Un jeune célibataire israélien réchauffe les relations entre la France et Israël.

reuvenpic

Comment séduire une française quand on est israélien ?

-Vendredi 14 Octobre 2011, dans un café du 9 ème arrondissement de Paris.

-Assis en terrasse, en cette fin de journée, je regarde les gens passer (particulièrement certaines femmes).

D’humeur joyeuse ; affuté et toujours conscient de la nécessité de garder une certaine distance sur toute situation pour pouvoir en tirer des enseignements, une belle jeune femme brune prend place à la table d’à côté.

Bon début, dont la suite dépendra en partie de ma forme du moment.

C’est fou ce que la capacité masculine de conversation avec une femme, peut fluctuer et dépendre de facteurs aléatoires.

Aujourd’hui, je crois pouvoir aborder une femme, alors qu’hier, j’étais très chiant. Je m’ennuyais moi-même, alors les autres…

De par son attitude (no comment) totalement imperméable à ma présence, la jeune personne en talons me semble française, voire parisienne ce qui n’est pas forcément surprenant puisque la scène se déroule à Paris.

Ce genre de situation peut sembler perdue d’avance à un non initié des fondamentaux de la névrose féminine urbaine, et mieux vaut ne pas chercher un prétexte bidon pour aborder la demoiselle ; oublions les grands classiques comme « bonjour mademoiselle, auriez-vous l’heure s’il vous plait ? ».

Sur ce sujet, je tiens à dire que, quand je vois un camarade XY avoir le courage ou l’inconscience de prendre de tels risques, les larmes me montent. Demander à une femme l’heure qu’il est pour l’aborder, c’est comme foncer dans un mur en voiture et klaxonner. J’ai trouvé cet exemple de cruauté sur internet : « -LUI : Ce siège est libre ? -ELLE : – Oui, et le mien aussi sera libre, si vous vous asseyez là ! ».

Le râteau est un concept universel qui dépasse tous les clivages superficiels comme la nationalité, la religion ou la classe sociale.

Sommes-nous tous égaux devant le râteau ? Certes non, pour quelques nantis la chance passe plus souvent mais le râteau fait toujours mal et certains plus que d’autres.

Parfois, je me demande combien de milliers de chinois ont pris un râteau aujourd’hui, et sont rentrés chez eux le moral en berne. J’ai beaucoup d’affection pour eux et je pense que vouloir les venger est un acte misérable mais qui a le mérite de tous nous rassembler, (enfin 50 % de l’humanité).

Face à nous, se dresse l’autre superpuissance de ce monde bipolaire, le bloc XX et dans ce classico perpétuel et planétaire, il arrive que des débordements se produisent comme dans un bon Hapoël Tel-Aviv-Beitar Jérusalem, (OM-PSG) pour un français

Aujourd’hui, je vais me battre pour tous mes camarades XY, en mémoire des combats fraternels menés depuis des siècles, en mémoire de nos glorieux ancêtres, victimes de râteaux mémorables.

Se battre, certes mais ne pas le montrer, viser l’amitié et voir se qui se passe.

Moi, en souriant : « Mademoiselle, je vous regarde depuis tout à l’heure et je me dis que vous avez un vrai style, une belle élégance».

Elle, en souriant : « Merci du compliment c’est gentil».

Je suis plutôt fier de ma première phrase. En 22 mots, elle se dit que je suis franc et souriant, et qu’elle, est élégante et unique parmi les femmes.

L’air de rien, j’ai partiellement déminé le champ de la séduction, mais je vais devoir être habile pour éviter la Katioucha qui va nécessairement me tomber sur la tête. En même temps, j’ai l’habitude, je viens de Sdérot.

La roquette fonce sur moi, beaucoup plus vite que prévu.

Elle : « D’où vient votre accent ? ».

Moi, du tac au tac :- « d’Israël »- en la fixant dans les yeux pour connaître son opinion sur ma nationalité.

Tout Israélien évoluant à l’étranger, ne quitte pas des yeux la personne qui vient de lui poser la question au moment où il donne le nom de sa nationalité. Cet examen qui ressemble à un détecteur de mensonges permet de sentir la gêne, l’embarras, l’admiration ou encore mieux, l’indifférence. Dans ce cas précis, ce n’est pas d’indifférence qu’il s’agit, mais d’un jugement négatif suivi immédiatement d’une gêne et d’un rougissement. Partant du principe que quelqu’un qui rougit n’est pas foncièrement mauvais, je décide de poursuivre la conversation. Tout de suite après avoir donné mon prénom, Reuven (prononcer Réouvèn), et expliqué que je suis bilingue en français parce que ma mère a quitté Paris pour Israël à l’âge de 25 ans, j’en viens à lui faire savoir que je fais des études en France après trois ans d’armée.

Etant donné que ce sujet suscite traditionnellement un mélange de mystère et de passion chez tout interlocuteur, il convient de marquer une pause pour sonder la profondeur de la gêne.

Après vérification, la jeune femme, Olympia -prénom rare pour une française mais significatif d’une tendance à la recherche d’originalité par des signes extérieurs tels que le prénom- reprend ses aises, ses joues blanchissent et sa voix se fait douce. Ces signaux n’augurent que du bon pour un jeune homme célibataire. Il est temps de montrer de la galanterie en s’intéressant à elle et seulement à elle ; inutile de lui offrir quoi que ce soit, les filles actuelles ne s’aiment pas assez pour être flattées par ce genre d’attentions contreproductives.

Pressentant une certaine gêne du fait de son prénom original, il me semble nécessaire de lui faire savoir sans mièvrerie que je connais ce prénom. Olympia est un prénom classique d’origine grecque, tellement classique que tout le monde l’a oublié et blablabla… Ayant renoncé au suicide, je décide de ne pas lui parler de la marque de chaussettes qui porte son prénom, ni du tableau de Manet qui représente une pute dans un harem.

En me centrant sur elle de la sorte, je parviens à m’extraire de ses derniers préjugés à mon égard. La conséquence directe est que je me retrouve noyé sous un flot d’informations la concernant. Pas désagréable mais long, de son enfance à Paris au divorce de ses parents, de son goût immodéré pour les cultures du monde et de sa passion récente pour le tango et la danse orientale.

A l’évocation de la danse orientale, une certaine déception m’envahit. Je ne parviens pas à comprendre comment une jeune femme manifestement issue d’une culture raffinée peut s’intéresser à la danse orientale. Rien n’y fait, impossible de l’imaginer en train de faire du « hula hoop » avec son petit cul. L’image m’agresse et me déçoit.

Il me faut vite penser à quelque chose de positif ; devant cette impasse, je sors mon unique joker. Attention les oreilles, jouez violons, sortez les mouchoirs, silence, pause, hazak, et d’un ton entendu : « Je suis vraiment très heureux de pouvoir prendre un café à Paris, quand je pense qu’il y a quelques années, je faisais la guerre – et aujourd’hui je suis là, j’ai la vie devant moi ».

Elle : « Quoi, tu as fait la guerre ? »,

Moi : « Oui j’ai fait la guerre en 2006, dans les parachutistes, j’ai donné 3 ans de ma vie à la défense de mon pays mais je n’aime pas la guerre, j’ai fait mon devoir, c’est tout. »

L’hostilité se mélange à la fascination et j’ai l’impression de pouvoir lire dans ses pensées : « Il a fait la guerre, c’est mal, est-ce qu’il a tué des gens, j’ose pas le lui demander, mais ce qui est bien c’est qu’il n’aime pas ça, il a été obligé de le faire, donc ça c’est positif et puis il est courageux quand même ».

Quand une femme commence à se poser ce genre de questions, un homme a tout intérêt à lui donner une information qui mette rapidement fin à son hésitation : « Ma passion a toujours été le piano, j’en joue depuis l’âge de 7 ans, aujourd’hui, j’étudie les sciences politiques mais je joue du piano tous les jours».

Elle : « Tous les jours ? ».

Moi : « Oui, quelques minutes tous les jours ».

Au grand sourire d’Olympia, j’ai compris que son questionnement avait trouvé une réponse définitive et apaisante. Toutes ces informations étaient vraies mais une certaine psychologie s’imposait pour dresser un tableau recevable de moi-même. (Suite au prochain épisode)

Reuven.K

Tout extrait de ce texte doit porter la mention coolisrael.fr

 

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