Une oasis de paix ?

Neve Shalom

Neve ShalomImaginez un petit village, quelque part en Israël, entre Tel Aviv et Jérusalem où cohabiteraient, en toute harmonie, dans la paix et la sérénité des familles juives musulmanes et chrétiennes… Ce village idyllique existe… ou presque…

A Neve Shalom/Wahat al Salam, qui signifie « l’oasis de paix » en hébreu et en arabe, depuis plus de 40 ans habitent ensemble des familles des trois religions. Cette petite communauté atypique, est née de l’imagination et de la volonté du frère dominicain Bruno Hussar, un juif converti, envoyé en Israël par sa congrégation pour ouvrir un centre d’études sur le judaïsme. Sur place il prend conscience, qu’en réalité, les 3 religions aiment le même Dieu et qu’elles devraient pouvoir se rassembler autour de cet amour. A partir de ce moment là, il n’a plus eu qu’une idée en tête, faire un test grandeur nature.

«l’oasis de paix » naît donc le 6 novembre 1970. On a du mal à imaginer aujourd’hui, en voyant ses maisons cossues, que Neve Shalom a été construit sur une colline de pierres et de ronces. Pourtant les débuts furent difficiles, le frère Hussar récupère un terrain aride, s’installe dans un bus au milieu de nulle part, sans eau ni électricité. Les premiers habitants le rejoignent peu à peu et dorment dans des tentes à même le sol. La plupart ne restent que quelques mois, mais certains s’installent plus durablement, parmi eux une française, Anne Le Meignen, 86 ans aujourd’hui et doyenne du village. A bien réfléchir, ces conditions très sommaires furent celles de quasiment tous les autres kibboutznik, voire même celle des habitants du jeune pays en entier

Depuis le frère Hussar est décédé mais le village lui a survécu, il compte actuellement une cinquantaine de familles, et 300 familles seraient sur liste d’attente.

Loin d’être un simple havre de paix où règnerait un calme absolue, à Neve Shalom, comme partout, les gens se fâchent et se réconcilient. Et les tensions sont particulièrement palpables dans les périodes de grands troubles politiques. Mais c’est aussi ça l’idée du projet, de pouvoir gérer le conflit, ensemble. La fierté des habitants du village est d’avoir créé un espace de vie commun où peuvent débattre, parfois avec virulence, des individus venus avec leur propre identité, leur propre point de vue et religion. Car ici l’idée n’est pas d’aseptiser ou d’uniformiser, mais bien coexister. Et ce modèle de coopération, a valu au village plusieurs nominations pour le prix Nobel de la paix.

Depuis sa création, Neve Shalom a prospéré, il été reconnu en 1985 par l’Etat d’Israël et il touche depuis des subventions et des aides de groupes d’amis du monde entier.

Aujourd’hui le village est surtout reconnu pour la qualité de l’enseignement de son école. En effet l’école du village fut la première du pays à dispenser un enseignement parfaitement bilingue, hébreu et arabe. Des professeurs des deux langues, les enseignent aux enfants dès leur plus jeune âge. Les classes sont composées des enfants de l’oasis, mais surtout, à 92% de ceux des petits villages alentour. En plus du scolaire, le lieu offre des activités artistiques et sportives à ces enfants venant de zones souvent pauvres.

Et le village se veut avant tout être une « école de paix », même pour les grands. Tout au long de l’année, des adultes du pays ou d’ailleurs, juifs, musulmans et chrétiens viennent effectuer des stages de 3 jours pour échanger et apprendre les uns des autres. Souvent, c’est pour eux la première occasion de vraiment rencontrer l’autre. On y parle politique, conflit et futur commun. « L’école de la paix » est reconnue par le ministère de l’éducation pour la qualité de ses formations d’animateurs en résolutions de conflits. L’idée est d’essaimer, de faire en sorte que les stagiaires reproduisent ensuite localement ce qu’ils y ont appris.

Si Neve Shalom est le seul village de la sorte en Israël, de nombreuses initiatives aux 4 coins du pays rassemblent des individus de confessions différentes. Au centre communautaire judéo-arabe de Jaffa par exemple, toutes les semaines, les femmes de la chorale Shirana chantent ensemble des chants traditionnels en hébreu et en arabe. Et ce centre rassemble quotidiennement, pour de nombreuses activités, les populations diverses de cette ville du sud de Tel-Aviv. Dans la high-tech de nombreux incubateurs font travailler ensemble eux aussi les diversités culturelles israéliennes comme webydo une société de développement de sites internet automatisés dirigée par un ancien des forces spéciales, un investisseur arabe et un sioniste religieux, ou encore le fameux centre Shimon Peres pour la paix qui a pour but de bâtir une infrastructure de paix et de réconciliation par et pour les habitants du Moyen-Orient.

Même si ces initiatives semblent n’être que des gouttes d’eau, elles sont assurément des petits pas en direction de la paix. Le jour, où de l’autre côté des frontières des projets similaires verront le jour, la paix ne sera peut être plus qu’à quelques encablures. Et là l’utopie sera vraiment réalité.


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