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D’après un expert français : “Israël est un pays ami des seniors”

portrait DB

 

Agé de 29 ans, né à Angers (Maine-et-Loire), David Bensadon est diplômé d’un Master en santé publique à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP, Paris) et d’un master en management public à l’Institut Supérieur du Management Public et Politique (ISMAPP, Paris).

 Pouvez-vous nous parler de votre engagement ?

Je me suis intéressé assez tôt au vieillissement démographique car ce phénomène majeur bouleverse l’ensemble de la société : protection sociale, santé, urbanisme, technologies, emploi… Certains s’en alarment. Je pense au contraire qu’il s’agit d’une victoire de la vie, les challenges que cela pose sont autant d’opportunités pour innover. Et puis, au-delà, on touche à des questions fondamentales, comme la place de la famille et des générations dans notre société.

Cela m’a notamment conduit, en 2010, à travailler au sein du Secrétariat d’Etat chargé des aînés, sur une mission initiée par le Ministre et intitulée « Vivre chez soi ». J’ai ensuite rejoins, il y a trois ans, une entreprise qui aide les collectivités locales à optimiser leur politique d’action sociale en direction des personnes âgées ou handicapées.

En parallèle, j’ai co-fondé l’Association Pour l’Innovation et la Longévité (l’APIL), dont je suis président. Notre objectif est d’apporter un coup de projecteur sur des bonnes pratiques liées à la longévité, de les diffuser auprès des décideurs publics et d’expérimenter des programmes au niveau local pour les modéliser et en assurer le développement.

Nous avons organisé plusieurs colloques au Sénat réunissant parlementaires, élus locaux, experts, entreprises et associations. Lors du colloque de 2012, consacré  à l’adaptation des villes au vieillissement, nous avons eu le plaisir d’inviter un représentant du gouvernement israélien, Shaï Milman, qui travaille au sein du cabinet du Premier Ministre, et qui nous a présenté les réflexions et le plan d’action d’Israël dans le domaine du vieillissement.

Dans le prolongement de cette rencontre, nous avons également publié notre premier ouvrage, intitulé « 10 propositions pour adapter les territoires au vieillissement démographique ». Il contient des éclairages internationaux, notamment une interview du Dr Léa Nass, alors Ministre des personnes âgées en Israël.

Quand avez-vous connu Israël ?

A l’été 2011, lors d’un premier voyage touristique d’une semaine. J’ai alors découvert un pays où l’héritage de l’histoire est omniprésent, mais aussi un pays très dynamique, porté sur l’avenir, une terre d’échanges où les valeurs de la famille, des liens entre les générations et de transmission sont également très fortes.

J’ai décidé d’y retourner l’été suivant dans le cadre d’un oulpan à l’Université de Tel Aviv, et d’en profiter pour avoir un meilleur aperçu de la manière dont la société israélienne prend en compte le vieillissement de la population.

Je dois souligner que mes interlocuteurs ont été très accueillants, particulièrement ouverts à l’échange, et je les en remercie à nouveau chaleureusement. 

 Comment situez-vous Israël par rapport à la France en matière de vieillissement ?

Du point de vue démographique, Israël est plus jeune que la France, seulement 10% de sa population ayant plus de 65 ans (contre 17% en France), mais celle-ci devrait augmenter jusqu’à 14% d’ici 2030.

L’espérance de vie y est élevée : 79 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes (respectivement 78 ans et 84 ans en France). C’est une bonne nouvelle, largement due à l’innovation technologique et au progrès médical.

La situation des retraités est globalement plus contrastée qu’en France. Aussi, certains choisissent de poursuivre une activité salariée (11,5% des retraités : 18% chez les hommes, 6% chez les femmes). Cela dit, continuer à travailler ne doit pas être forcément vu comme négatif : la personne conserve alors un rôle actif dans la société, ce qui permet entre autres de prévenir l’isolement social.

Autre fait, les personnes âgées sont moins nombreuses (seulement 4%) à être hébergées en maison de retraite qu’en France (6%). Il y a bien sûr un facteur économique, mais plusieurs de mes interlocuteurs ont souligné l’importance du facteur culturel : il n’est pas toujours bien vu de placer ses parents en maison de retraite.

Enfin, une réalité incontournable de la société israélienne : 28% des personnes de plus de 65 ans sont des survivants de l’Holocauste, soit plus de 200 000 personnes.

 Comment s’est organisée  historiquement la prise en charge des plus âgés en Israël ?

J’ai eu l’opportunité de rencontrer à Jérusalem le Dr Yaacov Kabilou, Directeur des services au sein des communautés[1] de JDC Eshel[2], l’Association pour la planification et le développement des services pour les personnes âgées en Israël. Il m’a présenté l’originalité du modèle de JDC Eshel et son rôle historique en Israël.

Lorsque l’Etat d’Israël fut institué en 1948, le Gouvernement avait des challenges immédiats à relever. Il a donc délégué à la branche israélienne d’une ONG américaine, l’American Jewish JDC, le soin de développer des services pour personnes âgées ou handicapées, la plupart d’entre elles ayant fui l’Europe ou les pays arabes et vivant souvent dans des conditions précaires. Cette ONG a mis en place des services (accueil de jour, maisons de retraite..) pour les accueillir dans les meilleures conditions possibles.

Puis le Gouvernement a repris la main sur l’organisation des services pour personnes âgées dans les années 1970. Pour autant, au regard de l’expérience accumulée par JDC, il a suscité la création d’une entité originale, une joint venture entre l’ONG et le Gouvernement israélien : JDC ESHEL.

Il s’agit d’un modèle de partenariat original. En effet, JDC ESHEL regroupe en son sein les différents ministères (santé, affaires sociales, finance..) mais aussi des professionnels et des associations. Son objectif est de mutualiser les ressources publiques, privées et associatives pour développer de nouveaux services pour les personnes âgées. JDC ESHEL n’est pas directement gestionnaire de service. JDC ESHEL assure le pilotage, l’expérimentation et l’évaluation de nouveaux programmes, dans une approche partenariale, avant d’en confier les clés au Gouvernement pour une généralisation le cas échéant. Depuis bientôt 40 ans, les programmes se sont ainsi multipliés dans tous les domaines : centres de jour, voisinage solidaire, promotion de la santé, technologies de l’autonomie…

Un exemple de programme initié par JDC ESHEL ?

Une initiative intéressante dans le champ du lien social : le programme Warm home (« foyer »). Il consiste à inviter des petits groupes de 10-15 personnes âgées à se retrouver une ou deux fois par semaine pour échanger chez l’un d’entre eux, « hôte volontaire ». La participation est gratuite et les activités sont librement définies par les participants. Ce programme a été conçu pour aider les nouveaux immigrants des anciens pays soviétiques à s’adapter à leur nouvelle vie en Israël mais son succès va au-delà de cette communauté. Il y a actuellement plus de 250 Warm Homes en Israël, et 3 000 participants réguliers.

 
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Vous avez rencontré Aaron Azoulay, Directeur de cabinet de la Ministre des personnes âgées, le Dr Léa Nass (à l’époque). Qu’avez-vous retenu de cette rencontre ?

J’ai en effet été ravi d’avoir l’opportunité d’échanger avec Aaron Azoulay, qui dirige le Ministère des personnes âgées. Ce Ministère a été créé en 2008 pour prendre en charge l’ensemble des personnes âgées en Israël.  

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Son action vise à améliorer leur vie, renforcer leur image – que ce soit dans la société ou par rapport à elles-mêmes – et donner un sens à leur vie, tout en sachant que plus la personne est occupée et active, plus elle maintiendra sa santé physique et mentale, retardant ainsi les maladies liées à la vieillesse et le risque de devenir dépendante d’ici quelques années. Il développe clairement une approche préventive du vieillissement.

Le Ministère des personnes âgées a donc 4 objectifs[1] :

  • améliorer la qualité des personnes âgées dans la société israélienne,
  • réorganiser et coordonner les services pour les adapter au vieillissement de la population,
  • renforcer les liens intergénérationnels,
  • améliorer la qualité de vie des survivants de l’Holocauste.

Une originalité intéressante du Ministère israélien, vis-à-vis de ses homologues d’autres pays, est d’être directement rattaché au Premier Ministre – et non comme souvent aux affaires sociales ou à la santé. Cela démontre une approche globale de la situation des personnes âgées, et renforce la légitimité du Ministère à piloter des dossiers comme le développement économique (encouragement de l’activité des personnes âgées, y compris salariat)  ou l’urbanisme.

Vous évoquez l’urbanisme. Comment se préparent les villes israéliennes au vieillissement de leur population ?

Au niveau mondial, il existe une démarche appelée « Ville amie des aînés » qui a été créée en 2006 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)  pour inciter les villes à recenser et adapter leurs infrastructures et leurs services au vieillissement de leur population, en favorisant une approche participative. Dans cette démarche, six axes de travail sont identifiés : espaces extérieurs et bâtiments, transports, logement, participation au tissu social, respect et inclusion sociale, participation citoyenne et emploi. Cela permet de réaliser un état des lieux complet de la ville par rapport au vieillissement, et d’établir une feuille de route pour améliorer la qualité de vie pour tous. 

En Israël, les villes se montrent particulièrement actives sur le sujet, puisque plus de 100 villes ont manifesté leur intérêt de rejoindre le réseau de l’OMS !

Devant le succès de la mobilisation, le Gouvernement israélien a d’ailleurs décidé de faire appel à un cabinet pour accompagner les villes, et c’est le cabinet Langleben Strategies qui a été sélectionné. J’ai pu rencontrer Shahaf Langleben, consultant, et j’ai relevé deux innovations significatives israéliennes apportées à la démarche de l’OMS :

D’abord, à la question « que peut faire la ville pour mieux accompagner les aînés ? », la version israélienne du programme ajoute la dimension réciproque : « comment les aînés peuvent-ils contribuer à résoudre les problèmes de la ville ?». Une vraie différence de perception sur le rôle positif que peuvent jouer les aînés, et leur participation à la société.

Ensuite, des efforts importants sont faits pour organiser un partage d’expérience au niveau national et une diffusion plus rapide des avancées réalisées par les différentes villes. On devine déjà une évolution possible du concept de « ville amie des aînés » à celui de « pays ami des aînés ». Cela sera très intéressant à suivre dans les prochaines années.

 

Un moment particulier ? La cérémonie de clôture du programme « les étudiants pour les personnes âgées »

A l’invitation d’Aaron Azoulay, j’ai assisté, début août, à l’Université de Tel Aviv, à la cérémonie de clôture du programme « les étudiants pour les personnes âgées », porté dans tout le pays par le Syndicat national des étudiants israéliens , en partenariat avec le Ministère des personnes âgées.

Le principe du programme ? Permettre à un étudiant de s’engager à effectuer 120 heures de volontariat au cours du semestre en faveur des personnes âgées – par exemple en donnant des cours d’informatique ou en encadrant un atelier théâtre. L’étudiant peut ainsi apprendre et partager l’expérience de vie de la personne âgée qui, en retour, appréciera sa compagnie et son énergie.

En fin de programme, les étudiants reçoivent une indemnité financière pour les remercier de consacrer leur temps au service des autres.

Plusieurs points du programme m’ont particulièrement intéressé :

  • Le choix entre six volets distincts : le théâtre, les arts plastiques, la musique, le lien social, l’échange avec des survivants de l’Holocauste, la sensibilisation à l’informatique ;
  •    Le pilotage entièrement assuré par des étudiants, qui exercent ainsi des responsabilités importantes ;
  •   La démarche collaborative, qui réunit le syndicat étudiant, le Ministère des personnes âgées, les universités et instituts, et les associations sur le terrain ;

Shani Mandel, coordinatrice du programme sur Tel Aviv, et membre du Syndicat national des étudiants israéliens (et donc, étudiante elle-même), m’a d’ailleurs confirmé le succès de l’opération : chaque année, plus de 500 étudiants s’engagent dans l’ensemble du pays, de réelles amitiés se créent avec les personnes âgées, dont beaucoup sont des survivantes de l’Holocauste.

 shani mandel 2

Quels sont vos projets en lien avec Israël ?

Tout d’abord, l’APIL va impulser cet automne, avec une grande ville française et l’Université locale, un programme d’engagement intergénérationnel étudiant, directement inspiré du programme israélien et aussi d’un autre programme observé à l’Université de Washington (Seattle)[1]. Nous sommes en phase préparatoire, pour un lancement avant la fin de l’année 2013.

Par ailleurs, la coopération entre la France et Israël sur l’innovation et la longévité peut être développée dans de nombreux domaines : les programmes sociaux, mais aussi les nouvelles solutions d’hébergement, la prévention santé, les technologies de l’autonomie, la robotique, la mobilité… C’est pourquoi nous souhaitons organiser un voyage exploratoire en Israël à la fin de l’année, destiné aux collectivités locales françaises et aux entreprises. Cela leur permettra de découvrir les expériences israéliennes, de créer des liens avec leurs homologues et de saisir des opportunités de développement économique.

Je retourne cet été à Tel Aviv : je compte en profiter pour préparer le voyage exploratoire et développer les contacts sur place.

Pour me contacter : david_bensadon@yahoo.fr


[1] L’APIL va d’ailleurs prochainement présenter plus en détail ces expériences et les enseignements pour la France, en publiant une note technique sur le sujet au mois d’août.

 


[1] Voir interview du Dr Léa Nass dans l’ouvrage « 10 propositions pour adapter les territoires au vieillissement démographique », Editions de l’APIL, 2012.


[1] Le mot « communauté » s’entend par opposition au mot « institution », qui désigne quant à lui les services produits dans des établissements spécialisés. Il s’agit donc des services disponibles dans les villes et les villages.

[2] JDC Eshel. JDC : Joint Distribution Committee. Eshel : agudah lePituach sherutim leKshishim, association pour la planification et le développement des services pour les personnes âgées en Israël.

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Fortunée

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