Implantée en Israël, la bah’ai mania se répand sur la planète des religions

bahaihaifa

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Méconnue du grand public, la communauté bah’aie, ayant son siège en Israël, est pourtant considérée comme la seconde religion indépendante du monde. Ses valeurs spirituelles et universelles en font l’exemple parfait du vivre-ensemble et lui permettent de jouer un rôle actif de promotion de la paix au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

La foi bah’aíe a vu le jour au milieu du XIXe siècle en Perse : son fondateur, Bahá’u’lláh, un noble persan, a proclamé en 1863 être le porteur d’une nouvelle révélation. Comptant aujourd’hui entre 5 et 7 millions de membres au niveau mondial, cette religion est fondée sur le postulat que l’humanité forme une unité harmonieuse et pacifique dépassant les clivages des nationalités, origines ou couleurs. Un tel positionnement mérite quelques approfondissements.

Les principes spirituels de la communauté bah’aie

Les lignes de force de la religion bah’aie sont tout d’abord spirituelles. Ainsi, le rôle d’un Dieu unique est primordial. Ce Dieu dispose de plusieurs messagers divins qui, à travers le temps (Moise, Jésus, Mahomet, Bouddha), ont été à la source des différentes religions. Ces religions sont, selon la foi bah’aie, égales et ont permis de faire évoluer la société vers un stade suffisamment mature d’unicité des êtres humains permettant désormais la constitution d’une communauté pacifique. Les autres principes sont essentiellement des règles de vie en communauté. Ainsi en est-il de l’égalité entre hommes et femmes, de l’éducation universelle, de la disparition de l’extrême richesse et de la pauvreté ou encore la recherche d’un équilibre entre sciences, religion et raison.

La place de Dieu et sa relation avec les hommes

La pierre angulaire de la religion baha’ie réside dans le fait que Dieu est unique, omnipotent et omniscient. Dieu serait si parfait et si fini qu’aucun être-humain ne pourrait le comprendre ou même le représenter. On retrouve là un point commun avec le judaïsme qui interdit toute représentation de Dieu.

Les hommes sont tous des créations de Dieu. Chaque homme a sa place dans cette société, pour faire le bien et doit savoir faire preuve de spiritualité et de modération : les choses sont efficaces quand elles sont faites avec modération et dangereuses voire nuisibles quand elles sont excessives. Les croyants doivent ainsi développer des vertus morales et spirituelles irréprochables. L’être humain est doté d’une âme invisible, rationnelle et éternelle. Celle-ci se développe au travers des relations entre les hommes et Dieu au moment des prières et de la lecture des Ecritures Saintes et cela se traduit par l’amour de Dieu, le respect de la morale et des autres. La spiritualité permet également d’accéder à la vie après la mort.

Haïfa : un lieu important pour la communauté bah’aie

Haïfa abrite les tombeaux du Bab, de Baha’u’llah et d’Abd al Baha. Bab a annoncé au XIX°s l’arrivée du Messager. Baha’u’llah a proclamé en 1863 être cette manifestation suprême attendue par certaines religions monothéistes. Baha’u’llah donna le jour à une religion mondiale représentant le couronnement de toutes les religions ayant existé jusqu’alors et serait sur la terre, au cœur d’un royaume de paix, de justice, de liberté et d’humanité. A sa mort, son fils, Abd-al-Baha (Abbas Effendi) dirigea la communauté. Il était l’interprète autorisé du message apporté par son père qui l’avait désigné comme seul interprète d’autorité de ses écrits. A sa mort (1921), Abbas Effendi désigna par testament son petit-fils, Shoghi Effendi (1897-1957) pour lui succéder en tant que Gardien de la foi bah’aie et pour faire autorité en interprétant les enseignements bah’ais. A Haïfa, on peut également découvrir les ‘Jardins de Bah’ai’ qui sont très visités par tous les pèlerins du monde. Ces jardins avec leurs plantes variées et leurs arbres immenses créant une atmosphère de bien-être ont une vingtaine de terrasses sur plus d’un kilomètre jusqu’au sanctuaire bah’ai, bâti en 1953, où repose Bab ; il est un hommage à l’un des créateurs de la religion et à ses enseignements.

Les institutions et centres d’enseignement de la foi bah’aie

Haifa abrite également la ‘Cour Universelle de Justice’ qui est, pour les ba’hais, une sorte de Parlement religieux chargé d’assurer le respect des lois bah’aies. Cette Cour, qui représente l’autorité législative depuis 1963, est composée d’un corps de neuf membres élus tous les cinq ans par les membres de toutes les assemblées spirituelles nationales. Lors des dernières élections en avril 2013, plus de 160 communautés nationales religieuses ont pris part aux votes. La Cour dirige les affaires spirituelles et administratives de la Communauté bah’aie au niveau international. Elle a pour but de préserver des valeurs spirituelles fondatrices de la communauté, tant au plan individuel que collectif. Elle s’adapte donc aux besoins et évolutions de la communauté.

Toujours à Haifa, se trouvent le Centre d’Enseignement International, le Centre d’Etudes des Textes ou encore les Archives. L’essentiel de la communauté bah’aie présente en Israël a en charge de veiller au bon fonctionnement des différentes institutions bah’aies.

La foi bah’aie : la seconde religion indépendante révélée depuis le XIX° siècle Les croyances bah’aies résultent de combinaisons syncrétiques de religions antérieures. Les bah’ais considèrent leur religion comme une tradition distincte avec ses propres écritures, ses enseignements, ses lois et son histoire. Elle diffère des autres traditions religieuses par sa nouveauté et par les enseignements modernes de Baha’u’llah.

Pour certains théologiens et scientifiques contemporains, la foi bah’aie est une religion ‘indépendante’ car elle possède ses propres textes sous la forme d’écrits révélés par Baha’u’llah, ses propres lieux saints, son calendrier et ses fêtes. Cette foi interprète les Ecritures Saintes, dont celles de l’Ancien et Nouveau Testament et du Coran et voit dans la venue de Baha’u’llah, l’accomplissement de la promesse de toutes les religions du passé.

D’autres scientifiques vont jusqu’à affirmer que la foi bah’aie est un «mouvement religieux authentiquement original».L’expansion notable de la foi et sa reconnaissance internationale Une foi répandue mondialement Shoghi Effendi Rabbãni, successeur de Baha’u’llah (1921-1957) et la ‘Cour Universelle de Justice’ permirent une expansion considérable de la foi bah’aie. Shoghi Effendi lança dès 1953 sa croisade de dix ans qui amena la foi à se répandre dans tous les pays du monde. Ainsi, grâce à Shoghi Effendi, le nombre de bah’ais est passé de 1000 000 à 400 000 et le nombre de pays ‘gagnés’ par la foi passa de 35 à 250. Il a également traduit la littérature bah’aie dans de nouvelles langues et a envoyé des pionniers ‘conquérir’ encore de nouveaux pays.

La ‘Cour Universelle de Justice’ a lancé plusieurs plans en 1964 permettant de guider la communauté bah’aie dans ses méthodes d’enseignement. Elle a aussi mené des campagnes de sensibilisation à la paix et a rédigé des lois dans le domaine des droits de l’homme et de l’égalité des femmes.

On dénombre cinq à sept millions de bah’ais dans 190 pays, ce qui représente 2100 ethnies dans le monde. La communauté bah’aie est répartie dans 46 territoires indépendants. La moitié vit en Asie et notamment en Inde, un tiers en Afrique et environ 300 000 croyants en Iran. En Europe, la plus grande communauté est en Grande-Bretagne (de 3000 à 5000), alors qu’en France, on dénombre environ 5000 ba’hais. Leurs écrits sont traduits dans plus de 800 langues.

La reconnaissance internationale de la foi bah’aie par l’ONU L’objectif de la foi bah’aie étant l’unité et la paix des peuples, les ba’hais ont toujours considéré l’Organisation des Nations Unies comme un bon vecteur de réalisation de leur croyance. En 1948, la communauté bah’aie a ainsi logiquement acquis le rang d’ONG (Organisation Non Gouvernementale) par l’ONU. Depuis 1970, elle est aussi un organe consultatif auprès de l’ECOSOC (Conseil Economique et Social) et de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance). Elle a des relations de travail avec l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et s’associe au PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Soucieux des persécutions souffertes par certains de leurs croyants dans différents pays, les bah’ais travaillent également sur les programmes de lutte contre l’oppression des minorités.

La communauté baha’ie développe enfin des actions de proximité dans le domaine de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de l’environnement afin de développer les capacités humaines. La communauté baha’ie est donc une communauté indépendante, pacifiste et ancrée dans la réalité : un équilibre parfait entre spiritualité, progrès économique et bien-être de l’être humain ! Gageons que cette religion dispose de solides atouts pour gagner en visibilité et en croyants…


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