Pourquoi le monde se dispute Jérusalem

Il est dit que le Paradis et la Terre se rejoignent sur le haut des sommets sacrés de Jérusalem, pourtant les rues pavées de la ville peuvent témoigner des violences les plus infernales.

Le Roi David y avait soumis les Jébuséens, les fondateurs de la cité de Canaan. Les Romains et les Babyloniens dispersèrent les juifs. Les Musulmans ont triomphé des Byzantins. Les Croisés Chrétiens ont défait les musulmans, qui à leur tour, furent repoussés par les Tartares.

S’en suivirent les Ottomans, puis les Britanniques, puis les Jordaniens, puis finalement, en 1967 la ville fut entièrement unifiée lorsque Israël annexa Jérusalem Est. Ce qui provoqua un nouveau cycle de violence, cette fois-ci entre Israéliens et Palestiniens.

« Ce sont probablement les terres les plus contestées au monde », déclare le journaliste et gastronome Anthony Bourdain, alors qu’il visite Jérusalem dans la première saison de l’émission « Anthony Bourdain : Destinations Inconnues », qui sera diffusée dimanche soir sur CNN.

« Et il y a peu de chance – voir même aucune – d’en parler à quelqu’un sans que cela le mette dans tous ses états. »

Comment un lieu Saint peut-il susciter autant de conflits ?

On pourrait appeler cela le paradoxe de Jérusalem : Si la ville n’était pas autant considérée comme sacrée, elle ne alors ferait l’objet d’aucune contestation.

Mais dès l’époque des Jébuséens, il y a de cela plus de 3000 ans, ce territoire insignifiant fut proclamé comme étant le portail vers le paradis, et depuis chacun souhaite s’en approcher au plus près.

Après tout, combien d’endroits peuvent-ils faire faire mention de « Dieu » dans le registre de leurs visiteurs ? Ainsi qu’Abraham, David, Salomon, la Vierge Marie, Jésus et le Prophète Mahommet.

« Cette ville regorge de lieux qui représentent un symbole historique pour différentes communautés – et ils font tous l’objet de contestations », déclara Samuel Heilman, professeur d’Études Juives à l’université du Queen, de New-York, et l’auteur de « Un promeneur dans Jérusalem ».

« L’Histoire de tous, n’est que l’histoire d’un certain nombre de gens, » explique Heilman. Et ainsi, ils n’essaient pas seulement de faire que leur histoire soit la véritable histoire, mais ils essaient également de délégitimer celle des autres. »

Certains musulmans considèrent que Jérusalem n’a jamais abrité de Temple juif ; certains juifs contestent le fait que Mahomet ait visité la ville sacrée, et la polémique se poursuit ainsi de suite… Depuis des siècles.

Et ça n ‘est pas seulement les Musulmans, les Juifs et les Chrétiens qui s’affrontent entre eux. Ce sont aussi parfois de graves querelles qui s’installent parmi les croyants eux-mêmes. Vous avez envie d’assister à un combat de moines chrétiens ? Allez à Jérusalem.

Le bon côté des choses, c’est que les trois croyances Abrahamiques, expliquent que le Messie finira par revenir à Jérusalem, et tout rentrera dans l’ordre.

En attendant, voici les sites les plus contestés de la ville sainte :

 

Le Mont du Temple

Il est dit que cette large plate-forme qui se trouve dans la vieille ville de Jérusalem, a été le lieu privilégié d’une inimaginable série d’événements sacrés.

Les rabbins les plus sages disent que Dieu a créé Adam à partir de poussières appartenant à ces lieux, avant de l’installer dans le Jardin d’Eden.

La tradition juive indique également que le Mont du Temple, contenait le Mont Moriah, duquel Abraham, le patriarche hébreu, y sacrifia son fils – sur ordre divin – avant qu’un ange n’intervienne.

Plus tard, Salomon y construisit le premier Temple Juif, abritant le Saint des Saints, une chambre dans laquelle était gardée l’Arche d’Alliance, qui contenait selon les dires, les tablettes sur lesquelles Dieu écrivit les Dix Commandements.

Seul le grand prêtre juif était autorisé à entrer dans le Saint des Saints, dans lequel la tradition veut qu’il y ait rencontré Dieu lors du Yom Kippour, la fête juive du Grand Pardon. Les rabbins disent qu’ils est toujours interdit aux Juifs de marcher sur le Mont du Temple, par peur de pénétrer le Saint des Saints.

Le Temple fut détruit à deux reprises, une première fois par les Babyloniens puis par les Romains. Les juifs religieux prient pour que le Troisième Temple soit construit par le Messie en personne.

 

Haram al-Sharif

Les musulmans nomment le Mont du Temple « Haram al-Salif », (le noble sanctuaire), et il représente l’un des lieux les plus sacrés de l’islam : la mosquée d’al-Aqsa.

Les Musulmans croient que le Prophète Mahomet fut porté par un cheval ailé de la Mecque vers al-Aqsa lors de son miraculeux voyage de Nuit, selon Muqtedar Khan, un expert de l’islam politique à l’université du Delaware.

« Tout est lié à al-Aqsa », dit Khan. « C’est pour cette raison que tous les musulmans sont sensibles à la cause palestinienne. »

Selon la tradition islamique, le voyage de Nuit de Mahomet l’entraîna à l’endroit même où Abraham a failli sacrifier son fils, et où dans les prières le fondateur de l’Islam fait d’Abraham, Moïse et Jésus les derniers prophètes de Dieu.

On considère à présent que le rocher se situe sous le Dôme de la Pierre, dont le toit doré scintille au-dessus de la ligne d’horizon de la Vieille Ville.

Depuis sa construction au septième siècle, le Haram al-Sharif, aujourd’hui contrôlé par un fond islamique, a été presque sans interruption une source de tension entre Musulmans et Juifs.

Dans les années 80, un groupe de juifs radicaux a projeté de faire exploser le Dôme du Rocher et al-Aqsa, car ils croyaient que cela conduirait à une révolution spirituelle et annoncerait l’arrivée du Messie.

En 2000, la seconde Intifada – une révolte palestinienne de cinq ans – fut déclenchée, selon les Palestiniens, après qu’Ariel Sharon, alors candidat au poste de Premier Ministre Israélien, ait visité les abords de l’enceinte d’al-Aqsa.

Sharon a expliqué que sa visite n’a jamais été de provoquer les Palestiniens, mais nombreux sont ceux qui y ont vu une tentative d’Israël de revendiquer les sites saints de Jérusalem.

 

Le mur des lamentations

Les soldats israéliens ont fondu en larmes lorsqu’ils aperçurent le mur des lamentations en 1967, après avoir repris Jérusalem à la Jordanie.

« Nous sommes revenus sur nos terres les plus sacrées », a déclaré l’un des généraux israéliens. « Nous sommes de retour, et nous ne les abandonnerons jamais ».

Situé au pied du Mont du Temple, le mur de 9 mètres de haut fut autrefois une partie de la cour de l’Ancien Temple, le centre de la vie juive depuis des siècles.

Pour les juifs, le mur est l’un des derniers liens avec cette époque, et ils se réunissent face à lui afin d’y célébrer des offices religieux, d’y prier ou pour y introduire de petites notes dans ses fissures.

« Il existe une tradition selon laquelle, les notes qui sont insérées dans le mur, sont des pensées qui sont transmis au paradis », explique Heilman, « Puisque c’est de cette manière que les Juifs ont pu pendant des générations s’approcher au plus près du Mont du Temple, d’où ils croient que Dieu est venu sur Terre. »

Dans quelle mesure les juifs estiment s’en approcher – et quel types de Juifs – sont des sujets de débat intense ces dernières années.

Le lieu des prières est divisé en deux sections, l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes, et pour les hommes ultra-Orthodoxes qui repoussent les femmes qui chantent et prient contre le mur, ou essaient d’entrer dans la section des hommes, les accusant de violer la loi juive.

En réaction, un groupe intitulé « Les Femmes du Mur » a mené une campagne publique de protestation très remarquée afin d’obtenir le droit de porter des châles de prière, de mener et de lire collectivement les prières de la Torah sur le site saint.

 

L’église du Saint Sépulcre

Au quatrième siècle, après s’être converti au christianisme, l’empereur Constantin lança ce que l’historienne Karen Armstrong appelle « L’une des premières campagnes de fouille archéologique répertoriée de l’Histoire »

Il était à la recherche de la tombe de Jésus, et il pensait qu’il la trouverait à Jérusalem. Constantin demanda à sa mère de superviser la construction d’une magnifique église sur le site.

A l’origine nommée l’Église de la Résurrection, elle fût détruite par un calife musulman en 1009, mais quelques temps plus tard, des dirigeants Musulman autorisèrent les chrétiens à la reconstruire.

A présent appelée L’Église du Saint-Sépulcre, de nombreux chrétiens croient qu’elle abrite un morceau de la croix sur laquelle Jésus fut crucifié, ainsi que sa tombe et le site de sa résurrection.

Suite un accord datant de plusieurs siècles, l’église est partagée par six communautés chrétiennes, mais il arrive parfois qu’elles se disputent à propos de chaque pierre, ce qui laisse apercevoir la fragilité de cette entente.

En 2008, par exemple, la police israélienne antiémeute dû séparer un affrontement entre la communauté Grecque Orthodoxe et des moines Arméniens. Lors des prières de Pâques de 1970, des prêtres éthiopiens se seraient introduits par le toit de l’église et changèrent les verrous pour évincer les Kopts, qui étaient à l’époque les anciens propriétaires des lieux.

Les communautés Chrétiennes du Saint-Sépulcre ne se sont font même plus confiance concernant les clés de l’église. C’est une famille musulmane qui les possède, et qui est chargée d’ouvrir l’église chaque matin et de fermer ses portes chaque soir à 21 heures depuis le 12ème siècle.

 

Le Jardin de la Tombe

Certains Chrétiens ne croient pas que Jésus fut enterré puis ait ressuscité à l’église du Saint-Sépulcre.

Au 19ème siècle, des doutes furent émis à propos du site de Constantin, a déclaré Robert Wilken, professeur d’histoire à l’Université de Virginie.

« Pour résumé les événements, les Protestants se sont rendus à l’église du Saint-Sépulcre au 19ème siècle et furent consternés de constater qu’il s’agissait d’une église Orthodoxe, » explique Wilken. Les icônes qui y figuraient et les encens diffusés ont offusqué les Protestants, dont les pratiques sont plus austères.

En 1867, les Chrétiens Britanniques ont mis à jour ce qu’ils pensaient être le jardin de Joseph d’Arimathie, à l’extérieur des des portes de la vieille ville de Damas, ont ils croient que Jésus fut enterré.

L’évangile de Jean décrit que la tombe de Jésus se trouve dans un jardin, et les Chrétiens Britanniques chargés de conserver le Jardin de la Tombe ont déclaré que le site correspond parfaitement aux descriptions de la Bible.

La tombe est taillée dans de la roche dure, et se situe près d’un escarpement en forme de crâne (Golgotha, est le lieu ou Jésus fut crucifié, est signifie « La place du crâne ») et plus important, ils affirment, que la tombe est vide, ce qui confirme la résurrection de Jésus.

Source : Daniel Burke, CNN Belief Blog Co-Editor le 15/9/13


Commenter cet article

commentaires jusqu'à présent. Ajouter le votre