Récemment, le cas du Juste Mohammed Helmy a fait grand bruit. Reconnu comme Juste parmi les Nations par Yad Vashem le 18 mars dernier, il est le premier Juste égyptien à recevoir la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël. Malheureusement, ce n’est nullement le caractère unique de ce sauvetage qui a retenu l’attention générale mais le refus de son lointain ayant-droit qui, pour des raisons politiques ridicules, n’a pas rendu hommage à son ancêtre.

Où sont les valeurs et le respect de la mémoire d’un disparu, un héros qui a agi avec courage, au péril de sa vie ? 
Alors qu’elle devrait être fière pour cet acte de bravoure, la famille cache honteusement son histoire familiale jusqu’à boycotter la récompense israélienne. Pour nous il est important de rendre hommage à ces héros ordinaires qui on agit de manière extraordinaire. La mémoire de cette noble âme est salie et manipulée au nom d’une politique imbécile et aveugle.

Mohammed Helmy n’est pas le premier Arabe à recevoir le titre de Juste parmi les Nations. D’autres avant lui, Arabes et Musulmans, ont participé activement à la lutte contre le nazisme et méritent d’être remarqués. On souhaiterait leur rendre hommage car Israël est reconnaissant envers ces personnes en les distinguant de la seule décoration civile du pays.

Les 70 Musulmans reconnus officiellement comme Justes Parmi les Nations, ont souvent fait preuve de courage et de sacrifice.

Il existe des histoires individuelles extraordinaires de sauvetage en Tunisie, en Albanie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Algérie, au Maroc ainsi qu’en Turquie.

L’Albanie :

L’histoire des sauvetages en Albanie a été très peu diffusée. L’Albanie a été le seul pays européen où le nombre de Juifs était plus élevé après-guerre qu’avant-guerre. Avant la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y avait que 200 Juifs ie sur une population de 800.000 personnes. Après la guerre, ils ont été beaucoup plus nombreux, car des Juifs venus d’une demi-douzaine de pays ont fui les persécutions nazies et se sont réfugiés en Albanie.

C’est le cas du Bosniaque Dervis Korkut, qui cacha une jeune juive résistante du nom de Mira Papo et qui préserva la Haggadah de Sarajevo, l’un des manuscrits en hébreu les plus précieux au monde. Ou du Turc Selahattin Ulkumen, qui sauva cinquante juifs des fours d’Auschwitz. Son geste héroïque fut la cause indirecte de la mort de son épouse, Mihrinissa, tuée lors de représailles menées par les nazis. C’était peu après qu’elle eut donné naissance à leur fils, Mehmet. On peut également citer l’Albanais Refik Vesili qui, à l’âge de 16 ans, sauva huit Juifs en les cachant dans la maison que possédait sa famille à la montagne.

L’Algérie, la Tunisie et le Maroc :

Khaled Abdelwahhad est le premier Arabe musulman nommé Juste par Yad Vashem en 2007.

Abdelwahhad était le fils d’une famille aristocrate tunisienne. Il avait 32 ans quand les Allemands ont envahi la Tunisie en 1942. Le pays comptait à l’époque plus de 100 000 Juifs.

Les Allemands y ont d’emblée imposé des lois antisémites, obligeant les Juifs à porter l’étoile jaune, les dépossédant de leurs propriétés, leur faisant payer des amendes

Plus de 5 000 juifs furent envoyés dans des camps de travail, dans lesquels, en tous cas, 46 furent tué. Près de 160 Juifs tunisiens ont aussi étés déportés de France vers les camps de la mort. Abdelwahhad travaillait à l’époque comme interlocuteur entre la population de la ville de Mahdia et les troupes nazies. Quand il a entendu que des officiers allemands voulaient violer Odette Boukris, une femme juive de la ville, il a prévenu sa famille et quelques autres familles juives de Mahdia (environ 20 personnes) et les a toutes emmenées dans sa ferme hors de la ville. Il les cacha pendant quatre mois, jusqu’à la fin de l’occupation.

La Turquie :

Durant cette période désastreuse pour l’humanité, de nombreux diplomates turcs en fonction dans les pays occupés par les nazis s’efforcèrent, par tous les moyens, de sauver de la déportation le plus grand nombre de Juifs que l’on pouvait considérer comme sujets turcs.

Selahattin Ülkümen, Consul Général à Rhodes (1943-44), qui sauva 42 Juifs d’une mort certaine, a été honoré par Yad Vashem, le 26 Juin 1990, comme ‘’Hassid Umot ha’Olam’’ – Juste parmi les Nations. “C’était la voix de ma conscience” a- t-il expliqué.

Lorsque le 20 Juillet 1944, les Allemands ordonnèrent aux hommes juifs de se rassembler à la Kommandatur, Ülkümen, qui prévoyait la suite des évènements, réclama du Commandant Général Kleeman la libération des Juifs de nationalité turque ainsi que de leurs conjoints.

Et quand le général nazi ordonna aux Juifs de produire les documents prouvant leur nationalité, Ülkümen eut l’idée de les informer que d’après la Constitution Turque, les conjoints étaient soumis à la loi turque, et ce quelle que soit leur nationalité.

La déportation des 1727 juifs de Rhodes eut lieu le lendemain, seules 150 personnes ont survécu.

En représailles, le Consulat de Turquie à Rhodes fut bombardé par l’aviation allemande, tuant les deux fonctionnaires turques du Consulat et blessant grièvement l’épouse du Consul, Mme Mihrinissa Ülkümen, alors enceinte, qui mourut de ses blessures quelques mois plus tard.

Necdet Kent, Consul à Marseille (1942 -1945), réussit à sauver les 82 juifs Turcs embarqués sur le train au départ de Marseille vers leur fin tragique.

Les officiers allemands refusant de libérer les Juifs, sous prétexte que “Turc ou pas, un Juif est un Juif”, Necdet Kent s’embarqua lui-même sur ce même train en disant qu’il était “décidé à accompagner ses citoyens jusqu’où se rendrait le convoi”.

Craignant un scandale diplomatique avec la Turquie alors neutre, le train fut arrêté à la gare de Nîmes et les 82 Juifs réclamés par Kent furent libérés.

 

Behic Erkin, Ambassadeur de Turquie à Vichy (1940-1943) :

Il avait engagé un portier français nommé André Picard, qui était chargé non seulement de protéger les Juifs qui s’adressaient à l’Ambassade pour le harcèlement de la Gestapo établie dans la bâtisse adjacente, mais aussi leur apprendre quelques mots en turc tels que :

“ La Turquie est notre patrie, nous avons des parents partout”

paroles qu’ils pourraient répéter quelques minutes plus tard devant l’Ambassadeur, comme “soi-disant” preuve de leur identité turque, faute de documents réguliers.

L’“Union des Juifs originaires de Turquie” a officiellement déposé, une demande auprès du Mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, à Jérusalem, pour que soit accordé à titre posthume le titre de “Juste parmi les Nations” à Behiç Erkin.

 

Mohammed Helmy, au même titre que ces Justes connus et inconnus, aura son nom gravé à jamais au Mémorial Yad Vashem comme dans le coeur du peuple israélien .