. En fait, le souci c’est que le chauffeur n’a pas l’adresse exacte. Il attend un coup de fil pour qu’on lui confirme le lieu où il doit déposer les colis, c’est-à-dire nous éreintés et nos valises qui valdinguent allègrement dans le cockpit du minibus. Heureusement, grâce au GPS – l’invention moderne qui a ringardisé la bonne vieille carte routière – nous serons arrivés à bon port en deux temps trois mouvements. C’est bizarre quand même que la dame qui parle pour nous indiquer le chemin nous ait demandé de refaire demi-tour et qu’elle nous ait remis dans la direction de l’aéroport !!! Je vous laisse deviner ce qui s’en suivit et l’écoulement méthodique du temps jusqu’à ce que nous parvenions à destination.

Mais comme dit JJ Goldman, chez nous on sait l’importance des questions que les routes ont laissées dans l’histoire… N’est-ce pas ? Ça n’a l’air de rien comme ça, mais, primo, cette phrase est extrêmement profonde ; et, secundo, il y a des moments dans la vie où un peu de philosophie insufflée par la variété française procure un réconfort inestimable.
Et je peux vous dire que, au moment où j’ai appris que le chauffage de toute la résidence où j’allais loger, ne fonctionnait plus, j’en avais besoin de ce réconfort. Et d’un rab de couvertures, plaids et pull-overs pure laine aussi. Car oui, je le répète à tous ceux qui se plaisaient à limiter les raisons de mon départ en Israël à des considérations d’ordre climatique : il fait froid à Jérusalem en hiver !!!

Et, sans vouloir m’improviser météorologue de comptoir, je me demande si les effets du réchauffement terrestre qui ont entraîné une certaine douceur en France ces derniers mois n’ont pas eu comme répercussion d’accentuer les frimas au Proche-Orient. Parce que là, honnêtement, en attendant le bus hier, sous des rafales de pluie glacée, éclaboussée par des taxis qui se dépêchaient de rentrer chez eux avant le début de shabbat, tout en faisant le deuil de mon pied gauche dont je commençais à ne plus ressentir l’existence, j’en étais venue à me poser des questions sur les ravages du CO2 sur la couche d’ozone, mais aussi sur le sens à donner à tant d’hostilité évidente depuis que j’avais foulé la terre promise.
Il faut bien avouer que j’étais assez loin de l’accueil genre « Club Med » avec les colliers de fleurs et le cocktail de bienvenue aux couleurs chatoyantes.

Pourtant, avec les autres nouveaux venus autour de moi, avec leurs histoires racontées en russe, anglais, espagnol, français… et les chemins qui les ont conduits en Israël, nous avons le sourire aux lèvres – même si elles craquent un peu sous les gerçures – quand nous nous rendons à pieds dans la vieille ville, aussi naturellement que nous allions il y a encore si peu à deux pas de chez nous.

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