Re-orientation, l’exposition de la coexistence

Almagul Menlibayeva
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RE-ORIENTATION

Des artistes de renommée internationale vont participer à l’exposition Re-orientation:  le biennal méditerranéen qui se déroule cette année dans la ville arabe israélienne de Sakhnin. L’événement vise à promouvoir le dialogue tout en adressant des questions telles que l’identité, le lieu, l’individualité à l’heure de la mondialisation.

L’exposition ouvre ses portes à Sakhnin aujourd’hui, 13 mai jusqu’au 13 juillet 2013. Il s’agit d’une exposition internationale d’art contemporain qui marque l’histoire comme étant le premier événement du genre à être organisé dans une ville arabe israélienne.

Connue principalement pour son équipe de football, cette ville de Galilée accueillera les œuvres de grands artistes de renommée mondiale, des israéliens, des arabes qui exposeront leurs œuvres aux côtés d’artistes locaux.

Il s’agit de la deuxième édition de cette exposition biennale visant à créer une plate-forme pour le dialogue à travers l’art. Elle suit les traces de la précédente qui s’était tenue à Haïfa en 2010.

Belu-Simion Fainaru, artiste israélien, conservateur et directeur artistique, dit espérer que l’évènement à Sakhnin, permettra de faire un pas vers le dialogue.

La ville de Sakhnin a vu le jour en 1995 et compte actuellement une population d’environ 30.000 personnes aux divers traits culturels : musulmans, chrétiens orthodoxes et catholiques y vivent côte à côte.

En raison de l’absence de lieux culturels, dans une ville toujours aux prises avec ses infrastructures urbaines et municipales, les expositions seront affichées à divers endroits dans la ville.

Les lieux, qui sont quelques peu incongrus comprennent une boucherie, des résidences privées, une mosquée, une église orthodoxe, une église catholique, l’Hôtel de Ville et le Musée du patrimoine Sakhnin (fondé et dirigé par Amin Aburaia).

Le budget de l’événement sera principalement financé par Payis Hapais, la Loterie Nationale et le Conseil Lottery pour les arts, qui finance régulièrement des activités culturelles, éducatives et sportives dans tout le pays.

Les tableaux, les sculptures et les photographies, sont des œuvres créées par une cinquantaine d’artistes venus des États-Unis, d’Éthiopie, d’Afghanistan, du Kazakhstan, de la Turquie, du Maroc, d’Algérie, de France, d’Allemagne, d’Autriche, du Danemark, de Chypre, de la Roumanie, de la Pologne, d’Italie, de la Russie, ainsi que des pays tels que l’Iran, qui n’a pas de relations diplomatiques avec Israël.

Chaque artiste met en scène un mélange de culture locale contrasté par des influences contemporaines. Un artiste de renommée mondiale tel que Kounellis Jannis de Rome, est l’une des figures les plus influentes de « l’Arte Povera » (art pauvre). Il exposera 12 chaises en bois encerclées par un tas de chaussures. C’est une oeuvre qui a été exposée dans le monde entier.

A l’affiche, il y a également l’artiste franco-marocain Mehdi-Georges Lahlou; une new-yorkaise d’origine iranienne Shirin Neshat, Daniel Bure, Marina Abramovic, Michael Tsegaye photographe éthiopien, Maïmouna Patrizia Guerresi photographe italienne, des sculpteurs, des vidéos envoûtantes avec des images d’hommes et de femmes africaines vêtues seulement de leurs mains, avec le visage et les pieds visibles qui a pour but d’éclaircir le concept du «corps mystique», et le rôle des femmes dans la société islamique.

Les œuvres du photographe et artiste Almagul Menlibayeva emmènent les spectateurs dans les steppes du Kazakhstan avec des images qui mêlent esthétique nomade et contemporaine.

Almagul Menlibayeva

Pour faciliter la visite des spectateurs à travers la ville, nous avons donné des noms aux rues. C’est une des nouveautés dans la ville car jusqu’à présent on situait les maisons uniquement par les noms de leurs occupants. Ce n’est là qu’un des petits pas vers le progrès que la ville a faite avant l’événement international qui suscite beaucoup de fierté chez les habitants locaux.

Un accueil chaleureux attendait les visiteurs de pré-ouverture du Musée de la ville. Le groupe a été personnellement accueilli par le maire de Sakhnin Mazin G’nayem, qui accueille l’événement, assis autour de la table du conseil en sirotant un café noir et bien chaud. Le groupe a écouté attentivement les aspirations passionnées de Mazin G’nayem pour sa ville.

De plus, l’enthousiasme de la ville pour l’événement a été fortement remarqué avec la photographie de son équipe de football qui fait la fierté de cette ville. Pourtant ils ont été temporairement mis de côté pour faire place à l’une des expositions de la Biennale.

Étaient également présents le Dr Gazal Abou Raya, porte-parole de l’Hôtel de Ville, et l’artiste local Mahmoud Badarni, dont les images utopiques ornent les murs du bureau du maire pour son plus grand plaisir. Monsieur le maire a souligné combien il était agréable de regarder des œuvres d’art plutôt que des croquis de l’infrastructure municipale.

C’est une occasion d’apprendre davantage sur la culture arabe 

L’auto-émancipation des femmes arabes casse leur image traditionnelle dans la société musulmane, c’est pourquoi une attention particulière leur sera accordée à la Biennale.

La broderie traditionnelle Odna et le projet de l’artisanat ont été lancés par Al-Zaahraa. L’organisation Al-Zaahraa à pour but l’auto-émancipation des femmes par l’éducation et l’emploi. Les organisateurs « Biennale » sont aussi des ateliers de formation axés sur l’art et la paix avec la participation de femmes comme des partenaires naturels dans la promotion de la compréhension mutuelle et le dialogue interculturel.

Un de ces ateliers implique la production conjointe d’une vidéo dirigée par des artistes de Berlin , Anna Anders et Maria Vedder, où les femmes sont représentées avec leurs mains dans des rôles traditionnels comme le tricot, la couture, le tressage des cheveux ou le pétrissage de la pâte, cette vidéo sera projetée sur un écran dans le cadre de l’exposition.

Fikret Atay

L’exposition est le fruit de Fainaru et Bar Shay qui ont travaillé sans relâche sur l’événement depuis deux ans, en étroite collaboration avec la mairie de Sakhnin. Fainaru, qui exposera également ses œuvres, dit qu’il croit vraiment que la tenue d’un événement international de l’art de ce genre va engendrer la coexistence et va promouvoir le dialogue par le biais de l’activité artistique.

Il ajoute que l”exposition présentera une occasion pour les Israéliens d’en apprendre davantage sur la culture arabe en observant la vie quotidienne dans la ville et en ayant un contact direct avec ses habitants. Il est convaincu que beaucoup de préjugés entre les populations arabes et israéliennes seront effacées et que de nombreux buts communs seront mis en avant.

Fainaru explique la signification du nom donné à l’événement. Il dit que « Re-orientation » est un sujet qui rattache la notion de l’Orient avec le concept de la nouvelle direction et le changement social.

«Le concept de réorientation constitue une aspiration à la recherche de nouvelles expressions et de changements qui permettront avec le temps une conversation sur le thème de « l’Est » et sur son influence de la vie quotidienne afin de susciter la création d’une culture locale originale qui puise son inspiration dans la région ».

Il ajoute également, qu’il favorise la discussion et que cela répond à des questions d’identité, de lieu, de temps, et de l’individualité dans l’ère de la culture mondiale tout en rapportant de manière critique à l’autre, l’identité personnelle originale de la culture locale.

Avec la gamme impressionnante d’artistes exposant dans cet événement à Sakhnin pour la première fois, les amateurs d’art en Israël et dans la région sont attendus vers la ville en masse. La politique de côté, plusieurs ambassadeurs étrangers en Israël ont déjà exprimé leur soutien à cette initiative en s’inscrivant à la cérémonie d’ouverture.

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